SSU : Sciences sociales de l’urbain [2011-2013]
-septembre 2011
Membres
Responsables du projet
- Raphaël Frétigny, doctorant IEP Lyon, Triangle UMR 5206
- Deborah Galimberti, doctorante en science politique à l’université Jean Monnet de Saint-Etienne
- Pascale Nédélec, doctorante Université Lyon 2, EVS UMR 5600
Participants au projet
- Vincent Béal, doctorant Université Jean Monnet, Triangle UMR 5206
- Maxime Bouly, doctorant Université Lyon 2, Triangle UMR 5206
- Martine Drozdz, doctorante Université Lyon 2, EVS UMR 5600
- Aurélie Délage, doctorante Université Lyon 2, EVS UMR 5600
- Cécile Ferrieux, doctorante IEP Lyon, Triangle UMR 5206
- Anouk Flamant, doctorante Université Lyon 2, Triangle UMR 5206
- Deborah Galimberti, doctorante Université Jean Monnet, Triangle UMR 5206
- Maxime Huré, doctorant IEP Lyon, Triangle UMR 5206
- Marie Le Guen, doctorante Université Lyon 2, EVS UMR 5600
- Robin Le Noan, doctorant ENTPE, Rives UMR 5600
- Boris de Rogalski – Landrot, doctorant ENS, LAHRHA UMR 5190
- Jérôme Rollin, doctorant Université Lyon 2, Triangle UMR 5206
- Mili Spahic, doctorant Université Lyon 2, Triangle UMR 5206
Pour plus de détails sur les membres du laboratoire lire ce billet sur notre blog.
Tous les membres appartiennent à l’Ecole Doctorale ED 483 « Sciences sociales » de l’Université de Lyon.
Contexte institutionnel
Retrouvez-nous sur la plateforme Hypothèses.org : http://ssu.hypotheses.org
PRES Lyon, LABEX IMU, ...
Cette initiative veut s’inscrire dans une perspective de coopération entre institutions et laboratoires du PRES Lyon dans le but de faire émerger la qualité de la réflexion développée au sein de ces institutions. La métropole Lyon/Saint Etienne est un vivier très riche et composite pour la recherche urbaine, comme le témoigne la récente réussite du projet de Labex IMU (Intelligence des mondes urbains). La plupart des disciplines manifestant un intérêt pour la ville y sont représentées, sans pour autant qu’il n’existe encore d’espace d’échanges permettant de faire dialoguer les différentes perspectives de recherche. Ce manque est d’autant plus ressenti par les jeunes chercheurs.
En participant à la discussion de travaux sur la ville et à l’instauration d’un dialogue entre différents champs disciplinaires, le projet de recherche « Sciences sociales de l’urbain » a pour vocation de combler ce vide et de servir de lieu d’échanges pluridisciplinaires et d’espace de réflexion collective sur les questions urbaines, animé par de jeunes chercheurs et doctorants en sciences sociales.
Laboratoires qui nous soutiennent
Le projet de recherche est composé de jeunes chercheurs afférant à trois laboratoires : UMR 5206 Triangle, UMR5600 Environnement Villes Sociétés et UMR 5190 LARHRA. L’activité du laboratoire junior s’inscrit au sein du pôle action publique, et plus précisément des axes de recherche « Transformation sociale, territorialisation et gouvernance » et « savoirs de gouvernements » de l’UMR 5206 Triangle, qui implique conjointement politistes et urbanistes. Dans le cas du LARHRA, le projet est complémentaire aux travaux de l’équipe « Pouvoirs, villes et sociétés », qui privilégie une histoire des modes de gouvernement, des cultures politiques et des politiques d’action publique. C’est autour du thème « actions, régulations et organisations et la construction des environnements » que nous souhaitons nous associer aux recherches élaborées au sein de l’UMR 5600 EVS .
Laboratoires juniors et l’ENS de Lyon
Le projet de recherche s’inscrit dans une tradition déjà existante développée par un précédent laboratoire junior (Focales), avec des ambitions renouvelées de pluridisciplinarité et de collaboration interinstitutionnelle. Les membres de Focales ont été contactés pour rejoindre la démarche, et des collaborations futures sont prévues. Les
travaux et réalisations du laboratoire junior MOSAP ont aussi nourri notre réflexion théorique et méthodologique.
Ce projet scientifique veut être un lieu de croisement disciplinaire des recherches sur l’urbain permettant à ses membres juniors de profiter à plein d’une atmosphère intellectuelle constructive. L’objectif est de lutter contre l’éclatement des projets et des réflexions autour de l’analyse urbaine et de favoriser le dialogue et la synthèse des réflexions. La démarche a déjà démarré au printemps 2011 : deux séances « prototype » ont été organisées grâce au support de l’ENS de Lyon et du laboratoire Triangle [1].
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L’urbain et les sciences sociales
Pour le sociologue Christian Topalov et l’historien Bernard Lepetit [2], « […] quand il s’agit de ville, on croit toujours savoir de quoi l’on parle, mais c’est rarement de la même chose ». Force est de constater aujourd’hui la forte diversité et la difficile articulation des approches de l’objet ville parmi les sciences sociales. La recherche urbaine est fragmentée et compartimentée par les disciplines. Cette segmentation des dynamiques disciplinaires a pu alors être analysée comme un éclatement de démarches autonomes [3], qui pourrait alors rendre difficile le dialogue interdisciplinaire sur l’urbain.
Pourtant, un rapide examen non exhaustif de la manière dont la ville a été saisie par les différentes sciences sociales, permet de montrer que, si chaque champ disciplinaire a peu à peu constitué une approche originale et spécifique de l’urbain, ils se sont tous enrichis à l’aide de travaux d’autres disciplines.
La géographie urbaine semble se concentrer principalement sur la dimension matérielle des processus urbains, dans une perspective proprement spatiale (formes urbaines, morphologie, recompositions socio-spatiales) [4]. Pour autant, l’intégration des réflexions de sociologues urbains tels que Lefebvre ont permis un véritable renouvellement des problématiques, en introduisant les notions telles que l’accès à la ville [5].
L’urbanisme s’est construit dans un rapport très intime avec la technique et les compétences professionnelles. Pour autant, les derniers renouvellements théoriques de l’urbanisme empruntent très largement à l’actionnisme sociologique (Bourdin, 2006), alors même que l’importation de théories et méthodes d’autres disciplines est mise au cœur de la réflexion de certains [6].
La perspective historique a privilégié dans la ville l’analyse d’une accumulation d’expériences historiques. La ville, caractérisée par sa polysémie [7] , « est la mise en contemporanéité des fragments épars, laissés par des temporalités différentes » [8]. Cette approche originale, nourrie des méthodes et des réflexions des géographes [9], se caractérise par contre par un déficit historiographique pour l’étude de la ville de la seconde moitié du XXème siècle.
Enfin, la science politique s’est quant à elle longtemps limitée à une utilisation de la ville comme simple « entrée » pour répondre à ce qui est son questionnement disciplinaire : l’étude du pouvoir et des modalités de gouvernement [10]. Si le prisme du pouvoir reste l’enjeu central de la science politique urbaine [11], l’interpénétration entre la science politique et les travaux de géographie radicale a fait émerger de nouveaux cadres théoriques comme ceux des régimes urbains et de la gouvernance urbaine [12] qui prennent plus en compte les processus économiques, sociaux, environnementaux et spatiaux.
Ce bref aperçu, forcément orienté, des approches disciplinaires du fait urbain montre à quel point les rapports à l’objet, les focales d’analyse et les théories divergent suivant les disciplines. A l’inverse, il a permis de saisir comment ces approches ont pu se nourrir et s’enrichir, à différents moments, de perspectives développées en dehors d’elles. La recherche urbaine est ainsi traversée aujourd’hui par une tension forte entre une segmentation disciplinaire marquée par l’autonomisation de champs de recherche et l’existence de points de contact interdisciplinaires particulièrement séminaux. Nous faisons alors l’hypothèse de la nécessité et de la valeur de la mise en place d’un dialogue entre les sciences sociales de l’urbain en France. S’il ne se fait pas au prix d’une dissolution des perspectives de recherche, il peut assurer tant la progression de chaque chantier disciplinaire qu’une certaine cumulativité dans la recherche urbaine.
Objectifs du laboratoire
L’ambition de ce séminaire est donc double. Il s’agit d’une part d’offrir un espace de discussion pluridisciplinaire permettant de créer des ponts entre les disciplines, sans pour autant réduire les spécificités et l’originalité de chacune. Dans une certaine mesure, ce dialogue existe déjà : les questionnements sur la métropolisation, sur la gouvernance ou l’action publique territoriale sont communs à plusieurs disciplines, la perspective socio-historique permet la collaboration de chercheurs en histoire et en science politique, la question des inégalités et des reconfigurations socio-spatiales suscitent l’intérêt aussi bien des géographes que des politistes qui mobilisent de plus en plus les travaux de recherche critiques [13] sur la ville. Toutefois, l’objectif de ce séminaire sera de systématiser le dialogue et la confrontation disciplinaire. Il doit permettre l’apprentissage et la traduction de théories entre les champs disciplinaires, à même d’assurer la progression de chaque champ disciplinaire. Le séminaire doit ainsi être le lieu dans lequel « les savants vont à l’école les uns des autres » [14], apprennent, traduisent et importent des méthodes et des prismes d’analyse. Dès lors, c’est tout particulièrement le rôle des jeunes chercheurs et des doctorants, encore à « l’école de la science », de développer ces rencontres entre disciplines et entre chercheurs.
Ainsi, le projet « Sciences sociales de l’urbain » n’a pas vocation à fondre les différentes perspectives disciplinaires dans un tronc commun d’études urbaines transdisciplinaires, sortes d’urban studies à la française. Il s’agit d’éviter justement la tendance observable dans les urban studies anglo-saxonnes, d’une domination par une seule discipline (en l’occurrence la géographie), et d’une faible capacité (paradoxale) à questionner ses méthodes, au point de marginaliser les études urbaines vis-à-vis des autres disciplines [15]. Au contraire, ce laboratoire junior doit permettre la consolidation réciproque et équitable des disciplines. Nous voulons donc nous inspirer de la capacité de ce champ de recherche à produire un dialogue interdisciplinaire sur la ville.
D’autre part, le séminaire doit permettre de confronter les apports concrets de chaque discipline à la compréhension des phénomènes urbains. L’objectif est de questionner les conditions d’une analyse et d’une compréhension de la ville qui soit plus cumulative et plus globalisante afin de rendre à cet objet sa « totalité ». Cette question de l’analyse de la ville comme « fait social total » [16] se pose aujourd’hui avec plus d’acuité en raison des évolutions récentes des villes et de leur rôle dans la régulation des grands problèmes des sociétés contemporaines.
En effet, comme l’avait montré Max Weber, la ville n’est pas simplement une structure spatiale travaillée par des dynamiques socio-économiques. Elle peut également être considérée comme une véritable échelle de régulation disposant de logiques, de caractéristiques et de modes de gouvernement propres. Cette tendance a été renforcée lors des trente dernières années. Au cours de cette période, les villes, et plus particulièrement les plus grandes d’entre elles, ont vu leur rôle et leur autonomie se renforcer sous l’effet de processus politiques (décentralisation, regroupement au sein d’agglomération, etc.), économiques (rôle centrale des économies urbaines dans la croissance postfordiste, modification des logiques d’implantation des firmes, etc.) et sociaux (renouveau démographique des grandes villes, retour en ville des classes moyennes et supérieures, etc.). Ces évolutions ont fait dire à certains auteurs que les villes pouvaient être considérées comme des échelles de régulations et de gouvernement à part entière [17].
Dans ce contexte, la nécessité de développer une lecture pluridimensionnelle et donc pluridisciplinaire de la ville apparaît renforcée. Cette question n’est bien évidemment pas nouvelle dans la recherche urbaine. De nombreux travaux l’ont soulevé et montré aussi bien l’intérêt d’une telle approche que ses limites [18]. En nous appuyant, sur ces réflexions, notre objectif ne sera pas d’essayer de produire une théorie globalisante et totalisante de la ville et de la production urbaine, mais davantage d’essayer de comprendre quelles sont les conditions de la mobilisation de savoirs et de théories hétérogènes dans l’analyse et la compréhension des phénomènes urbains. Dit autrement, il s’agira de questionner d’un point de vue épistémologique et méthodologique la manière dont les différentes sciences sociales de l’urbain peuvent se rencontrer et se nourrir mutuellement pour construire des théories de moyenne portée sur la ville.
Disons le tout net, ce projet est ambitieux : la mise en discussion et la mise en jeu de modèles et de traditions scientifiques peut conduire à des approximations, des incohérences voire à des impasses. Néanmoins, cette mise en danger propre à une « jeunesse confuse et contingente » [19] nous semble moins constituer une faiblesse que l’atout majeur d’une démarche scientifique ambitieuse.
Nous nous proposons de développer notre projet scientifique selon trois axes, qui devront nous permettre de confronter notre ambition à des réalités pratiques, de tenter de mettre en œuvre notre dessein sur des objets concrets. Les trois axes portent sur : les recompositions des espaces urbains et leurs dynamiques sociales, économiques et politiques, le processus de gouvernance des villes, et enfin la production de l’urbain à travers la technique, les savoirs et les instruments. Si ces trois axes semblent à première vue s’apparenter a des perspectives mono disciplinaires, nous nous attacherons à montrer comment leur traitement est enrichi par l’apport des autres disciplines. Les questions épistémologiques, modèles et les terrains d’enquête et méthodes d’analyse déployées, aux prismes de différentes disciplines, sera notre fil rouge et constituera le socle du colloque final.
Axes de recherche
Axe 1 : Dynamiques de recomposition urbaine : formes et société
Ce premier axe du séminaire vise à développer les réflexions portant sur la définition et les mutations du fait urbain. Les quarante dernières années ont été marquées par une transformation profonde des logiques et des dynamiques à l’œuvre dans les processus d’urbanisation [20]. Les dynamiques de métropolisation ont contribué à redéfinir les caractéristiques des villes contemporaines et à réorienter le regard des chercheurs en sciences sociales [21]. Comment définir ce qu’est une ville à une époque caractérisée par une accélération des flux globaux d’informations, de capitaux, de personnes, et par une transformation majeure des formes urbaines de plus en plus soumises à des phénomènes de périurbanisation et d’étalement urbain ? A quoi renvoient les termes d’urbanité, de citadinité ou plus simplement de société urbaine, dans un contexte de fragmentation et de recomposition des villes ? Comment analyser et rendre compte des espaces – frontières (campagnes, zones périurbaines, banlieues, etc.) ou marges (« ghettos », interstices urbains, etc.) des villes – qui se créent au sein des métropoles contemporaines ? L’ambition de cet axe est de rendre compte de ces dynamiques nouvelles tout en cherchant à comprendre leurs origines et leurs effets sur le fonctionnement des sociétés urbaines. Si l’analyse des formes urbaines ou des trajectoires des villes apparaît comme un objet réservé à la géographie, son étude globale nécessite la mobilisation de savoirs pluridisciplinaires. En effet, la transformation des formes urbaines donne lieu à des débats dépassant de loin le seul champ de la géographie humaine ou sociale. Ainsi, il conviendra de s’interroger sur le poids respectif des processus économiques, sociaux, politiques et historiques ainsi que des contextes locaux et globaux. Il conviendra également de prendre en compte les effets de ces phénomènes sur les sociétés urbaines et de caractériser les recompositions socio-spatiales (gentrification, paupérisation, relégation, etc.) en cours, ainsi que les conflits qu’elles sont susceptibles de faire naître entre les différents groupes sociaux qui composent les villes et les métropoles.
Axe 2 : Gouverner la ville : acteurs, pouvoirs et régulations
Face à ces dynamiques urbaines, les manières de produire et de gouverner les villes ont profondément évolué. La question classique posée par les auteurs pluralistes et élitistes du champ d’étude des « community studies » [22] et cherchant à comprendre qui gouverne la ville, a aujourd’hui été largement dépassée. Non seulement, les travaux récents ont cherché à réintégrer dans l’analyse un ensemble d’acteurs (groupes sociaux, habitants, associations, entreprises, experts, etc.) et de logiques (dynamiques économiques, démographiques, socio-spatiales, etc.) qui étaient auparavant négligés, mais en plus, ils ont réorienté les débats sur la question des savoirs et leur mobilisation dans le gouvernement des villes contemporaines [23]. Ainsi, il ressort de ces travaux un souci accru pour la compréhension des dynamiques liées à la constitution d’une capacité à gouverner et à mettre en œuvre des politiques urbaines dans un contexte de fragmentation accrue et de renforcement des contraintes pesant sur les villes [24]. L’objectif central de ce deuxième axe sera d’analyser les dynamiques contemporaines de gouvernement des villes. La ville est alors comprise comme une « catégorie d’action » [25] en ce sens où une attention particulière sera accordée aux acteurs (politiques, économiques, représentants de la société civile, etc.) participant au gouvernement des villes, à leurs logiques et à leur influence sur les politiques urbaines. Il ne faut pas oublier que les changements dans la composition du pouvoir urbain sont influencés par des facteurs de nature plus macro : globalisation, accumulation du capital, dégradation environnementale, ségrégation socio – spatiale ont un impact sur la nature et les structures du gouvernement urbain. Il s’agit alors d’intégrer dans le cadre d’analyse des objets, des hypothèses développées par d’autres champs disciplinaires. Comment ces tendances socio-économiques, territoriales et historiques prennent-elles corps dans des territoires singuliers ? Quelle place respective occupent les régulations marchandes, sociales [26], politiques et communautaires dans la production des villes contemporaines ? Comment peut – on articuler analyse du local et processus macroéconomiques ? Ces questionnements devront bien évidemment s’accompagner d’une analyse des contenus et des finalités des politiques urbaines et de leur capacité à contrer ou accompagner ces dynamiques globales.
Axe 3 : Produire la ville : savoirs, normes et instruments
Ce troisième axe de recherche interroge les techniques, savoirs, et instruments qui permettent la production de la ville. De fait, ce questionnement est d’abord celui de la pratique professionnelle des producteurs de la ville (architectes, ingénieurs, urbanistes…). De nombreuses travaux ont ainsi permet de constituer et de caractériser les principaux outils de production de la ville, de la planification à la règlementation, en passant par l’aménagement du territoire ou encore la composition urbaine [27]. D’une manière générale, les politiques urbaines ont vu se développer tout un ensemble de nouveaux instruments (benchmarking, classements de villes, indicateurs de performances, bonnes pratiques, technologies de contrôle social ou de gestion environnementale, outils de régulation des réseaux, etc.). Il s’agira d’interroger l’apparition de nouveaux savoirs, de nouvelles normes et de nouveaux instruments dans l’action publique urbaine et de comprendre la place qu’ils occupent dans la production de la ville contemporaine. De nouvelles injonctions imposent par ailleurs aux acteurs de mettre en œuvre de nouveaux contenus. L’environnement a par exemple un impact non négligeable sur les politiques urbaines et le renouvellement de l’action publique. Ces contenus introduisent des normes juridiques, imposées au niveau national, mais aussi adaptées au niveau local. Si l’analyse des instruments de la production des villes apparaît a priori comme l’objet privilégié de l’urbanisme, son étude globale nécessite la mobilisation de savoirs et de méthodes issues des autres sciences sociales. Quelle est l’origine, la genèse des savoirs et instruments de la production urbaine [28] ? Quel poids accorder à ces dynamiques diachroniques dans l’utilisation et dans la diffusion des instruments ? Quels sont les acteurs et réseaux à l’origine de leur construction et de leur circulation ? Quel rôle joue la « Transnational consultocracy » [29] dans la sédimentation et la diffusion de savoirs sur la ville ou de « bonnes pratiques » ? On peut aussi s’interroger sur le poids de la production et de la diffusion de ces savoirs dans les dynamiques de standardisation des politiques urbaines [30]. La montée en puissance des préceptes néo-managériaux dans le gouvernement des villes suscite-t-elle des dynamiques d’uniformisation des villes [31] ?