/ Séminaire FELiCiTE : Circulations, Traductions et Editions

18 décembre 2020 ▾ FELiCiTE : Double atelier de traduction avec Marie van Effenterre et Samantha Saïdi

18 décembre 2020, 15h30-17h30, en ligne (infos : samantha.saidi@ens-lyon.fr)

Programme

Voici le programme de l’atelier du 18 décembre 2020 qui aura lieu de 15h30 à 17h30 en ligne (voir infos sur la connexion plus bas) avec :

  • Marie van Effenterre - Ahrentzen, Sherry & Kathryn H. Anthony, "Sexe, stars et studios : un regard sur les pratiques genrées dans l’enseignement de l’architecture" (1993)
  • Samantha Saïdi - Lori Chamberlain, "Le genre et les métaphores de la traduction" (1988)

Marie van Effenterre. Traduction de : Ahrentzen, Sherry et Kathryn H. Anthony, "Sexe, stars et studios : un regard sur les pratiques genrées dans l’enseignement de l’architecture" in Dadour Stéphanie (dir.), in Dadour Stéphanie (dir.), Des voix s’élèvent. Des féminismes en architecture, Paris, Éditions de la Villette.

« "Sexe, stars et studios" a été initialement publié dans Journal of Architectural Education en 1993. À partir de plusieurs enquêtes et de l’expérience vécue des autrices, il met au jour les pratiques d’enseignement et les méthodes pédagogiques androcentrées qui régissent les cours de studio et les jurys dans les cursus d’architecture aux États-Unis au début des années 1990. Sherry Ahrentzen et Kathryn H. Anthony soulignent que les programmes d’enseignement restent fondés sur "les grands monuments et les grands hommes", contribuant ainsi à la fabrication de "starchitectes" masculins au sein de la profession et à une sur-valorisation des bâtiments associés au pouvoir masculin, et perpétuent un rapport patriarcal maître-apprenti, nimbé d’autorité et de "mystère créatif". Ils contribuent non seulement à discriminer les femmes dans leurs études et dans l’exercice de leur profession, mais favorisent les comportements humiliants et le harcèlement sexuel. Les deux autrices montrent cependant qu’une autre voie - féministe - est possible, et appelle les enseignant.es d’architecture à repenser leurs méthodes de travail comme le contenu de leur cours pour, in fine, transformer la pratique de l’architecture dans son ensemble et la rendre plus inclusive.
Ce texte reste toujours d’actualité aujourd’hui, en France comme aux États-Unis. L’article de Sherry Ahrentzen et Kathryn H. Anthony sera publié en 2021 dans l’anthologie Des voix s’élèvent. Des féminismes en architecture, sous la direction de la chercheuse en architecture Stéphanie Dadour. L’ouvrage, dont j’assure l’ensemble de la traduction, réunit douze textes parus aux États-Unis entre les années 1970 et 1990 qui abordent pour la première fois l’architecture - conception, bâti, enseignement et profession - dans une perspective féministe. En trois chapitres, il montre comment l’histoire de l’architecture a évincé les femmes, rappelle les dispositifs spatiaux dont elles sont les autrices, et questionne la fabrication sexiste de l’architecte dans les écoles et les agences d’architecture." »

Bio Autrices : Sherry Ahrentzen, est actuellement professeure au Shimberg Center for Housing Studies et au College of Design, Construction and Planning de l’Université de Floride à Gainesville. Chercheuse en écologie sociale, elle travaille essentiellement sur des problématiques liés à l’habitat et au logement. Kathryn H. Anthony est professeure d’architecture à l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign. Elle travaille depuis plus de quarante ans sur les questions de genre et de diversité en architecture. Elle est notamment l’autrice de : Design Juries on Trial : The Renaissance of the Design Studio and Designing for Diversity : Gender, Race, and Ethnicity in the Architectural Profession (1992).
Stéphanie Dadour est maîtresse de conférences en Sciences humaines et sociales à l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais. Ses thématiques de recherche portent sur les rapports de pouvoir dans l’espace domestique, les perspectives féministes sur l’architecture, et l’histoire et la théorie de l’architecture au XXème siècle.

Samantha Saïdi. Traduction de l’article "Le genre et les métaphores de la traduction" de Lori Chamberlain.

« Avec Gender and the Metaphorics of Translation, Chamberlain revient sur la figure de la traduction à travers plusieurs siècles de métaphores en traductologie. L’étude de textes et recueils allant de 1958 à 1985, comme ceux de Serge Steiner ou Serge Gavronsky – et de ceux qui les ont inspirés depuis 1684 : Earl of Roscommon ou William Cowper – Lori Chamberlain s’appuie sur Jacques Derrida, Terry Eagleton, Joseph Graham, Carole Maier, Suzanne Jill Levine ou Susan Gubar, en approfondissant leur approche, pour analyser à la fois le statut subalterne donné par les grands traductologues à la traduction face à l’écriture, mais aussi le rapport sexualisé et soumis que celle-ci est sensée entretenir avec le texte original. Cette analyse rédigée en plein essor de la traductologie féministe outre atlantique remet en cause une conception masculine et sexiste de la traduction et de la créativité décrites en termes de domination, de pouvoir, de sexe et de violence.

En faisant tomber le masque séducteur de la beauté stylistique des textes de théoriciens comme Steiner ou Gavronsky, Lori Chamberlain nous rappelle que toute vision sexiste et hiérarchisée de la créativité (création vs re-création) sous-tend une lutte pour la paternité des textes qui a des répercussions matérielles en terme termes de reconnaissance académique et salariale, ou de droits d’auteur. Avec comme agenda de libérer la traductologie et les traductrices, Lori Chamberlain remet également en cause une vision freudienne, et finalement primitive, des rapports anthropologiques véhiculés depuis longtemps dans les métaphores de la traduction construites autour de « l’échange de mots, de femmes, de biens ». Elle propose ici un véritable programme de recherche pour la traductologie féministe qui a été essentiel au projet FELiCiTE (Féminisme en Ligne : Circulations, Traductions, Edition). »
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Bio autrice : Lori Chamberlain a travaillé sur la traduction et le genre dans les années 80. Après sa thèse, elle ne consacra qu’un seul article à la traductologie : "Gender and the metaphorics of translation" qui fut publié en 1988 dans Signs et dont la traduction est proposé à l’atelier. Ce texte a bouleversé les translation studies aux États-Unis et la traductologie en France, en leur apportant une grille d’analyse féministe. Lori Chamberlain a également publié des articles sur des sujets variés comme la poésie ou la fiction contemporaines, mais aussi sur la pédagogie.

Séance organisée par Noémie Grunenwald, Héloïse Thomas, Vanina Mozziconacci, Samantha Saïdi.

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