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Post-Western Sociology in Europe and in China - International Advanced Laboratory (IAL)

Responsable(s) scientifique(s) :  Laurence Roulleau-Berger  -  Li Peilin  - 

Présentation

L’IAL (International Advanced Laboratory) ENS Lyon / Académie des Sciences Sociales de Chine, créé pour 4 ans (2021-2024), prolonge le programme du LIA (Laboratoire International Associé) CNRS/ENS Lyon-CASS, avec les mêmes partenaires européens et chinois.

Chercheurs européens et chinois engagés dans la co-production d’une sociologie post-occidentale restent fortement mobilisés pour développer de nouveaux programmes de recherche dans le cadre de coopérations entre chercheurs européens, chinois, japonais, coréens…

Le LIA avait fait l’objet de deux présentations dans le Journal du CNRS en Chine :

Structuration

L’IAL est dirigé par Laurence Roulleau-Berger, sociologue, directrice de recherche émérite au CNRS,Triangle, ENS de Lyon et Li Peilin, Professeur, Institut de Sociologie, Vice-Président de l’Académie des Sciences Sociales de Chine (CASS), Pékin.

Du côté chinois ont été nommés trois coordinateurs :

  • He Rong, Professeur à l’Institut de sociologie de la CASS
  • Liu Neng, Professeur et vice-directeur du département de sociologie de l’Université de Pékin
  • Li Yuzhao, Professeur et vice-directeur du département de science politique et de sociologie de l’université de Shanghai.

Du côté français ont été nommés à Triangle deux coordinateurs-adjoints :

  • Li Yong, nommé en novembre 2018
  • Marie Bellot, nommée en mai 2019

Les membres de l’IAL forment un ensemble de plus de 80 professeurs d’Université, directeurs de recherche et chargés de recherche au CNRS, maîtres de conférences, post-doctorants et doctorants.

  • En Europe ils sont membres des UMR CNRS Triangle, Centre Max Weber.
  • En Chine ils sont membres de l’Institut de sociologie de la CASS, du département de sociologie de l’Université de Pékin, du département de science politique et de sociologie de l’ Université de Shanghai, de la School of Social and Behavioral Sciences de l’Université de Nankin.

Dix thèses ont été soutenues dans le cadre de l’IAL :

  • Bahuaud Rozenn, Imaginaires coloniaux, mépris et migration : femmes japonaises et Coréennes entre adaptation, contraintes et résignation, Université Lumière - Lyon 2, 2016.

  • Bellot Marie, Faire entendre les voix en Chine : jeunesse qualifiée, autoritarisme négocié et civisme ordinaire, Université Lumière - Lyon 2, 2019.
  • Giraudo Grégory, Travail et racisme : carrières d’intérimaires d’origine maghrébine et africaine et épreuves de la discrimination, Université Lumière - Lyon 2, 2014.
  • Guèye Cina, Activités invisibles et compétitions dans la ville africaine contemporaine : migration chinoise et reconfiguration économique à Dakar, Université Lumière - Lyon 2, 2016.

  • Liu Ziqin, Les jeunes diplômés chinois à l’épreuve de la précarité. Mobilités, accès à l’emploi et rapport au travail. Le cas des jeunes migrants qualifiés dans les villages-urbains à Pékin., ENS de Lyon, 2014.
  • Richardier Verena, Le souci d’autrui en miettes – Capitalisme émotionnel et division du travail humanitaire depuis Lyon, Pékin et Bamako, ENS de Lyon, 2019.
  • Su Liang, Mobility and deskilling low-educated transnational migrants’ decision- making, trajectory and consequences in multiple migration, Shangai University, 2019.

  • Tassin Jean, Revenir à la terre : une sociologie des espaces marchands de l’agroécologie en Chine, ENS de Lyon ; East China normal university (Shanghai), 2022.

  • Truong Oscar, De la production d'un Archipel Transcritique en Asie de l'Est. Aspirations contestataires, identités résistantes et micro-mobilisations collectives., ENS de Lyon, 2023.

  • Zani Beatrice, Mobilities, translocal economies and emotional modernity from the factory to digital platforms between China and Taïwan, Université Lumière - Lyon 2, 2019.

L’IAL a également accueilli des post-doctorant.es  :

  • Marie Bellot
  • Li Yong
  • Béatrice Zani

Plusieurs professeurs ont été invités au sein de la structure :

  • Liu Neng, professeur, directeur-adjoint du département de sociologie et d’anthropologie de l’Université de Pékin, a été invité à l’ENS en mars 2014.
  • Qu Jingdong, professeur à l’Université de Pékin, département de sociologie et d’anthropologie, a été invité à l’ENS en février 2018.
  • Shujiro Yasawa, professeur à l’Université de Seijo a été invité à l’ENS en 2017.
  • Daishiro Nomiya, professeur invité de l’ENS de Lyon et Triangle (IAL) , du 6 au 22 mars 2023

L’IAL est structuré en 5 axes de recherche :

Axe 1. Théorie sociologique : vers des sciences sociales non-hégémoniques

Responsables : Li Peilin, PR et Vice-Président de la CASS - L. Roulleau-Berger, DR CNRS, Triangle - Xie Lizhong, PR , Université de Pékin.

Membres : Fan Ke, He Rong, Liu Neng, Liu Yuzhao Chen Boqing, Stéphane Dufoix, Sun Feiyu, Michel Kokoreff, Liu Neng, Danilo Martuccelli, Michel Lallement, Qu Jingdong, Zhou Feizhou, Razmig Keucheyan, Liu Shiding

À partir de la production de nouvelles épistémologies des pays du Sud dans les « Occidents » et des orientalisations d’ « Orients occidentalisés », nous placerons l’accent sur l’idée de la démultiplication, de la complexification et de la hiérarchisation des nouvelles autonomies épistémiques vis-à-vis des hégémonies occidentales en sociologie et des nouveaux assemblages épistémiques entre sociologies européennes et sociologies asiatiques. En effet, les autonomies épistémiques deviennent plurielles et se diversifient voire, se hiérarchisent, sans que cette dynamique de recomposition des géographies de la connaissance en sciences sociales soit réellement perçue du côté des mondes occidentaux. La question des hégémonies occidentales continue de se poser à travers le processus de reconnaissance, de visibilité et de légitimité de cette pluralité d’autonomies épistémiques. Dans ce travail épistémologique de refondation de sociologies non-hégémoniques sont très fortement engagés des sociologues coréens et japonais qui dialoguent en continu avec les sociologues chinois dans des forums régionaux en Asie orientale.

Inventer une sociologie post-occidentale apparaît comme une proposition de transformation d’une hiérarchie scientifique mondiale construite sur la base de normativités scientifiques élaborées à partir des hégémonies occidentales. Le programme scientifique est divisé en trois phases :

  1. analyser la diversité des trajectoires académiques et des controverses des sociologies en Europe et en Asie
  2. analyser les paradigmes sociologiques et les théories méthodologiques
  3. réaliser une sociologie multi-située et produire des regards croisés sur les pratiques sociologiques en Europe et en Asie.

Le pôle de Théorie sociologique sera repensé avec la participation de sociologues européens, chinois, coréens, japonais.

Axe 2. Villes internationales et économies multipolaires

Responsables : Wen Jun, PR ECNU (Shanghai) - Agnès Deboulet, PR Université Paris 8 - Zhe Wei-Jue, PR Tongji Université (Shanghai) - Laurence Roulleau-Berger, DR CNRS

Membres : Marie Bellot, Li Yong, Liu Shiding, Liu Yuzhao, Loïs Bastide, Grégory Giraudo, Chen Chen, Su Liang, Zhao Yeqin.

Les villes internationales apparaissent comme des lieux privilégiés des mondialisations économiques, discrètes et moins discrètes qui signifie la mondialisation de la division du travail, la réorganisation spatiale de la production, les restructurations industrielles planétaires, l’informalisation du travail.... On assiste à une réorientation des mouvements migratoires, notamment entre Chine, Méditerranée et Afrique, et à une démultiplication des circulations migratoires qui participent activement au déplacement et à la redéfinition des frontières de nouveaux territoires productifs. Des réseaux économiques transnationaux entre les villes viennent concurrencer, voire recouvrir plus ou moins les économies locales et nationales. Les mobilités, circulations et migrations, dans leur complexité et leur diversité donnent à voir des processus hiérarchisés de mondialisation « par le haut » et « par le bas »,interrogent les agencements et disjonctions entre des ordres économiques, moraux, culturels et sociaux dans les villes internationales mais aussi des villes « mineures » entre Chine, Méditerranée et Afrique. Les circulations migratoires rendent compte d’un processus de construction d’une stratification sociale globalisée où apparaissent une nouvelle upper-class et une underclass internationale ainsi qu’un nouveau continuum de stratifications dans différents types d’espaces, encore difficiles à nommer. Les mondialisations économiques discrètes et moins discrètes se construisent notamment dans les places marchandes, les espaces transnationaux et les économies de bazar -au sens de Clifford Geertz- globalisées, espaces qui se hiérarchisent entre eux dans des villes globales et des villes « mineures »pour produire des mondialisations horizontales. Nous développerons des programmes de recherche sur 3 sous-axes :

  • Places marchandes, commerce et entrepreunariat multi-ethnique
  • Interstices économiques, réseaux locaux et mondialisations horizontales
  • Mondes musulmans et cosmopolitismes économiques

Projet lié à cet axe : Programme Structurant UDL Shanghai : Circulations migratoires, économies multipolaires, et mondialisations stratifiées depuis Yiwu (2020-2022)

Axe 3. Ethnicité, Espace et Religion

Responsables : Samadia Sadouni, MC Science Po Lyon - He Rong, PR CASS- Fan Ke, PR Université de Nankin

Membres : Ahmed Boubeker, Nacira Guénif, Abdelalli Hajjat, Fan Ke, Yan Jun, Bai Li, Raphaël Louvet, Zheng Shaoxiong

Penser l’ethnicité suppose de prendre en compte les contextes sociétaux et historiques - colonialismes, nationalismes - qui ont produit des classifications, des frontières morales et sociales fixes. Dans les sociologies européenne et chinoise les catégorisations et classifications ethniques sont déconstruites dans une approche constructiviste, les frontières ethniques sont pensées à partir des relations inter-ethniques au sens de Frédéric Barth, et la question des religions mondialisées et des espaces transnationaux est devenue un enjeu scientifique majeur. Nous réfléchirons aux grandes tendances de la religiosité contemporaine en Chine et en Europe, notamment la pluralité des Islams et des bouddhismes en réinterrogeant le paradigme de la sécularisation et en introduisant l’individuation et la subjectivation du croire. La gestion par l’État du pluralisme religieux en Europe et en Chine sera interrogée pour comprendre les différentes trajectoires de mobilisation religieuse dans la société, dans le passé ou aujourd’hui. L’islam est devenu un important référent d’identification et d’appartenance pour les jeunes descendants de l’immigration postcoloniale en Europe de l’Ouest. Si, dans la sociologie française, ont été traitées les questions de l’islamophobie et celle de l’Islam comme vecteur de participation civique et politique, il a été démontré et que les communautés musulmanes sont traversées par des courants théologiques et sociaux pluriels. La recherche académique en Chine sur l’Islam s’est structurée autour de deux tendances :

  • l’Islam et politique internationale contemporaine : extension de l’Islam en Asie du Sud-Est, conflits dans le monde islamique ...
  • l’Islam et la société chinoise : urbanisation et migration des musulmans, relations entre islam et culture traditionnelle chinoise, développement culturel de l’islam en Chine ...

En Chine, si le bouddhisme tibétain et les religions exercent une grande influence, les stratégies développées par les élites bouddhistes tibétaines dans leur rapport à l’État chinois à partir des interactions et de la coexistence entre différentes tendances sino-tibétaines seront étudiées en termes de gouvernance sociale et d’autonomie relative.
Enfin seront analysés le processus de construction des transnationalismes et des translocalités religieuses, leur transformation par des processus d’inclusion et d’exclusion marqués par des frontières morales, sociales, politiques.

Axe 4. Risques écologiques et santé globale

Responsables : Frédéric Le Marcis, PR ENS Lyon, Wang Xiaoyi, PR CAS, Loïs Bastide, MC University of French Polynesia, Wang Jing, MC CASS

Membres : Jérôme Michalon, Jean Tassin, Paula Vasquez, Li Yong, Laurence Roulleau-Berger, Béatrice Zani, Jiang Pei, Zhang Qian, Koichi Hasegawa, Shujiro Yasawa Zhang Hao, Zhang Jieying

Dans un contexte global de risques écologiques la sociologie de l’environnement est aujourd’hui très développée en Europe et en Chine. La santé, l’alimentation, les inondations, la sécheresse, les catastrophes environnementales et écologiques telles que le changement climatique et la pollution sont de plus en plus importants. De nouveaux risques environnementaux, les catastrophes naturelles engendrent des situations d’incertitude, de nouvelles inégalités, de nouvelles solidarités et de nouveaux espaces publics en Europe et en Asie. En Europe comme en Asie -en contexte de compressed modernities au sens de Chang Kyung Sup- les écologies recouvrent des représentations multiples et variées de l’interface nature-culture urbaine, écologies qui produisent des inégalités et injustices environnementales, des régimes d’action et des compétences citoyennes, ainsi que les mobilisations collectives. Nous développerons des programmes de recherche pour penser la complexité des arènes institutionnelles, constituées par la participation de plusieurs acteurs locaux et internationaux qui luttent pour développer des modèles de gouvernance tout en faisant face à des situations d’extrême incertitude. Nous analyserons la manière dont les actions collectives et les économies morales produisent de nouvelles formes de citoyenneté dans les espaces publics locaux et mondiaux, l’enjeu majeur étant de penser le processus de recréation des sociétés.

Par ailleurs la question des zoonoses et des émergences (Kelly, Keck, Lynteris 2019) est au cœur de ce qui constitue aujourd’hui le Global Health (Biehl 2016). Dans ce domaine, dans une logique à la fois humanitaire (prendre soin de l’humanité souffrante) et sécuritaire (stopper la diffusion des épidémies à l’échelle mondiale) des dispositifs de recherche (essais vaccinaux) et des interventions (Ebola, Zika) sont mis en place à l’échelle mondiale par différents acteurs (USA, Chine, Russie, France, UK). Ces interventions se nourrissent d’un double fantasme à la fois eschatologique (l’avènement d’une épidémie mondiale à venir) et technologique (la confiance en la capacité des technologies à répondre à ce risque). Observer et analyser de manière comparative le déploiement des dispositifs de connaissance et d’action dans le domaine des épidémies constitue une entrée empirique heuristique. S’y rencontrent différentes ontologies, différentes catégories tel que les notions d’environnement, de risque, de nature, d’humains et non-humains. Par exemple la recherche vaccinale contre Ebola menée en Guinée, Sierra Leone et au Liberia par les USA, la Chine, la Russie, la France et la Grande Bretagne constitue un objet emblématique où interroger ces logiques.

Axe 5. Capitalisme esthétique et cosmopolitismes culturels

Responsables : Vincenzo Cicchelli, MC, HDR en sociologie, Université de Paris, Centre Population et Développement- Sylvie Octobre, CR Département des études, de la prospective et des statistiques (Ministère de la Culture) - Oscar Truong, Doctorant ENS Lyon, Triangle- Yan Jun, MC Département de science politique et de sociologie, Université de Shanghai.

En s’appuyant sur les travaux sur le cosmopolitisme et les global studies, les recherches sur la jeunesse et sur la culture, cet axe de recherche veut éclairer le processus de production de la pop culture est-asiatique et sa diffusion dans le monde occidental. Notre objectif est d’approcher la contribution de la "consommation de la différence" (Schroeder, 2015) - c’est-à-dire à la consommation des produits des industries culturelles globales - à la formation du Soi à travers la nouvelle figure de l’« amateur cosmopolite » (Cicchelli et Octobre, 2018) en Europe et en Asie orientale. Perçue par les amateurs français comme une globalisation culturelle alternative, véritable défi à la grande industrie culturelle occidentale, notamment américaine, la pop culture est-asiatique constitue un matériau de choix pour comprendre : a) les apprentissages cosmopolites liés à la consommation de biens culturels ; b) les usages de ces ressources par les jeunes pour construire leurs trajectoires biographiques.

Une approche cherche ainsi à comprendre les modes de mobilisation des produits culturels est-asiatiques à travers les actions conjointes de l’infrastructure industrielle de production et de distribution -i.e. le capitalisme esthétique- des politiques de promotion internationale, des technologies de diffusion globale et de la consommation transnationale. En Asie orientale – en Chine, au Japon, en Corée-, nous aborderons les formes d’appropriation d’une culture-monde « majoritaire » par des acteurs culturels à travers un processus de réception/réflexion/création et la production de cultures transnationales « minoritaires ». Cette affirmation de jeunes amateurs comme acteurs cosmopolites individuels et collectifs nous éclairera sur leur constitution en tant que relais dans la constitution de réseaux transnationaux par le haut et par le bas. Dans une pluralité d’espaces intermédiaires (Roulleau-Berger, 1991, 2011) constitutive d’un Archipel transcritique en Asie orientale, nous verrons comment ces cultures « minoritaires » sont diffusées, échangées et partagées et participent à l’élaboration de cosmopolitismes culturels locaux.

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