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/ Autres événements organisés par des membres de TriangleConférence « Dynamiques d’internationalisation et pensées non hégémoniques en sciences sociales » avec Yves Gingras et Svetla Koleva, organisée par Julien Barrier et Laurence Roulleau-Bergermardi, 12 avril 2022 |
Organisée par Laurence Roulleau-Berger et Julien Barrier avec le soutien de Triangle (UMR CNRS 5206) et du Laboratoire de l’Éducation (UAR CNRS 3773), cette conférence aborde les dynamiques contemporaines d’internationalisation des sciences humaines et sociales et leurs limites à partir du cas de la sociologie. Dans la lignée des réflexions menées dans le chantier transversal Politique des savoirs et le pôle Post Western Sociology du laboratoire Triangle, il s’agira d’interroger les logiques de production et de circulation des savoirs ainsi que les formes de domination et d’hégémonie intellectuelle qui traversent la discipline.
Son intervention abordera les limites de l’internationalisation des sciences humaines et sociales.
Elle part du constat que le projet d’internationalisation des SHS passe le plus souvent par le truchement de la publication en anglais en lieu et place des langues nationales. Prenant comme étude de cas l’expérience française de traduction systématique de certaines revues SHS en anglais (Revue Française de sociologie et Population), il s’agira de montrer que ce projet coûteux n’a pas atteint les buts escomptés car il est fondé sur de fausses prémisses qui ignorent les différences de nature entre les objets des sciences de la nature et ceux des sciences sociales.
Son intervention est une invitation à rencontrer le passé disciplinaire de la sociologie pratiquée sous les régimes communistes en Europe centrale et de l’Est comme une œuvre collective faite de méconnaissances et soupçons mutuels, de rendez-vous manqués, de découvertes enthousiasmées.
Ayant existé plus de quatre décennies dans les conditions relativement identiques de contrôle politico-idéologique, de monopole paradigmatique du marxisme idéologisé et d’isolement cognitif, la sociologie est-européenne interroge le développement même de la discipline. Deux questions principales sont traitées : 1) comment la sociologie développe-t-elle le projet scientifique de la discipline devenant composante de la structure institutionnelle de l’État-Parti communiste, et en particulier, de la structure disciplinaire de la science « marxiste-léniniste » ?, et
2) comment est produite la connaissance sociologique de et dans la nouvelle société dite socialiste qui se constitue à la fois comme un nouvel objet de recherche, un nouveau contexte d’exercice de la discipline et un nouveau modèle axiologique ; quelle est la valeur cognitive et sociale des savoirs produits ? Sur la base d’une étude comparée des sociologies nationales des cinq pays est-européens (Bulgarie, Hongrie, Pologne, ex-Tchécoslovaquie et ex-Union soviétique), est démontrée la thèse suivante : en défendant son identité scientifique du savoir du social objectif et vérifiable et produisant des connaissances en conformité avec les modèles de scientificité en
œuvre dans la discipline de l’époque, la sociologie est-européenne non seulement sort de la marginalité mais développe des pratiques post-occidentales avant la lettre.