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Colloque international "Esthétisation de l’espace public et tournant culturel des questions métropolitaines"

27 novembre 2013 - 29 novembre 2013, à la Maison des Sciences de l’Homme Alpes, Grenoble (grand amphithéâtre)

Présentation

Ce colloque se propose d’analyser quelques évolutions récentes des espaces publics à travers trois entrées principales : le tournant culturel, l’esthétisation de l’espace public et l’environnement public.

Notre colloque analyse d’abord le tournant culturel des questions métropolitaines qui se déclinerait selon quatre modalités soulignées par la recherche contemporaine et proposées au débat. En premier lieu les recompositions territoriales contemporaines s’appuient sur des politiques d’image qui empruntent à l’art et à la culture leur puissance symbolique. En second lieu les processus de restructuration des systèmes productifs fordistes ont placé l’économie culturelle et les industries créatives au centre des débats sur l’avenir des territoires. En troisième lieu, la recherche contemporaine souligne les ressorts culturels de la créativité économique : les villes sont elles-mêmes sources de culture et de créativité susceptibles de refonder l’action collective urbaine et de nourrir leur développement. Enfin, les chercheurs et les décideurs mettent l’accent sur l’attraction de certaines franges du corps social capables, par leurs pratiques culturelles et les valeurs qui les animent, d’initier le changement urbain.

Pour souligner l’importance du rôle des artistes dans ce tournant culturel métropolitain notre colloque croisera les analyses précédentes avec une approche complémentaire, celle de l’esthétisation de l’espace public . Ce terme désigne une série d’initiatives qui traduisent l’importance croissante de l’esthétique dans l’espace public : les interventions multiformes des artistes dans les espaces publics urbains ; la convocation du sensible dans la production urbaine ; le développement des mobilisations « esthétiques » impliquant artistes et habitants. Pour comprendre la portée de ces initiatives, nous préciserons d’abord la signification des notions utilisées. D’une part, l’espace public se conçoit comme l’espace concret des formes urbaines (places, rues…) accessibles au public (public space) cher aux urbanistes. L’espace public est aussi l’espace de dialogue (public sphere) que désigne le débat public analysé par les politistes. D’autre part, l’esthétique ne désigne pas seulement les pratiques et les productions artistiques : nos travaux portent depuis plusieurs années sur un élargissement de cette formulation essentiellement visuelle de l’esthétique à une conception pragmatique et sensible (aesthesis) dépassant les références aux œuvres d’art et au paysage. Ils accordent une place privilégiée à l’expérience esthétique pouvant se produire dans des domaines variés, scientifiques, philosophiques, ou dans la vie quotidienne. Cette conception pragmatique de l’esthétique se définit alors comme une compétence commune aux artistes et aux habitants et les artistes deviennent parfois les médiateurs de cette expérience de l’habitant, tout en favorisant l’émergence d’un débat public illustrant l’importance nouvelle des enjeux sensibles et habitants dans la production de la ville.

L’espace public est également profondément transformé par la question environnementale. Les nouvelles politiques environnementales (biodiversité et nature en ville, politiques climatiques, développement urbain durable) transforment profondément la ville pour contribuer aux grands équilibres de la planète. Ils renforcent les conceptions de la ville comme écosystème. Mais l’environnement c’est aussi l’importance croissante des environnements ordinaires, vécus par et pour les habitants. Ainsi l’espace public tend à devenir un environnement public . Les questions de la « nature en ville » investissent l’espace public or le débat qui s’y déploie est lui aussi soutenu, stimulé par les ressorts de l’esthétique et la participation des artistes. L’approche esthétique pragmatique élargit l’expérience esthétique à l’appréhension de l’environnement. Cette esthétique environnementale permet d’aborder de manière renouvelée les initiatives de « réappropriation » de la nature en ville et les relations environnementales qui les sous-tendent. Elle permet notamment de penser le potentiel imaginaire des éléments naturels et le rôle des artistes et des autres acteurs de l’esthétique (architectes, paysagistes…) dans les actions de sensibilisation qui accompagnent les politiques environnementales dans la ville

Contact

Philippe Chaudoir

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