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Journée d’études « Ethnographie des professionnels de l’international »

4 mai 2017 - 5 mai 2017, à 13h30, à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, 46 Allée d’Italie

Présentation

Journée organisée avec le soutien du CERI, d’EthnoPol et de Triangle.

Argumentaire

Télécharger le programme détaillé avec les informations pratiques

Les questions internationales sont souvent exclusivement envisagées dans une perspective géopolitique ou sous l’angle des relations internationales alors qu’elles peuvent aussi faire l’objet d’enquêtes ethnographiques (Burawoy 2000) (Siméant 2015). Or plutôt que de définir a priori le périmètre de l’international, en le cantonnant à quelques experts ou à des institutions spécifiques, ce type de démarche conduit à s’immerger au sein d’un ou plusieurs terrains clairement délimités, où des acteurs sont en prise avec des enjeux internationaux et contribuent ainsi à façonner ce qu’on entend par international.
Ce faisant, on élargit la focale à une grande diversité d’acteurs dont l’activité dépasse les frontières nationales, sans réserver le label international aux seuls acteurs insérés ou non dans des collectifs reconnus tels que les institutions internationales (la Commission européenne, les bailleurs de fonds internationaux, les ONG) ou des groupes professionnels dédiés (les diplomates). On peut ainsi envisager l’international comme l’extension d’activités ancrées localement ou nationalement, sans préjuger ni de la localisation ni de la mobilité des acteurs enquêtés. On peut s’intéresser alors à ceux qui font exister l’international, aux ressources différenciées dont ils disposent, aux rapports de pouvoir dans lesquels ils s’inscrivent, et, à partir de là, à la manière dont leur trajectoire rend compte d’une diversité des modalités du dépassement des frontières nationales.
Une manière d’étudier ces acteurs consiste à les saisir spécifiquement à partir de leur activité et de leurs trajectoires professionnelles, en mettant en œuvre une démarche ethnographique. C’est la perspective adoptée au cours d’un séminaire lancé en septembre 2015 que cet appel à communications entend prolonger en proposant aux communications de s’inscrire dans les trois axes suivants.

Axes thématiques

  • 1- Travail et pratiques professionnelles.
    Ce premier axe interroge les pratiques par lesquelles des professionnels, des groupes ou des milieux professionnels s’internationalisent (Allsop et al. 2009) mais aussi les ressources sur lesquels ils capitalisent (Dezalay 2004) (Fourcade 2006) (Georgakakis et de Lassalle 2007) (Vauchez 2007) (Laurens 2015). L’expérience et les pratiques de l’international ne sont pas du tout construites de la même manière, par exemple, par des entrepreneurs trans-nationaux descendants de l’immigration algérienne de France (Santelli 2010), des humanitaires de MSF (Rambaud 2015), des administrateurs spécialistes des questions migratoires au Maroc (El Qadim 2015) ou par des correspondants internationaux à Bruxelles (Baisnée 2002) : par quelles activités s’impose-t-on comme spécialiste de l’international ? Dans quels espaces et quelles catégories d’ac-tion les inscrit-on ?

    Cet axe, qui entend mettre l’accent sur la diversité des pratiques qui font l’international, invite aussi à questionner la mise en place d’un répertoire clairement défini de « pratiques internationales ». On pourra aussi se demander dans quels rapports de force (hiérarchies, formes de division du travail, batailles de juridiction) ils s’inscrivent. Quelles ressources, savoirs, normes, représentations, récits et dispositifs les professionnels mobilisent pour singulariser leur activité, pour s’approprier et définir l’international ?

  • 2- Trajectoires professionnelles, carrières.
    Un certain nombre de travaux sociologiques ont récemment mis l’accent sur des dynamiques de profession-nalisation dans des enjeux internationaux, qu’on pense à l’humanitaire (Dauvin et Siméant 2002), aux trafics informels (Tarrius 2002), aux techniques de démocratisation (Guilhot 2005), de pacification (Lefranc 2010), de nation-branding (Aronczyk 2013), de gestion des catastrophes (Cabane et Revet 2015), aux dispositifs de participation démocratique (Mazeaud et Nonjon 2016), aux formes de militantisme (Broqua, Fillieule, et Escoda 2016) et de « plaidoyer » (Ollion et Siméant 2015), aux activités civilo-militaires (Daho 2015) (Boncourt A paraître), etc.

    Ce deuxième axe propose d’étudier et comparer les types de parcours et de carrière désignés comme internationaux. On invite à nouveau les propo-sitions à ne pas restreindre la réflexion à ceux qui sont traditionnellement qualifiés de professionnels de l’international, mais à en inclure d’autres qui le sont beaucoup moins, voire pas du tout : marins, colporteurs, routiers, passeurs, etc. Comment devient-on un professionnel ou un spécialiste de l’international, comment le reste-t-on ? De nombreux travaux récents ont questionné l’articulation entre trajectoires internationales et nationales (Wagner 2004) (Guillaume et Pochic 2010). Pour répondre à cette question, on invite les propositions à décrire concrètement différents types de tra-jectoires professionnelles liées à l’international. Si certaines filières de formation spécifiques existent, existe-t-il pour autant des carrières linéaires ou des vocations pour l’international, ou, au contraire, des carrières hybrides tout autant nationales qu’internationales ? On pourra en particulier s’interroger sur l’inscription de ces trajectoires et carrières dans les rapports de pouvoir globaux (inégalités de ressources, opposition Nord/Sud), y compris de genre (différenciation des trajectoires hommes/femmes, inégalités de carrière, stratégies familiales de mobilité) (Le Renard 2014).

  • 3- Ethnographie et réflexivité.
    Un troisième axe interrogera, dans une visée plus méthodologique, l’intérêt d’une approche ethnographique pour ap-préhender les professionnels de l’international. Comment étudier de manière ethnographique l’activité et les pratiques de ces professionnels ? Qu’en-tend-on alors par ethnographie ? Existe-t-il une ethnographie spécifique de l’international - plus multisituée ? plus localisée ? (Siméant, 2013) - avec une formule, des méthodes ou des difficultés spécifiques ?

    En outre, les chercheurs qui observent ces dynamiques professionnelles internationales sont parfois pris eux-mêmes, pour les besoins de l’enquête ou pour d’autres raisons, en tension entre différents rôles qu’ils jouent sur le terrain (consultants, professionnels, collaborateurs, chercheurs...), donnant lieu à des « dilemmes collaboratifs » (Bortolotto, 2016) dont il est pertinent de rendre compte. Cet axe mettra l’accent sur l’originalité des dispositifs de recherche mis en œuvre et les formes de réflexivité qui les ont accompagnés.

    Les propositions devront impérativement présenter le terrain sur lequel s’appuie la communication et préciser en quoi elles s’inscrivent dans une démarche ethnographique. Les chercheurs travaillant sur des terrains qui ne sont pas présentés a priori comme international sont encouragés à soumettre une proposition

Références

  • Allsop, Judith, Ivy Lynn Bourgeault, Julia Evetts, Thomas Le Bianic, Kathryn Jones, et Sirpa Wrede. 2009. « Encountering Globalization Professional Groups in an International Context ». Current Sociology 57 (4) : 487-510.
  • Aronczyk, Melissa. 2013. Branding the nation : the global business of national identity. Oxford : Oxford University Press.
  • Baisnée, Olivier. 2002. « Les journalistes accredites aupres de l’union europeenne : correspondants a l’etranger ou generalistes specialises ? » Réseaux, no 111 : 102-30.
  • Boncourt, Thibaud. A paraître. « French military careers and European security integration. How internationalisation changes military socialisation ». Cooperation and
    Conflict
  • Broqua, Christophe, Olivier Fillieule, et Marta Roca i Escoda. 2016. « Sur le façonnement international des causes liées à la sexualité ». Critique internationale, no 70 : 9-19.
  • Burawoy, Michael. 2000. Global ethnography : forces, connections, and imaginations in a postmodern world. Berkeley : University of California Press.
  • Cabane, Lydie, et Sandrine Revet. 2015. « La cause des catastrophes ». Politix 111 (3) : 47-67.
  • Dauvin, Pascal, et Johanna Siméant. 2002. Le travail humanitaire : les acteurs des ONG, du siège au terrain. Paris : Presses de Science po.
  • Dezalay, Yves. 2004. « Les courtiers de l’international ». Actes de la Recherche en Sciences Sociales, no 151-152.
  • El Qadim, Nora. 2015. Le gouvernement asymétrique des migrations. Maroc/Union européenne. Paris : Dalloz.
  • Fourcade, Marion. 2006. « The Construction of a Global Profession:The Transnationalization of Economics. » American Journal of Sociology 112 (1).
  • Georgakakis, Didier, et Marine de Lassalle. 2007. « Genèse et structure d’un capital institutionnel européen ». Actes de la recherche en sciences sociales, no 166-167 : 38-53.
  • Guilhot, Nicolas. 2005. The democracy makers : human rights & international order. New York : Columbia University Press.
  • Guillaume, Cécile, et Sophie Pochic. 2010. « Mobilité internationale et carrières des cadres : figure imposée ou pari risqué ? » Formation emploi. Revue française de
    sciences sociales, no 112 : 39-52.
  • Laurens, Sylvain. 2015. Les Courtiers du capitalisme. Milieux d’affaires et bureaucrates à Bruxelles. Paris : Agone.
  • Lefranc, Sandrine. 2010. « La professionnalisation d’un militantisme réformateur du droit : l’invention de la justice transitionnelle ». Droit et société, no 73 : 561-89.
  • Le Renard, Amélie. 2014. « « On n’est pas formatés comme ça en Occident » ». Sociétés contemporaines, no 94 : 41-67.
  • Mazeaud, Alice, et Magali Nonjon. 2016. « Vers un standard participatif mondial
     ? Enjeux, conditions et limites de la standardisation internationale de la participation
    publique ». Participations, no 14 : 121-51.
  • Ollion, Étienne, et Johanna Siméant. 2015. « Le plaidoyer : internationales et usages locaux ». Critique internationale 67 (2) : 9-15.
  • Rambaud, Elsa. 2015. Médecins sans frontières : Sociologie d’une institution critique. Paris : Dalloz.
  • Santelli, Emmanuelle. 2010. « Entre ici et là-bas : les parcours d’entrepreneurs transnationaux. Investissement économique en Algérie des descendants de l’immigration algérienne de France ». Sociologie 1 (3) : 393-411.
  • Siméant, Johanna, éd. 2015. Guide de l’enquête globale en sciences sociales. Paris : CNRS.
  • Tarrius, Alain. 2002. La mondialisation par le bas : les nouveaux nomades de l’économie souterraine. Voix et regards. Paris : Balland.
  • Vauchez, Antoine. 2007. « Une élite d’intermédiaires. Genèse d’un capital juridique européen (1950-1970) ». Actes de la recherche en sciences sociales, no 166-167.
  • Wagner, Anne-Catherine. 2004. « Syndicalistes européens. Les conditions sociales et institutionnelles de l’internationalisation des militants syndicaux. » Actes de la Recherche en Sciences Sociales, no 155

Modalités pratiques

Les propositions de communication (entre 3000 et 4000 signes, bibliographie et titre compris) doivent être envoyées avant le 31 octobre 2016 minuit.
Merci d’envoyer/de renvoyer vos propositions aux trois adresses suivantes :
yasmine.bouagga@gmail.com ; romain.lecler@ens.fr ; y.morival@gmail.com

Nous accusons systématiquement réception des propositions (date limite : 31 octobre 2016).

Calendrier

  • 31 octobre 2016 : date-butoir pour l’envoi des propositions
  • Mi-décembre 2016 : annonce des propositions retenues
  • Début avril 2017 : réception des communications
  • 5 mai 2017 : journée d’étude

Comité scientifique

Martina Avanza (Université de Lausanne)
Yasmine Bouagga (CNRS/Triangle)
Hélène Combes (CNRS/CERI)
Gregory Daho (Paris 1/CESSP)
Dorota Dakowska (Lyon 2/Triangle)
Amélie Le Renard (CNRS/CMH)
Romain Lecler (ENS/CESSP-CMH)
Françoise Mengin (Sciences-Po/CERI)
Sarah Mazouz (Université Humboldt de Berlin)
Yohann Morival (CSO)
Sandrine Revet (Sciences-Po/CERI)
Cécile Robert (Sciences-Po Lyon/Triangle)

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