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/ Ateliers pratiques numériques en SHS - ED 483 (2014-2017)

Module Analyse Quanti : Conférence HN « Les méthodes quantitatives en SHS » Loïc Bonneval

vendredi, 6 février 2015

Intervenant

Cette conférence introductive aux méthodes quantitatives en SHS a été organisée et animée par François Robert, membre du Chantier transversal Humanités Numériques du laboratoire Triangle.

La conférence, orientée humanités numériques et socio/sce po, avait pour objectif de vous faire (re)découvrir les méthodes quantitatives appliquées aux SHS grâce à un retour réflexif sur leur utilisation.

Compte-Rendu et Ressources

Loïc Bonneval : « Les méthodes quantitatives en SHS »

Introduction de la séance par François Robert (Triangle) : l’objectif de la conférence est une sensibilisation des enseignants/chercheurs et doctorants des laboratoires participants aux Ateliers Pratiques Numériques (CMW / EVS / HiSoMA / Triangle) aux Humanités Numériques, à partir de retours d’expérience disciplinaires ou thématiques. Ce matin c’est l’analyse quantitative de données qui fera l’objet de la conférence de Loïc Bonneval. Cette conférence introduit une série de 2 ateliers de sensibilisation aux statistiques animés par Julien Barnier : le 5 mars et le 31 mars 2015 sur le test du Khi2 et l’utilisation de R.

François Robert rappelle que la prochaine série d’ateliers sera organisée à partir d’avril, avec pour thématique la cartographie. Et qu’au fil des ateliers on adaptera le propos pour que les conférences et les ateliers soient profitables à tous les participants.

Tour de table : 17 personnes (9 chercheurs et doctorants, 8 ingénieurs)

Présentation

Loïc Bonneval est sociologue maître de conférences en sociologie urbaine à Université Lumière Lyon 2 et membre du Centre Max Weber. Dans le cadre de son travail, il utilise des méthodes quantitatives, même s’il ne se présente pas comme un quantitativiste.

D’autre part, en tant qu’enseignant/chercheur, il encadre des étudiants en MIASHS (Mathématiques informatique statistiques appliquées aux sciences humaines et sociales), avec des spécialités variées (psychologie, sociologie, etc.) et enseigne toute une série de méthodes statistiques. Il présente des exemples issus de ses propres recherches et de ses enseignements pour expliquer les décalages entre les possibilités de traitements aujourd’hui offertes en statistiques et les réticences à s’approprier ces outils.

Le point de départ de la présentation est le constat récurrent d’un certain décalage entre les possibilités qui existent dans le domaine des traitements statistiques et les réticences des chercheurs à s’approprier ces outils.
Il faut donc revenir sur ces freins avant de proposer quelques réflexions sur l’utilisation des statistiques en SHS.

Dans un premier temps, il faut revenir sur ces réticences à l’utilisation des statistiques

Les réticences sont de plusieurs ordres :

Il est important de discuter ces raisons « épistémologiques » car elles ne sont pas totalement convaincantes. En particulier, il faut récuser un certain nombre d’oppositions :

Les réticences à l’encontre de l’utilisation des statistiques ne les invalident pas mais sont à considérer plutôt comme des précautions méthodologiques à adopter.

Par ailleurs, il faut rappeler les apports de ces méthodes

En définitive, pour qui se pose la question de l’utilisation des données statistiques, il convient d’être pragmatique. L’enjeu se situe du côté du type d’investissement (potentiellement important) qu’il faut envisager, et, pour ainsi dire, du calcul coût/avantage pour une recherche. L’acquisition d’une forme de culture statistique (par des formations, ateliers, etc.), qui repose plus sur la familiarisation avec un certain type de raisonnement que sur des compétences mathématiques, doit permettre ce calcul.

Quelques éléments sur la pratique statistique en SHS

Ce « coût » d’accès aux statistiques est en partie réduit par les nombreuses ressources actuellement disponibles. Mais il y a aussi des points auxquels il faut être attentif avant d’investir cette dimension quantitative (a-t-on assez de données, sont-elles adaptées, etc.). Je me contenterai ici de quelques remarques sur les données et les outils

a) données

b) outils

On retrouve ce principe dans les analyses multivariées mais avec deux logiques différentes :

En conclusion, retour sur l’idée qu’il faut bien appréhender l’investissement que demande l’utilisation de ces méthodes, mais aussi leur apport, et que l’appui non seulement sur des formations mais sur l’expérience des chercheurs, ingénieurs, doctorants, etc. est nécessaire pour appréhender les implications de ces choix méthodologiques.

Discussion
François Robert revient sur la question de l’investissement coût/avantage que tout doctorant ou chercheur se pose avant de commencer une recherche. Il prend comme exemple 3 recherches en SHS (une en sciences-po, deux en histoire), qui ont toutes intégré la prosopographie, pour discuter les méthodes utilisées et voir ce qu’une analyse plus statistique aurait pu apporter.

1) Bruno Dumons, Gilles Pollet, Pierre-Yves Saunier, Les élites municipales sous la III° République. Des villes du Sud-Est de la France, Paris, CNRS Editions, 1997.

Le chiffre n’est pas absent mais il est là pour donner un cadre (nombre d’habitants, budget, personnel municipal, …). Aucune analyse issue de calcul, aucune mise en corrélation de variables (chaque variable est commentée), il ne pense pas qu’aujourd’hui on ferait le même type de recherche : l’analyse prosopograhiques des élites municipales s’opérerait à l’aide d’une base de données relationnelle doublée d’une analyse de réseaux, etc. Ce qui ne veut pas dire que les résultats auraient été différents.

2) Hervé Joly, Diriger une grande entreprise au XXe siècle. L’élite industrielle française, PU François Rabelais, Tours, 2013, 425 p.

Analyse d’un corpus de 193 dirigeants et de 21 entreprises sans avoir recours à l’analyse factorielle qui aurait permis de typologiser davantage cette population. C’est ici un choix méthodologique assumé car, par la suite, H. Joly, dans un article collectif avec François-Xavier Dudouet, Éric Grémont et Antoine Vion, étudiera « L’espace social des dirigeants du CAC 40 » (Revue française de socio-économie 2014/1, n° 13 p. 23-48) en s’appuyant sur une analyse factorielle (ACM). Elle lui permettra de mettre en évidence les différents groupes de dirigeants (838 personnes). Il passe d’une statistique descriptive à une analyse géométrique des données. La lecture des espaces factoriels n’est pas aussi aisée que le commentaire le laisse paraître.

3) Danièle Fraboulet, Les organisations patronales de la métallurgie : acteurs, stratégies et pratiques durant le premier Xxe siècle, Dossier pour l’habilitation à diriger des recherches, Université Paris VIII, 2004, p. 100 et suiv.

Contrairement aux deux autres études précitées, elle utilise une AFM, dont sa réalisation a été externalisée, pour typologiser la cinquantaine de membres du bureau de l’UIMM (Union des industries métallurgiques et minières). L’espace factoriel l’aide au moins à caractériser les deux groupes les plus opposés même si la faiblesse des effectifs, dans chacun des autres groupes (3) caractérisés, fragilise l’interprétation des données.

Ces propos introduisent toute une série de questions des participants autour de l’idée de "dés-appréhender" les outils et méthodes numériques.

Pour tenter de répondre à certaines de ces questions, les ateliers ont 3 objectifs principaux :

Compléments d’information

Nombreux sites web didactiques pour aider à s’approprier l’analyse de données :

Bibliographie et ressources

Livres

Méthodes quantitatives pour les sciences sociales – 4 livres en ligne sur le site de la revue Sciences humaines, collection dirigée par Alain Degenne et Michel Forsé.

CIBOIS Philippe, Les méthodes d’analyse d’enquêtes, PUF« Que sais-je », Paris, en 2007. Réédité dans Bibliothèque idéale des sciences sociales : http://books.openedition.org/enseditions/1443
CHANVRIL-LIGNEEL Flora, Le Hay Viviane Méthodes statistiques pour les sciences sociales, Paris, 2014, 288 p.
DESROSIERES Alain, La politique des grands nombres, Paris, La Découverte, 1993.
GUAY Jean-Herman, Statistiques en sciences humaines avec R., Presses de l’Université de Laval, Laval, 2014. 2e édition.
HOWELL David C., Méthodes statistiques en sciences humaines, Paris, 2008.
LEBARON Frédéric, L’enquête quantitative en sciences sociales, Paris, Dunod, 2006.
LEMERCIER Claire et ZALC Claire, Méthodes quantitatives pour l’historien, Paris, La Découverte, coll. Repères, 2008.
MARTIN Olivier, L’analyse de données quantitatives, Paris, Armand Colin, 2012.
PAILLÉ Pierre, Alex Mucchielli, L’analyse qualitative en sciences humaines et sociales, Armand Colin, coll. U, Paris, 2012.
ROSENTAL Claude et FREMONTIER-MURPHY Camille, Introduction aux méthodes quantitatives en sciences humaines et sociales, Paris, Dunod, 2001.

Quelques articles :

Revue d’histoire des Sciences humaines, 2001/1, n° 6. Dossier : Mathématiques et sciences sociales au XXème siècle (Lien vers le dossier). Le numéro contient cinq articles qui traitent de l’utilisation de méthodes mathématiques ou, plus généralement, quantitatives dans les sciences sociales, pour la période 1930-1980.