/ Séminaire Etudes Africaines (archives 2016-2017)

Marie Morelle : « Case Prison. Frontières carcérales et circulations urbaines à Yaoundé (Cameroun) »

1er décembre 2016, de 14h à 17h, à l’ENS de Lyon, Salle F101, Bâtiment Formation

Intervenante

Marie Morelle, maître de conférence à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne (UMR Prodig / Equipe ECOPPAF.

Résumé

Dans un premier temps, mon intervention propose de conduire une analyse des rapports de pouvoir intrinsèques au fonctionnement de la prison centrale de Yaoundé, au Cameroun. En écho aux conclusions formulées dans le champ des études carcérales, il sera question de discuter de l’emprise de l’institution pénitentiaire sur les individus incarcérés comme des multiples arrangements liant principalement agents institutionnels et détenu(e)s au fondement d’un ordre carcéral négocié.

Dans un second temps, je souhaite appréhender l’expérience carcérale des détenus en lien avec leur expérience urbaine. Il ne s’agit plus seulement de cerner comment les statuts sociaux d’individus incarcérés orientent les rôles et les places en prison mais aussi de saisir comment l’expérience carcérale peut influer, à son tour, sur les manières de se positionner et d’être placé au sein de la société urbaine. En outre, il sera nécessaire de considérer au-delà des parcours des détenu(e)s, ceux de leurs proches.

Quand bien même elle s’inscrit dans le cadre de rapports de domination, l’expérience de la prison et donc d’un certain rapport à l’Etat peut nourrir une discussion sur la possibilité d’une relative affirmation de soi : des citadins, dominés, se pensent et se construisent en sujets politiques. Il s’agira moins d’envisager la prison comme espace fermé que de discuter des possibilités de dépassements des frontières carcérales - des points de vue matériel et symbolique - et des manières dont des individus négocient, subvertissent résistent sans nécessairement une visée politique explicite leur place en prison, en ville et plus largement dans la société camerounaise.