de 15h à 18h, à l’IEP de Lyon, en salle 319 (bâtiment pédagogique)
de 15h à 18h à l’IEP de Lyon, en salle du conseil (bâtiment administratif)
Le projet scientifique consiste en un cycle de séminaires sur deux ans (sept 2012, sept 2014) rassemblant des auteurs issus de différentes disciplines de sciences sociales et ayant travaillé la question de la dépolitisation dans leurs travaux.
Le projet est une initiative associant des membres du Ceraps (UMR CNRS 8026, Université Lille II, Sciences Po Lille) (F. Desage, R. Parizet, M. Schotté) et de Triangle (C. Robert) : il a obtenu un financement de la Maison européenne des Sciences de l’Homme (Lille), ainsi qu’un soutien du Ceraps pour l’année 2012 qui ont permis d’organiser les trois premières séances du séminaire. A partir de janvier 2013, le séminaire associe également des membres du département de science politique de l’Université de Montréal (au sein duquel F. Desage est titulaire de la chaire d’études de la France contemporaine) : les séances se tiendront en visioconférence avec l’équipe montréalaise. Deux à trois séances seraient organisées en 2014 à Lille et/ou Montréal afin de finaliser et de présenter le projet éditorial.
Le séminaire portera sur la « dépolitisation », question qui s’inscrit notamment dans la thématique de recherche prioritaire de Sciences Po Lyon : « Savoirs et discours dans et pour l’action », notamment en ce qu’elle explore des questions telles que celle des usages des savoirs aux fins de technicisation et confinement des débats publics, ou celle du rôle des logiques argumentatives dans les processus de dépolitisation/(re)politisation. Il intègre une dimension pluridisciplinaire.
La notion de « dépolitisation », si elle est très couramment utilisée, tant dans les espaces profanes qu’académiques, semble faire l’objet d’usages peu stabilisés et désigne des processus multiples, voire contradictoires. Un des buts du séminaire consistera à recenser et analyser les différents processus auxquels renvoie cette notion (désidéologisation ; départisanisation ; technicisation et/ou accaparement par des professionnels d’un enjeu ; confinement des décisions dans des arènes non publiques ; déconflictualisation des questions collectives ; évitement ou déni du débat et de la montée en généralité ; indifférence pour les enjeux a priori constitués comme politiques ; etc.).
Dans cette perspective et afin de confronter des réflexions développées d’ordinaire de façon isolée, le séminaire rassemble des chercheurs relevant de différents champs disciplinaires (anthropologie, histoire, sciences de l’Information et de la Communication, science politique, sociologie). Tous ces chercheurs ont en commun d’avoir produit des analyses en termes de « dépolitisation » à partir de terrains de recherche très variés (la corruption en Afrique ; le « pilotage » de l’action humanitaire ; la mémoire de la première guerre mondiale en France et en Allemagne ; le lobbying et l’expertise à la commission européenne ; les fédérations sportives internationales ; le développement des structures intercommunales ; le rôle des hauts fonctionnaires dans les administrations ministérielles ; les reconfigurations de l’autochtonie au Mexique à travers le « développement » ; les évolutions du rôle des maires des petites communes ; la technicisation des enjeux sociétaux par les élites économiques ; la question environnementale saisie par les médias ; l’étude des rapports ordinaires au politique ; les politiques du logement, etc.).
En réunissant des chercheurs travaillant sur des contextes sociaux d’énonciation et de réception de la « dépolitisation » différents, et en mobilisant des grilles et méthodes d’analyse variées (sociologie des groupes professionnels ; ethnographie des mobilisations ; relations internationales ; analyse des politiques publiques ; histoire des institutions ; genèse et réception des discours), ce projet vise notamment à interroger les figures qui sont d’ordinaire associées au politique (le « général », le noble, le choix, le public, le débattu, mais également l’intéressé, le conflictuel) et au non-politique (le « local », le contraint, le technique, le subsidiaire ou le dominé, mais aussi le consensuel, le pacifié, etc.).
Outre la dissociation des différentes réalités (scientifiques et profanes) auxquelles se rapporte la notion de « dépolitisation », il s’agit aussi de questionner l’existence de frontières (et de garde-frontières) entre le politique et le non-politique et de penser leurs relations en termes de dynamiques. La « politisation » et la « dépolitisation » apparaissent alors comme le résultat du travail simultané et concurrentiel de groupes d’acteurs, les uns ayant intérêt à inscrire une question dans les registres et dans les formes du politique, les autres à empêcher ce processus ou à lui attribuer des qualités distinctes.
Le projet consiste enfin à interroger l’opposition entre « politisation » et « dépolitisation », postulant que la seconde n’est pas (que) le contraire de la première. Dans cette perspective, il s’agira notamment de ne pas prendre a priori les processus que recouvrent ces deux termes pour des antonymes, et de dépasser l’idée de la politisation comme continuum – qui irait du dépolitisé au politisé – et où l’acteur politique ou le chercheur seraient réduits à déterminer un degré de « politisation » ou de « dépolitisation » à la manière du placement d’un curseur.
Trois premières séances se sont tenues au Ceraps à Lille :