/ Séminaire FELiCiTE : Circulations, Traductions et Editions

Séminaire de traductologie féministe | 9h30 Claire Gallien : Champ postcolonial et recherche en traduction | 14h Béchir Ghachem : Traduction du récit carcéral de Fatna El Bouih

24 mai 2019, 9h30-16h, à l’ENS de Lyon, site Descartes, salle D4.260

Présentation

9h30 - D4.260

Claire Gallien, est maitresse de conférence à l’université Paul Valéry - Montpellier 3.

Membre de l’Institut de Recherche sur la Renaissance, l’Age Classique et les Lumières (IRCL, UMR 5186), ses activités de recherche portent sur l’orientalisme de la première modernité, la construction des littératures orientales en contexte orientaliste britannique, et les résonances de ces configurations dans les littératures contemporaines de langues anglaise, arabe, indiennes.

Elle a publié en octobre 2011 un ouvrage sur les rapports entre la culture savante et la culture commune de l’Orient au XVIIIe siècle intitulé : L’Orient anglais. Connaître et imaginer l’Orient dans la littérature anglaise du XVIIIe siècle (Oxford : SVEC Series).

En 2017, elle a co-dirigé le n° 39.2 de la revue Commonwealth. Essays and Studies, numéro dédié aux littératures anglo-arabes : Anglo-arab literatures.

Résumé de l’intervention :
La séance du séminaire portera sur les apports de la critique postcoloniale dans les études sur la traduction. Nous reviendrons sur le moment clé du cultural turn, la manière dont la critique postcoloniale s’est nichée dans ce tournant et a interpellé le champ de la recherche en traduction, du moins dans son versant théorique. Les logiques commerciales de la traduction des littératures empêchent un véritable tournant postcolonial des pratiques. Le séminaire sera l’occasion pour les participant.e.s de lire ou relire les auteur.e.s qui ont travaillé à l’intersection du postcolonial et de la traduction (notamment Bassnett, Lefevere, Trivedi, Venuti, Niranjana, Robinson, Tymoczko, Dingwaney…). Nous reprendrons les apports du tournant postcolonial et les critiques qui lui ont été faites, et notamment la reconduction de structures binaires, l’essentialisation des “intraduisibles”, ou encore la difficulté de penser la traduction hors schéma de domination, et reviendrons sur les réponses apportées à ces critiques par les théoricien.ne.s du postcolonial. La séance se conclura par une ouverture sur l’apport du tournant que je ne qualifierais pas de postcolonial mais plutôt de décolonial, apport encore largement à venir, à mettre en place, et qui consisterait en un travail de décentrement, d’écoute, et de comparaison sur les manières plurielles de concevoir théorie et pratique de la traduction à travers les traditions littéraires. Nous prendrons pour exemple le texte d’Abdelfattah Kilito, Though shalt not speak my language, et analyserons la manière dont les linguistes arabes classiques ont pu théoriser la traduction et quels discours sur le statut de l’écrit, de l’œuvre, et de l’auteur cette conception implique-t-elle.

14h - D4.260

Béchir Ghachem est masterant de M2 et commence un doctorat à l’université Paris Diderot, IRIS. Il est auteur du mémoire Genre, mémoire, témoignage. De la violence carcérale de genre dans les années de plomb au Maroc à travers l’écriture testimoniale de Fatna El Bouih.

Résumé de l’intervention :

Une femme nommée Rachid de Fatna El Bouih est le premier, et l’unique jusqu’à aujourd’hui, témoignage carcéral marocain écrit par une femme sous le règne autoritaire de Hassan II. Ce texte inclut également les textes de deux autres détenues politiques. D’abord publié en arabe en 2001 sous le titre de Hadith Al Atama (Discours de l’obscurité), puis en français en 2002 par Francis Gouin, et en anglais en 2008 par Susan Slyomovics et Mustapha Kamal sous le titre de Talk Of Darkness, il est considéré par la critique comme le premier témoignage d’une détenue politique pendant les années de plomb. En 2016 la deuxième édition d’Une femme nommée Rachid est publiée en version poche. La séance se concentrera sur la comparaison de ces deux traductions qui soulignera les problèmes de ré-écritures, suppressions et transformations motivées par le gendermainstreaming.

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