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Journée d’études organisée par Anne Verjus : État, mariage et ordre social à l’ère révolutionnaire : sexualisme ou conjugalisme ? (1789-1848).

3 juillet 2007, à l’ENS-LSH, en R253, toute la journée (nombre de places limité)

Présentation de la journée d’études

Thomas Laqueur (La Fabrique du Sexe, 1992) prétend qu’à la pensée du genre (ou modèle du « sexe unique »), propre à l’ancien régime, succède l’« idéologie des deux sexes » qui a permis de justifier et légitimer l’ordre politique démocratique et notamment l’exclusion politique des femmes. Cette idéologie des deux sexes, caractérisée par la constitution de deux classes de sexe « incommensurables », est développée notamment par les médecins de l’époque (Virey, Roussel, etc.).
A contrario, les travaux récents de Suzanne Desan (The Family on Trial..., 2004), Jennifer Heuer (déjà citée) ainsi que le travail d’Anne Verjus sur le familialisme des lois électorales de la période 1789-1848 (Le Cens de la famille..., 2002), laissent croire que c’est au contraire une pensée conjugaliste qui a permis d’organiser, non seulement les relations conjugales après 1794, mais également les droits et devoirs différenciés des hommes et des femmes dans la cité politique et plus largement dans la société civile, et cela dès 1789. Par pensée conjugaliste, Anne Verjus entend une pensée de l’unité d’intérêts entre les hommes et les femmes, une pensée de la complémentarité et non de l’incommensurabilité, une pensée enfin qui place le couple et non l’individu (qu’il soit neutre ou sexué) à l’origine « anthropologique » de la société. Une pensée qui permettrait de comprendre comment et pourquoi les révolutionnaires et les législateurs du Code civil ne voient pas de contradiction à instituer une famille hiérarchique au sein d’un code de lois individualiste ; et à promouvoir la figure d’un citoyen représentant de la nation tout entière quoiqu’incarné par une partie seulement des membres de cette nation.
Anne Verjus propose donc, dans le cadre de cette journée d’étude, de travailler sur « État, mariage et ordre social à l’ère révolutionnaire - 1789-1848 : sexualisme ou conjugalisme ? » afin de vérifier la pertinence de cette hypothèse conjugaliste pour l’analyse de l’organisation genrée des rapports, des droits et des représentations politiques et sociaux à l’ère révolutionnaire.

Intervenants

  • Anne Verjus, chargée de recherche au CNRS/Triangle (UMR 5206), à l’ENS-LSH, auteur du Cens de la famille, Les femmes et le vote, 1789-1848, Paris, Belin, 2002.
  • Rebecca Rogers, professeur d’histoire à Paris 5/Sorbonne, auteur notamment de From the Salon to the Schoolroom : Education Bourgeois Girls in Nineteenth-Century France, Penn State University Press, 2005.
  • Annie Lechenet, maître de conférences de philosophie à l’IUFM de Lyon-Saint-Etienne, membre de Triangle (UMR 5206), auteur de Jefferson-Madison, un débat sur la République, PUF, 2003.
  • Jennifer Heuer, Assistant professor à l’Université de Massachusetts Amherst, auteur de The Family and the Nation, Gender and citizenship in Revolutionary France, 1789-1830, Cornell University Press, 2005.
  • Jacques Guilhaumou, directeur de recherche au CNRS/Triangle (UMR 5206), auteur notamment de Femmes entre ombre et lumière. Recherches sur la visibilité sociale (XVIème-XXème siècles), Paris, Ed. Publisud, 2000.
  • Christine Fauré, directrice de recherche au CNRS/Triangle (UMR 5206), auteur notamment de l’Encyclopédie politique et historique des femmes, Paris, PUF, 1997.
  • Suzanne Desan, professeur d’histoire à l’Université de Wisconsin-Madison, auteur notamment de The Family on Trial in Revolutionary France, University of California Press, 2004.
  • Denise Davidson, Assistant professor à l’Université de Georgie, auteur de France after Revolution, Urban life, Gender and new social order, à paraître en 2007.
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