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Séminaire d’ouverture 2021-2022 du pôle IAL (International Advanced Laboratory) Post-Western Sociology in Europe et in China ENS Lyon-CNRS / Académie des Sciences Sociales de Chine

22 septembre 2021, à l’ENS de Lyon, site Descartes, salle D4.260

Programme

  • 14h00-14h20 : Introduction par Laurence Roulleau-Berger, Directrice de recherche au CNRS, Triangle, directrice française de l’IAL.
  • 14h20-14h40 : Liu Yuting, doctorante ECNU (Shanghai)/ENS Lyon, Triangle : Digital labor, transnational bloggers and new capital space in China.
    A digital worker with dual attributes of cross-culture and cross-time and space in the Internet capital space is a transnational blogger. They can make profits in another country through digital labor, but not as labor dispatch workers, contract workers, immigrants and other traditional workers. Given the dual attributes of transnational bloggers, the clue between digital labor, transnational bloggers and China’s new capital space goes beyond the simple logic of digital capitalism. The debate of China’s new capital space is not only the new change of labor forms and social relations, but also the new interaction between multi culture and economy in the context of globalization. This study attempts to take the transnational bloggers who are engaged in digital labor as the starting point, take the process of digital labor (social relations) as the clue, and take the production of monetization in the new capital space as the foothold, that is, to explore the contradiction and tension of digital labor in the new capital space through the path of the subjectivity of laborers -social relations -digital monetization.
  • 14h40-15h  : Li Yong, post-doctorant CNRS, Triangle : “Make a Living by doing Good.” The Moral Economy of Infant Formulas among Chinese Migrant Women in France.
    En Chine, le scandale du lait contaminé à la mélamine de 2008 a conduit les parents chinois à se tourner vers les préparations pour nourrissons étrangères. En France, de nombreuses femmes migrantes chinoises se sont investies dans le e-commerce des laits infantiles de marque française. Elles sont devenues « acheteuses privées » de leurs clients, appelées daigou. Les daigou conçoivent leur commerce sur WeChat comme une activité solidaire qui leur permet de gagner leur vie tout en aidant les parents chinois à se procurer des aliments pour bébés sûrs. Cette communication propose de conceptualiser le e-commerce du lait en poudre des daigou comme une économie morale et d’analyser les façons dont les réalités en ligne et hors fusionnent et se heurtent dans l’élaboration de cette économie morale. Mon argument central est triple : (1) les moralités infusent chaque aspect du commerce électronique des préparations pour nourrissons entre la France et la Chine ; (2) cette économie morale du lait en poudre est construite par l’agencité morale et économique des femmes migrantes à la fois en ligne et hors lignes, à travers les médias sociaux et la mobilité du lait ; (3) cette économie morale est également caractérisée par les tensions éthiques entre les discours et les pratiques en ligne et hors ligne des daigou, et par la collision entre le modèle économique des daigou et des défis hors lignes.
  • 15h-15h20 : Béatrice Zani, postdoctorante Université McGill (Montréal) Pattes de poulet, colis cachés, entrepreneuses connectées. Migration et entrepreneuriat digital entre Chine et Taïwan.
    À l’ère du numérique, les pratiques entrepreneuriales et économiques des migrants investissent des espaces nouveaux : ceux du numérique. À partir du cas d’étude des mobilités des prolétaires migrantes de la Chine à Taïwan, cette communication montre un nouveau lien entre migration, entrepreneuriat et plateformes digitales. En Chine, puis à Taïwan, les jeunes ouvrières migrantes chinoises font face à des situations de mise à distance sociale et familiale, ainsi que d’exploitation au travail et d’exclusion du marché de l’emploi. Pour y répondre, elles trouvent refuge dans les mondes digitaux. Elles s’approprient des espaces numériques dans la mise en place de pratiques d’entraide, qui mènent au développement d’entrepreneuriat digital et d’e-commerce. En quête d’un revenu stable, d’un emploi et d’autonomie économique, à travers l’application en ligne WeChat, elles mobilisent des réseaux sociaux transnationaux et dessinent des circuits économiques peu visibles où des marchandises faiblement légitimes et « contestées » sont commercialisées. Le dispositif numérique favorise l’invisibilité des transactions marchandes, l’évasion fiscale et le contournement des restrictions douanières. La cartographie des économies digitales montre une juxtaposition entre biographies migratoires et géographies commerciales, connectant les spatialités et les temporalités des migrations.
  • 15h20-15h50 : discussion collective
  • 15h50-16h : pause
  • 16h-16h20  : Li Meng, doctorante ECNU (Shanghai)-ENS Lyon, Triangle : New Pathways for Rural Development or Not ? The Case of the Development of AFN in China.
    This paper focuses on the emerging alternative food network (AFN) in China as well as the resulting social organisations such as producer-led networks, consumer-led networks and or volunteer-led networks. According to AFN’s exponents, these food networks may represent alternatives to the conventional production system, because they reflect both a “quality turn” and a process of (re)localization of the agri-food system. My paper proposes to explore the impact of this shift on the urban-rural relation. My central argument is threefold : (1) The development of AFN reflects a change in the structure of urban consumption which results in an unstable market. (2) The peasants are facing new inequalities (3) The government will have to be enrolled in the campaign due to loose self-organization.
  • 16h20-16h40 : Oscar Truong, doctorant Triangle : De la production d’un Archipel transcritique en Asie de l’est ?
    En Asie de l’Est (Chine, Hong-Kong, Japon, Taïwan), les effets des modernités sur les sociétés sont contestés par une partie de la jeunesse. Un archipel transnational d’espaces autonomes rassemble cette jeunesse porteuse de dispositions critiques à l’égard du caractère autoritaire et néolibéral de leurs sociétés. Construit autour de normes minoritaires partagées, ce réseau d’espacse permet à cette jeunesse d’échanger et d’organiser son indignation face aux normes majoritaires et internationales. Dans ce contexte, c’est à partir de pratiques collectives artistiques, culturelles et sociales que cette jeunesse parvient à construire stratégiquement ses propres espaces, à donner du sens à ses aspirations, indignations et révoltes.Ce travail de recherche se concentre sur un terrain d’enquête principal à Canton et des terrains secondaires en Chine (Pékin, Wuhan, Shanghai) et en Asie de l’est (Corée, Japon, Taiwan, Hong-Kong). Ces espaces qui s’invisibilisent en prenant la forme de magasins, de galeries d’art, d’auberges de jeunesses, de librairies ou d’infoshops rassemblent quotidiennement les jeunes qui les font vivre autour d’activités culturelles, créatives, et associatives. A travers leurs pratiques, qu’elles soient banales, sociales ou artistiques, ces jeunes se mobilisent collectivement pour partager des normes d’entraide, d’autogestion, de justice. C’est à partir de la diffusion de ces normes minoritaires transnationales au sein des espaces que s’établit le maillage et les connexions constitutives de cet archipel transcritique est-asiatique.
  • 16h40-17h : Jean Tassin, doctorant ENS Lyon/ECNU (Shanghai), Triangle : Retour à la terre des « paysans-entrepreneurs » : les nouveaux acteurs de l’agroécologie paysanne chinoise.
    Cette communication analyse les processus de cadrage à l’œuvre dans la redéfinition de l’« agroécologie paysanne » dans la Chine contemporaine. Se fondant sur l’étude des « néo-paysans » qui ont fait leur apparition au sein des réseaux de l’agriculture biologique paysanne, il interroge les ambiguïtés de l’éthique alimentaire comme pierre angulaire des marchés alimentaires alternatifs. Cette recherche porte sur l’émergence des « paysans-entrepreneurs » à travers (1) la transmission de valeurs et de compétences dans les processus de valorisation du patrimoine culturel, (2) l’instauration d’un climat de « confiance » dans les échanges marchands, et (3) la négociation entre producteurs et détaillants dans un marché de qualité pour des produits singuliers.
  • 17h-17h20 : Verena Richardier, docteure en sociologie : Les Émotions Non Politiques : La professionnalisation d’une ONG « chinoise » dans le sillage d’une ONG « internationale » à Pékin.
    Je propose avec cette intervention d’explorer la professionnalisation d’une ONG chinoise, appelée Gei Ai. La professionnalisation est permise par la fluidité, dans une perspective mouvante et é-mouvante, où « aider » permet de « militer » de manière détournée dans le contexte d’un « autoritarisme négocié ». L’émotion non politique est un moyen d’exister pour les ONG chinoises, mais aussi de capter des financements de l’État chinois et d’une population dont la classe moyenne devient de plus en plus conséquente, le tout dans le cadre d’un nationalisme associatif qui les privilégie. J’explore ce processus de légitimation par les émotions à partir du cas de deux organisations, l’organisation chinoises Gei Ai s’occupant d’enfants déficients intellectuels, et l’ONG Handicap International qui a travaillé avec elle. La place de Handicap International, sa relation de patronage puis l’éloignement de l’ONG « locale » devenant « nationale » illustre, avec ses contradictions, la construction progressive de cette professionnalisation en mouvement, montrant la porosité des groupes professionnels, au-delà des catégories ONG locales, militantes, chinoises ou internationales.
  • 17h20-17h45 : discussion collective
  • 17h45-18h : synthèse de la journée
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