Mémoire : Les limites de la démocratisation de la Culture en France depuis 1959 jusqu’à 2009 : Quelles hypothèses pour l’Iran ?
Auteur : Shahnaz Salami
Présentation
La démocratisation de la culture constitue l’un des axes majeurs de la politique culturelle française surtout dans les périodes André Malraux (1959 -1969) et Jack Lang (1981-1986 et 1988-1993). Il est remarquable que ces deux ministres des gouvernements, très différents, de droite et de gauche (Générale de Gaulle et François Mitterrand) aient tous les deux insisté sur cette question de « faire accéder le plus grand nombre des Français aux œuvres ». Au reste, on ne doit pas perdre de vue qu’il s’agit de deux approches différentes qui s’opposent : celle de Malraux reposant sur l’accès de tous à l’art classique et élitiste afin de placer les Français au contact direct des œuvres de l’art et celle de Lang dont la vocation est de reconnaître la diversité et l’égale dignité de tous les arts en particulier l’art contemporain et populaire.
Actuellement, la politique culturelle cherche à trouver un équilibre entre ces deux visions dans le but de la reprise et l’amplification de la politique de la démocratisation culturelle. Au cours des dernières décennies, l’analyse du succès et/ou de l’échec de la démocratisation de la culture est devenue un sujet essentiel d’affrontement. L’importance culturelle de ce phénomène porte avant tout sur ses effets réels tels que réduction de l’écart entre l’œuvre culturelle et le public, élargissement des probabilités d’accès du public au monde de l’art selon les catégories sociales, augmentation du nombre et diversité du public. L’éducation artistique en milieu scolaire, une attention particulière portée sur les médias, l’augmentation du budget culturel de l’État, l’accélération de la déconcentration, l’élargissement du champ d’action, l’abaissement des coûts d’entrées et des biens culturels en offrant les tarifs voire la gratuité ont été quelques-unes des politiques culturelles françaises en vue de la démocratisation de la culture dans le domaine artistique. Mais, au vu des statistiques, plus d’un demi-siècle de cette politique n’ont pas réussi à réduire des inégalités sociales en matière de pratiques culturelles et malgré le développement considérable des équipements, des événements et de l’offre culturels en France, l’écart est encore grand entre la démocratisation et la réalité des résultats concrets atteints. Sans prétendre être exhaustif, dans une perspective descriptive et une approche analytique, s’appuyant sur diverses méthodes de recherche telles que l’analyse du contenu, l’analyse du discours, l’analyse des données statistiques et des entretiens, ce mémoire a visé à analyser le processus de la démocratisation culturelle dans le domaine artistique sous plusieurs angles historique, politique, culturel, social et économique et à présenter des modèles culturels choisis par Malraux et Lang pour poursuivre cet objectif et des résultats obtenus, tout en s’interrogeant également sur les limites de cette politique dans les discours, les moyens, les enquêtes, les actions et les débats. Finalement, vue de l’importance de cette question, ce mémoire s’est intéressé à présenter des solutions pour la France et des suggestions pour l’Iran dans le domaine de la démocratisation de la culture. Tenant compte des impacts considérables du développement des technologies de la communication, des médias et du marché des biens culturels sur la vie culturelle des Français et des Iraniens, il semble qu’une nouvelle page s’est tournée permettant particulièrement la reprise de la politique de démocratisation culturelle dans l’espace virtuel. L’accès à la culture dans le monde virtuel aussi bien que la réglementation du marché culturel, ont ouvert de nouvelles perspectives pour le renouvellement des politiques culturelles des États.