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Colloque international organisé par Didier Chabanet , Boris Gobille et Frédéric Royall : Action collective et exclusion sociale en Europe / Collective Action and Social Exclusion in Europe

11 janvier 2008, et 12 janvier 2008, à l’ENS LSH de Lyon (amphitéâtre) - 15 parvis René Descartes. Tel 00 33 (0) 4 37 37 63 81.

[Juillet 2009 : parution du N°170 de Raison présente, numéro issu de ce colloque]

Organisation

Conseil scientifique

Communications

Ces communications sont accessibles en version pdf sur le site du Department of Languages and Cultural Studies de l’Université de Limerick. Cliquez sur les liens ci-dessous pour y accéder.

Problématique

L’Union européenne (UE) dans sa globalité est confrontée à de graves problèmes sociaux qui donnent de plus en plus souvent lieu à des manifestations d’exacerbation, de mécontentement et/ou de contestations politiques. Si l’échelle des inégalités demeure très contrastée d’un Etat membre à l’autre et répond à des logiques relativement spécifiques, la montée des phénomènes de précarité et d’exclusion - qui aboutit dans les cas les plus sévères à la constitution de poches de pauvreté - est aujourd’hui un défi majeur, qui contribue à renouveler l’action collective et, plus précisément encore, les formes de la protestation. Ces enjeux s’inscrivent dans des cadres nationaux qui demeurent incontournables, mais aussi et de plus en plus dans un contexte politique et économique très largement internationalisé, qui en modifie à la fois la nature et l’ampleur. En ce sens, le processus d’intégration européenne constitue sans aucun doute une dimension explicative majeure à ces phénomènes, que l’on mette l’accent sur la responsabilité de l’UE dans la remise en cause et l’affaiblissement des dispositifs de l’Etat providence, ou, au contraire, que l’on insiste sur les efforts qu’elle développe dans la lutte contre les inégalités et la résorption des problèmes sociaux. Que l’on s’en félicite ou non, la constitution d’une Europe élargie depuis peu à 27 accroît la concurrence entre les biens et les personnes et suscite de plus en plus d’inquiétudes, notamment parmi les couches socialement vulnérables.

Dans ce contexte, des mobilisations de « précaires » se sont multipliées au cours des dernières années dans un grand nombre d’Etats membres, le plus souvent en dehors où à la marge des organisations politiques et syndicales traditionnelles. Des groupes généralement qualifiés de « sans ressources », dont la capacité de revendication était souvent jugée « improbable » ont ainsi fait irruption dans le débat public. En France, des groupes de « Sans-papiers », ou très récemment l’opération des « enfants de Don Quichotte », sont venus bousculer les routines politiques, se singularisant par des pratiques militantes, ou des stratégies politico-médiatiques innovantes. Des cas de figure proches, ou similaires, sont repérables dans la plupart des pays de l’UE, à l’image de l’Irlande qui a vu à plusieurs reprises les « gens du voyage » revendiquer collectivement de façon plus ou moins autonome, sur une période récente. Les chômeurs eux-mêmes sont particulièrement actifs, que ce soit en France, en Allemagne, ou en Belgique. Ces mobilisations ne se limitent pas aux frontières des Etats nations et trouvent également un terrain d’expression politique à travers l’émergence du mouvement alter-européen, dont elles sont l’une des composantes importantes. A l’image des Marches européennes contre le chômage, ou des Forums sociaux européens, elles contribuent ainsi à renouveler profondément les cadres de l’action collective contemporaine. Ces quelques illustrations ne sont évidemment pas exhaustives mais sont significatives en ce qu’elles témoignent du rôle revendicatif (croissant ?) joué par des populations pourtant socialement démunies.

La seule existence de ces acteurs, maintenant largement confirmée, soulève à l’évidence des questions essentielles. Par exemple, par quel(s) prisme(s) théorique(s) peut-on analyser leurs actions ? Quels sont les facteurs explicatifs à l’apparition et au développement de ces mobilisations ? En quoi sont-elles comparables, entre elles mais aussi d’un pays à l’autre ? Dans quelle mesure la construction de l’UE joue-t-elle, pour ces mouvements, plutôt comme une opportunité ou comme une contrainte ? Que dire de la sociologie des personnes engagées dans ces luttes ? Quels types d’effets, ou d’impacts ces mouvements ont-ils eu ? Voit-on se constituer un champ européen de la contestation lié aux questions de précarité sociale ?

Les organisateurs de ce colloque invitent les chercheurs de toutes les disciplines de sciences sociales à présenter – en français ou en anglais – des travaux permettant d’éclairer, d’une façon ou d’une autre, ces enjeux. Les propositions d’études empiriques, inscrites dans une perspective comparative, politologique et/ou historique sont vivement encouragées. De même, les approches faisant le lien entre la mise en œuvre des dispositifs actions publiques de lutte pour l’emploi, contre la pauvreté ou l’exclusion (nationaux et/ou européens) et la mobilisation politique de groupes précarisés, sont particulièrement bienvenues. A travers l’ensemble des contributions retenues, nous souhaitons notamment discuter - et peut-être renouveler - les paradigmes traditionnels de l’action collective, en les confrontant au prisme spécifique de populations en forte difficulté sociale.

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