logo de Triangle

Politique : Histoire, Discours, Problèmes

Responsable(s) scientifique(s) :  Stéphanie Lanfranchi  -  Arnaud Milanese  - 

Présentation

Les travaux des membres du pôle sont tous concernés par l’idée que le champ politique, au sens large (les pratiques gouvernementales et les sociétés dans lesquelles elles s’insèrent), est toujours visé comme problème, par ses acteurs et/ou pour les chercheurs qui en étudient les actes et productions. Les discours et les pratiques constituent ainsi une manière de mettre en problème la politique, qui appelle une contextualisation historique et une réinscription dans l’histoire de la pensée politique. Par discours, il faut alors comprendre toutes les façons dont se produit une pensée ou une pratique pourvues d’un sens articulé : les textes, bien sûr, y compris ceux que les chercheurs produisent, mais aussi toutes les productions artistiques, les représentations iconographiques, et par extension toute forme d’action dotée d’une signification qu’elle exprime et qui la porte. C’est pourquoi aussi nombre de nos travaux prennent la politique non seulement pour un objet de mise en problème et de discours, mais aussi pour un lieu dont émanent des mises en problème et des discours, que l’on considère dans leur contexte historique.

Angles d’approche

  • Philologie et histoire de la pensée politique : Cet angle exprime le souci de réinscrire les idées, les termes et les textes de la pensée politique dans l’histoire, sans projeter de distinctions disciplinaires (par exemple, ne pas réduire la pensée politique à la philosophie ou à la science politique) ou axiologiques (par exemple, ne pas distinguer a priori usages savants et usages populaires d’un terme, ou encore usage théorique et instrumentalisation pratique d’un terme ou d’une thèse).
  • Critiques sociales et politiques : avec cet angle une grande attention est portée aux interactions où s’insèrent les discours socio-politiques et les innovations lexicales et conceptuelles répondant à des manières toujours particulières et circonstanciées de voir dans une situation un ‘problème’ appelant un ‘traitement’ – actions, réflexions, analyses, stratégies de conservation ou de renversement,... – et rendant ainsi possible de multiples articulations entre historiographie de la politique et critique sociale et politique.
  • Art, littérature et politique : ce nouvel angle exprime la présence, au sein du pôle, de nombreuses recherches ayant pour objet des manifestations de positions, de pensées ou de critiques socio-politiques qui ont été formulées à travers les arts – cinéma, théâtre, littérature, iconographie, etc. De la sorte, le geste d’écriture ou le geste artistique en général concernent la politique, à la fois en ceci qu’ils la prennent pour objet et qu’ils seraient en eux-mêmes, en tant que création travaillant et déplaçant les codes et usages sociaux d’une époque, politiques.

Champs de recherche

Le pôle s’articule autour de quatre champs de recherche, où convergent des travaux du pôle, mais aussi de chantiers transversaux. Plusieurs de ces projets déjà en cours sont destinés à être poursuivis ; d’autres reflètent des thématiques émergentes. Beaucoup sont menés en lien avec d’autres laboratoires, notamment à travers le LabEx COMOD, et se nourrissent de collaborations internationales.

Champ 1. Les modernités : origines, réceptions, critiques

Présentation

Ce champ se développe déjà en lien, en particulier, avec les projets « modernités italiennes », « modernités britanniques » ou « modernités arabes » du LabEx COMOD. Nombre d’activités du laboratoire s’y rattachent et sont destinés à se développer encore (parfois conjointement avec l’IHRIM ou le LARHRA). À travers des approches philologiques, un travail d’édition et de traduction, une contextualisation et une réinscription historique des mouvements de pensée, il s’agit de ressaisir des périodes charnières relevant de ce qu’on appelle le plus souvent ‘modernité’, sur les plans politique, scientifique, artistique et littéraire, religieux, ou encore philosophique, dans le but de ressaisir la manière dont ces plans ont pu interagir et faire événement.
De tels travaux nourrissent ainsi une mise en perspective des réceptions ou prolongements, mais aussi des ruptures, des critiques dont ces modernités, visées aussi dans leurs diversités – champs culturels, linguistiques et historiques différents – ont fait l’objet.

Champ 2. Savoirs et politiques

Présentation

Ce champ se structurera d’une part autour du nouveau projet « Savoirs et politiques, savoirs de la politique (Europe, fin 15e – milieu 17e s.) » (E. Andretta et R. Descendre), programme commun avec le LARHRA (projet Babel – Rome) et le LabEx HASTEC. Il s’agit de ressaisir la manière dont cette époque charnière de l’histoire européenne, du fait des nombreuses transformations qui la caractérisent, a suscité l’invention de nouvelles manières de décrire, analyser, représenter la réalité contemporaine et le monde – dans sa dimension physique, anthropologique, politique, etc.

Ce champ ne se restreint cependant ni à une zone géographique ni à une période, mais renvoie aussi aux travaux sur Foucault, Bacon, ou encore sur l’histoire de la pensée politique arabe, au sein du pôle. Il rencontre la problématique du chantier transversal « Politique des savoirs : production, circulation, usages », qui, dans une perspective pluridisciplinaire, interroge, dans le monde contemporain, les dynamiques sociales à l’œuvre dans les rapports entre sciences et politiques. On peut penser également au travail que développe Laurent Dartigues sur le neuro-droit, au sein du programme COMOD « neurosciences » (recherche sur la neuro-imagerie mise au point dans les années 1990 et des rapports d’intérêt entre science et entrepreneuriat). Sous cet angle, les travaux du pôle peuvent aussi rencontrer certaines problématiques du chantier transversal « Santé et sciences sociales ».

Champ 3. Politique et historiographie

Présentation

Ce champ part des évolutions des travaux sur Foucault, coordonnés par Michel Senellart, qui se poursuivent en 3 axes :

  • la dernière étape du projet ANR « Foucault Fiches de lecture » (FFL), qui, avec l’apport de plusieurs collaborations nouvelles, permettra d’établir le bilan du travail collectif mené depuis deux ans, tant sur le plan technique de la construction et du fonctionnement de la plateforme numérique que sur celui, historico-philosophique, de l’étude des pratiques de lecture et d’écriture de Foucault
  • la mise en œuvre du projet EDIFOU (« Foucault’s manuscripts on phenomenology (1950s) at BnF archive : a digital approach to the edition »), porté par Elisabetta Basso, et coordonné par M. Senellart. Le but de ce projet est d’explorer, organiser et indexer numériquement les manuscrits inédits de Foucault des années 50 et du début des années 60 sur la phénoménologie, la psychologie, la psychopathologie et l’anthropologie, rassemblés dans le fonds Foucault de la BnF, afin de rendre accessible ce corpus, à ce jour presque inconnu, à la communauté des chercheurs. Ce projet se développera en étroite association avec le projet ANR FFL
  • l’organisation d’un séminaire de recherche, dirigé par M. Senellart, avec la collaboration de Carolina Verlengia, consacré au tournant foucaldien des années 1976-1979 – de la publication du 1er volume de l’Histoire de la sexualité, La Volonté de savoir, au cours du Collège de France sur le néo-libéralisme (Naissance de la biopolitique) –, sous deux angles principaux : le rapport de Foucault à la pratique historienne (dans la continuité de la journée d’étude sur « Le débat Foucault/Veyne » organisée à l’ENS de Lyon en juin 2019) et la question religieuse (pastorat, gouvernement des conduites, contre-conduites, « spiritualité politique »).

Parallèlement aux études foucaldiennes, un autre séminaire de recherche est envisagé, autour de l’œuvre d’Ernst Kantorowicz.
Ce séminaire réunira philosophes et historiens de la pensée politique intéressés par les questions relatives à la symbolique du pouvoir, aux interactions entre Eglise et Etat et à l’impact du langage du droit sur celui de la politique (Responsable : M. Senellart).

Ce champ enveloppe ainsi une réflexion plus spécifique sur les rapports, chez les auteurs étudiés, entre pensée, objets et méthodes historiographiques. S’y insèrent donc également les travaux qui se développent dans le pôle autour de la question de savoir si l’on peut caractériser le pragmatisme américain (à travers Dewey et Lippmann) par une certaine démarche historiographique (Claude Gautier et Arnaud Milanese).

Champ 4. Critiques et mobilisations contemporaines

Présentation

Dans ce champ, peuvent se rencontrer des recherches portant sur :

  • des corpus de textes et d’images contemporains et ultra-contemporains, développant une certaine critique des normes, valeurs, représentations, relations de pouvoirs et usages à l’œuvre dans une société (par exemple, le corpus féministe, les travaux de Boris Gobille sur les écrivains et 68, ou encore les travaux de Jean Kempf sur la photographie documentaire aux Etats-Unis) ;
  • l’étude des modes de mobilisations émanant de la société et de leurs répertoires d’action (par exemple, les travaux de Charlotte Moge sur la mobilisation antimafia de la société civile italienne),
  • des analyses critiques de la société contemporaine (par exemple, les conditions de travail – des collaborations avec le chantier transversal « travail et politique » ; les enjeux sociaux et épistémologiques du féminisme ; la généalogie critique du néolibéralisme ; les enjeux socio-politiques et éthiques de la santé – des collaborations sont possibles avec le chantier transversal « Santé et sciences sociales »).

Publications