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Colloque « Les Italiens à Lyon : Espace urbain, identités nationales et représentations »

vendredi, 11 juillet 2014

Organisateurs

Direction scientifique

Jean-Luc Pinol, Michelle Zancarini-Fournel, Jean-Luc de Ochandiano, Pierre Girard, Stéphanie Lanfranchi.

Présentation

Pendant un siècle (1860-1960), l’immigration italienne a constitué, une part majeure des flux migratoires vers l’agglomération lyonnaise. Mais la mémoire de ces dizaines de milliers de migrants transalpins est peu présente dans l’espace urbain. Leur histoire, qui est encore largement à écrire, pourrait pourtant offrir de multiples points de vue pour étudier les dynamiques en cours dans l’espace urbain de l’agglomération lyonnaise et au sein du monde ouvrier pendant cette période.

Identités nationales et xénophobie
Les années 1880-1890 ont été marquées par le développement de manifestations xénophobes qui prennent de multiples formes et touchent en majorité, à Lyon, les immigrants transalpins : de la pétition ouvrière demandant l’interdiction des étrangers sur les chantiers publics aux attaques anti-italiennes consécutives à l’assassinat de Sadi Carnot par l’anarchiste italien Caserio en juin 1894, ces événements sont nombreux dans l’espace public.
Les syndicats sont également touchés de plein fouet par la « question des étrangers » et traversés par des débats qui construisent, peu à peu, des lignes de partage nouvelles autour des notions de « classe » et de « nation ». Ces débats ont été très importants dans l’évolution des groupes ouvriers tant au plan national qu’au niveau local, comme en témoignent notamment le bâtiment à Lyon qui, dès le début du 20e siècle, invente des formes organisationnelles nouvelles pour répondre à la tentation xénophobe au sein du monde ouvrier.
Les attaques anti-italiennes de 1894 doivent aussi être interrogées dans cette perspective. Comment se développe un tel événement dans l’espace urbain ? Peut-il être comparé avec les Vêpres marseillaises (1881) et le Massacre d’Aigues-Mortes (1893). Quelle est la place des nouvelles normes identitaires liées au droit de la nationalité dans les flambées de violence anti-italienne ?

Accueil, logement et encadrement des Italiens à Gerland
En changeant d’échelle, nous passerons de l’agglomération lyonnaise à un quartier ouvrier marqué, dès la fin du 19e siècle, par une forte présence transalpine. La question du logement a été, pour les immigrants, une question lancinante : les garnis sordides de la fin du 19e siècle, les logements « gratuits » proposés au sein même des usines, les « baraques » de Gerland élevés à l’ombre des HBM réservés aux Français marquent un espace stigmatisé, dont il faut faire la géographie, notamment, pour les quartiers de « baraques », et où les étrangers s’installent aux marges de la ville avec des dynamiques et des usages sociaux qu’il s’agit de mieux cerner.

Dans cet espace extrêmement contraint diverses formes d’encadrement ont pu voir le jour, notamment dans le domaine religieux. Les nouvelles paroisses qui naissent dans le quartier, les organisations caritatives catholiques françaises et italiennes qui s’y implantent, les fêtes religieuses italiennes qui s’y développent témoignent d’un territoire devenu terre de mission pour un catholicisme social, notamment au moment de la crise des années 1930, avec un regard sans complaisance sur le monde ouvrier des migrants.

Discours, récits et représentations de l’immigration italienne
Les associations catholiques ne sont pas les seules à s’intéresser aux Italiens à partir de la fin du 19e siècle. Une multitude d’acteurs (institutions publiques, associations, hommes politiques…) se mettent alors à s’intéresser et à intervenir auprès de ces immigrants, produisant des représentations et des discours publics toujours plus denses qui, bien souvent, fabriquent de la discrimination et contribuent à durcir les frontières entre les groupes nationaux. Journalistes et romanciers se mettent aussi à construire des récits mettant en scène des stéréotypes de l’« Italien » et du « Français » qui se diffusent dans le corps social et contribuent à informer le regard sur les Transalpins.
La fin de l’immigration italienne n’a pas interrompu cette production multiforme de discours publics sur les étrangers mais elle est à l’origine d’un nouveau type de récit, plus intime et lié à une approche mémorielle, que ce soit à travers la littérature ou le cinéma. Dans ces œuvres, le regard sur l’étranger se complexifie et les frontières entre « nous » et « eux » se brouillent.

Programme

Jeudi 6 novembre 2014, université Jean Moulin Lyon3

Identité nationale et xénophobie
Présidence : Romain DESCENDRE, Études italiennes, ENS de Lyon, Triangle

Vendredi 7 novembre 2014, archives municpales de Lyon

Les Italiens dans l’espace urbain : Gerland (1930-1960)
Présidence : Michelle ZANCARINI-FOURNEL

Discours, récits et représentations de l’immigration italienne
Présidence : Stéphanie LANFRANCHI, Études italiennes, ENS de Lyon, Triangle