/ Travail, mobilisation et mondialisation

Axe 2. Travail, individuation, reconnaissances

Nous sommes entrés dans une nouvelle ère de capitalismes où les individus les mieux nantis en ressources et en biens sont devenus de moins en moins nombreux et les moins nantis de plus en plus nombreux, de moins en moins couverts par les systèmes de protection sociale. Si la modernité organisée se caractérisait par des processus d’inclusion d’une large partie des individus dans des collectifs qui leur donnaient un statut stable, depuis trente ans nous avons assisté à une dynamique de décollectivisation ou de ré-individualisation, comme le droit à l’emploi de plus en plus individualisé.

Chômage de masse, institutionnalisation du précariat, pulvérisation du contrat de travail, précarisation des relations de travail et d’emploi, déclin et recomposition des institutions, montrent que les acteurs sont contraints sans cesse de redéfinir leur place et leur identité sociale dans des contextes incertains. Et se pose de manière cruciale la question de la propriété et de la perte de soi. Plus les travailleurs en situation précaire circulent entre des espaces économiques et sociaux contrastés par leur degré de légitimité, plus ils sont confrontés à des ordres normatifs différents, ils sont alors tantôt reconnus, non reconnus, méconnus.

C’est autour de biens sociaux et moraux, respect social et respect de soi, estime sociale et estime de soi dans le travail que se réorganisent de manière brouillée les concurrences et les inégalités sociales et ethniques sur les marchés de l’emploi. Des luttes et des compétitions entre différents groupes sociaux ont lieu pour accéder à une autonomie morale non contrôlée par autrui, pour accéder au gouvernement d’eux-mêmes.