Hasnaa El Awad soutient sa thèse en études arabes intitulée « La paix dans les arts de gouverner en Islam à l’âge classique »
à l’ENS de Lyon, bâtiment Buisson, salle D8.001 - 16 novembre 2022
Présentation
Hasnaa El Awad est doctorante en études arabes sous la direction de Makram Abbès (ENS de Lyon) et la co-direction d’Elisabeth Vauthier (Université de Lyon 3).
Composition du jury :
- VALLET, Éric, Professeur des Universités, Université de Strasbourg, Rapporteur
- BURESI, Pascal, Directeur de recherche, CNRS / CIHAM, Rapporteur
- GHERRAFI, MiloudProfesseur de, s Universités, Université Jean Moulin Lyon 3, Examinateur
- ZOUACHE, Abbès, Chargé de recherche, CNRS, Examinateur
- BERRIAH, Mehdi, Professeur, Université d’Amsterdam, Examinateur
- ABBÈS, Makram, Professeur des Universités, ENS de Lyon, Directeur de thèse
- VAUTHIER, Élisabeth, Professeur des Universités, Université Jean Moulin Lyon 3, Co-directrice de thèse
Résumé en français
La thèse se propose d’étudier la pensée des Musulmans dans les arts de gouverner en Islam à l’âge classique afin d’évaluer si le fondement des relations entre les Musulmans et les non-Musulmans est basé principalement sur la paix ou sur la guerre. Les relations entre Musulmans et non-Musulmans sont basées sur des contrats. Pour établir ces contrats, les juristes classiques ont inventé une division bipartite du monde : la demeure de l’Islam (dār al-islām) et la demeure de la guerre (dār al-ḥarb). Certains parmi ces juristes rajoutent une troisième demeure temporaire appelée demeure de la trêve (dār al-hudna) qu’établit le contrat de la trêve (‘aqd al-hudna). Le Musulman est l’habitant par excellence de cette première demeure, celle de l’Islam. Il reçoit de la part des autorités la protection de sa vie et de ses biens. De la même manière, par le contrat de protection (‘aqd al-amān), les ḏimmī, les résidents permanents, et les musta’man, les résidents temporaires, reçoivent, en théorie, les mêmes droits que les Musulmans. En contrepartie, ils ont des devoirs comme le paiement de l’impôt de capitation (ǧizya), dans le cas des résidents permanents. En pratique, certaines règles juridiques peuvent différer, en fonction du gouvernant au pouvoir, entre autres. Au-delà des contrats liés entre les deux parties, les juristes ont aussi pensé ces rapports en temps de guerre, en faisant une distinction entre les combattants et les non-combattants, et en réfléchissant au sort des prisonniers de guerre. D’autre part, la tradition des Miroirs des princes arabes traite des armes du prince, des stratégies diplomatiques et militaires pour assurer et maintenir la paix. Le concept de ruse (ḥīla) occupe une place importante dans cette littérature, le but étant d’utiliser des ruses et des stratagèmes pour essayer de ne recourir à la guerre qu’en dernier recours. De plus, l’envoi d’ambassadeurs jouait un rôle déterminant dans les rapports diplomatiques, puisqu’ils étaient ceux qui pouvaient faire pencher la balance en faveur de la guerre ou de la paix.
Mots clé : Paix / Protection / Guerre / Contrats / Islam / Moyen Orient / Monde arabe / Science politique / Science juridique / Miroirs des princes / Age classique / Médiéval / Gouvernement / Relations internationales / Combattants / Non-combattants / Dimma / Sauf-conduit Miroirs des princes arabes
Abstract
The thesis aims to study the thinking of Muslims in the arts of governing in Islam in the classical age in order to assess whether the foundation of relations between Muslims and non-Muslims is based mainly on peace or on war. Relations between Muslims and non-Muslims are based on contracts. To establish these contracts, the classical jurists invented a bipartisan division of the world : the House of Islam (dār al-islām) and the House of War (dār al-ḥarb). Some of these jurists add a third temporary house called the House of the Truce (dār al-hudna), which is established in the contract of the truce (‘aqd al-hudna). The Muslim is the inhabitant of this house, that of Islam. He receives from the authorities the protection of his life and property. Similarly, under the contract of protection (‘aqd al-amān’), the ḏimmī, i.e. the permanent residents, and the musta’man, i.e. the temporary residents, are, in theory, given the same rights as Muslims. In return, they have duties, such the capitation tax (ğizya) that is paid by permanent residents. In practice, some legal rules may differ, depending on the ruling government. Beyond the contracts between the two parties, jurists have also thought about these relationships in wartime, distinguishing between combatants and non-combatants, and reflecting on the fate of prisoners of war. Furthermore, the tradition of the Arabic Mirrors for princes deals with the prince’s weapons, diplomatic and military strategies for securing and maintaining peace. The concept of cunning (ḥīla) occupies an important place in this literature. The goal was to use tricks and stratagems to try to make war a last resort. In addition, the sending of ambassadors played a crucial role in diplomatic relations, since they were the ones who could tip the balance in favor of war or peace.
Key words : Peace / War / Contracts of protection / House of War / House of Islam / Classical jurists / Arabic Mirrors for princes