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Séminaire de l’IAL (International Advanced Laboratory, ENS Lyon/ Académie des Sciences Sociales de Chine : Post-Western Sociology in Europe and in China) : Espace et mobilités : entre le « local » et le « global »

26 mars 2021, à l’ENS de Lyon- Site Descartes, salle D4.024 (en présentiel-distanciel). Contact : laurence.roulleau-berger@ens-lyon.fr

Programme

  • 9h30-10h00 : Introduction par Laurence Roulleau-Berger, Directrice de recherche au CNRS, Directrice française de l’IAL, Triangle : Penser le rapport espace et mobilités dans la sociologie post-occidentale
  • 10h00-10h30 : Béatrice Zani, postdoctorante University of Tübingen : Orange bras, petit capitalism and e-entrepreneurs. On the backroads of globalisation between China and Taiwan.
    Drawing on Chinese women’s migratory and professional biographies and the commercial geographies of the objects they trade between China and Taiwan, this paper challenges the longlasting dichotomy between “bottom-up” and “top-down” globalisation. This empirical case study shows how our global economic system is simultaneously forged by multinational supply-chain capitalism and migrants’ digitalised petit capitalistic practices. Chinese migrant workers firstly manufacture goods whilst working for multinational companies in China, then, after marriage-migration, they commercialise the products in Taiwan via digital platforms. Through a multi-sited and virtual ethnography of Chinese women’s physical and digital business, this paper claims that, in the digital age of migration, entrepreneurship is produced by a multiplicity of actors : factory managers, delivery companies, migrants’ networks, smugglers and suitcase carriers cooperate online and offline at the crossroads of global distribution and hidden, digitalised roads. It contributes to the theoretical debate about transnational entrepreneurship and globalisation, elucidating how capitalism and globalisation can take multiple shapes.
  • 10h30-11h00 : Yong Li, postdoctorant Triangle : Le paradoxe de la mobilité. Les évaluations subjectives des trajectoires postuniversitaires des diplômés chinois en France
    Comment mesurer la mobilité sociale lorsque le changement de position sociale s’effectue dans le cadre de la migration ? Parler de mobilité ascendante ou descendante impliquer de considérer à la fois les différentes positions sociales que les migrants peuvent occuper dans leur pays d’origine et leur pays d’accueil, et leurs stratégies subjectives de positionnement vis-à-vis d’autrui. Dans cet article, à partir d’une étude sur les évaluations subjectives des diplômés chinois à propos de leurs trajectoires postuniversitaires, nous nous efforcerons de construire une approche de la mobilité subjective qui prenne en compte le groupe de référence et qui soit sensible à la temporalité de migration. Nous montrerons la nécessité de penser l’espace de migration comme un espace social transnational caractérisé par une multiplicité et hétérogénéité de temps. Ainsi les jeunes Chinois que nous étudions expérimentent une désynchronisation croissante entre leur rythme des biographies et le rythme de la vie sociale dans leur pays d’origine. Cette situation peut façonner à la fois les trajectoires objectives des migrants et leurs évaluations subjectives de la mobilité, entraînant un sentiment paradoxal d’immobilité dans la mobilité.
  • 11h00 : Pause
  • 11h15 -12h30 : Première synthèse collective
  • 12h30 - 14h00 : Déjeuner
  • 14h00-14h30 : Jean Tassin, doctorant Triangle : Le retour à la terre des jeunes diplômé·es : une circulation entre espaces urbains et espaces ruraux à la rencontre des réseaux transnationaux de l’écologie et de l’espace social local
    Les jeunes diplômé·es de l’agroécologie paysanne circulent entre des espaces urbains (de distribution des aliments, mais aussi de réflexion, d’organisation) et des espaces ruraux de collecte, de production, de transformation des aliments. Des ressources différenciées sont mobilisées dans les espaces urbains et ruraux, qui renvoient aussi à une hiérarchie entre les espaces. Le travail de diffusion et de distribution en ville est associé à un travail intellectuel valorisé, qui comprend de l’organisation, de la communication, de la gestion des produits et des personnels, du graphisme. Il mobilise les diplômes, le CV, les compétences oratoires, les expériences nationales, les grammaires internationales de l’écologie. Ce travail apporte une reconnaissance large, dans les espaces physiques et sur les réseaux sociaux en ligne, qui confère aux jeunes diplômé·es un statut d’entrepreneur·ses "globales". En revanche, le travail de production est parfois réduit à une activité physique où le savoir-faire constitue l’unique ressource valorisée quand les sociabilités locales, la capacité de mobilisation des réseaux d’entraide - le capital d’autochtonie en général -, les horaires et la durée du travail agricole, les connaissances agricoles ou mécaniques demeurent autant de valeurs secondaires. Elles sont au mieux idéalisées dans une vision romantique du retour à la terre, mais plus souvent dépréciées et confiée à un personnel employé interchangeable. Les entrepreneur·ses circulent entre l’espace social global et digital des "espaces écologiques" urbains et l’espace social localisé des espaces de production ruraux. Leur carrière migratoire de "retourné·es" les amène à jouer avec les frontières de ces espaces en même temps qu’iels endossent des rôles de vendeur·ses, entrepreneur·ses de la consommation engagée devant un public de citadin·es de classe moyenne ou aisée ou des rôles d’acheteur·ses de confiance devant les publics de producteur·rices ancrés dans les cercles de parenté élargis. La mobilisation des différentes compétences au cours des mobilités circulaires villes-campagnes participe ainsi à renforcer l’exploitation de certains ou au contraire à recréer des espaces de reconnaissance et de confiance.
  • 14h30- 15h00 : Verena Richardier, post-doctante en sociologie, Triangle : Racialisation spatiale dans l’humanitaire : les expatriés africains au Sahel
    Cette présentation vise à comprendre un processus de racialisation par l’espace physique, entre global et local, local et régional, et par l’accès aux espaces professionnels. Différents types de carrières humanitaires de travailleurs africains s’articulent autour d’une hiérarchisation mouvante des espaces, dépendante des moments de carrières, mais aussi de vestiges postcoloniaux qui sont tour à tour déconstruits, renforcés ou reconfigurés. L’espace étudié est relationnel, il rend compte du rapport entre des lieux et la place professionnelle dans la chaîne des acteurs de l’aide humanitaire.
  • 15h00-15h30 : Oscar Truong, doctorant Triangle : De la production d’un espace mental transcritique en Asie de l’est.
    L’archipel transcritique réunissant des espaces jeunes et artistiques en Asie de l’est (Chine, Corée, Japon, Taiwan) constitue un réseau physique qui s’accompagne d’un espace mental transnational. La constitution de ce réseau d’espaces artistiques en Asie de l’est s’articule autour de la circulation et de la production de communs transnationaux comme ciments de cet archipel transcritique est-asiatique. Nous verrons comment cet espace mental nait d’un partage de dispositions à la critique à l’encontre des effets d’un paradigme global producteur d’autoritarismes étatiques et de capitalismes néolibéraux situés dans des contextes nationaux. A travers un partage de ressources, une consommation culturelle homogène, un échange de façons d’être et de faire, ces jeunesses produisent les référents d’un espace mental transcritique porteurs d’aspirations, d’imaginaires et d’identités critiques collectives. L’espace mental fournit autant un sentiment d’appartenance qu’une grammaire transnationale d’actions, de réflexions et d’imaginaires permettant de faire circuler des normes critiques et minoritaires entre ces pays d’Asie de l’est.
  • 15h30-16h30 : Seconde synthèse collective
  • Conclusion générale

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