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Journée d’étude/doctoriale : "Les révoltes dans le monde arabe entre discours et actions : origines, état des lieux et perspectives pour la région"

10 juin 2011, de 8H30 à 19H30, en salle Michel Seurat, à l’IEP de Lyon, Lyon (7e)

Présentation

La mort, par immolation, du diplômé-chômeur Mohammed Bouazizi, le 4 janvier 2011 en Tunisie, consacrera le début d’un cycle de protestations et de conflit sans précédent dans le monde arabe. Il va d’abord s’étendre sur l’ensemble du territoire tunisien, poussant vers la sortie le général Ben Ali lequel présidait aux destinées du pays depuis 1987, avant d’inspirer, ensuite, tous les peuples « frères » d’Egypte, de Bahreïn, de Libye, de Syrie etc., qui prirent également à leur tour, le parti de mettre en cause la légitimité de leurs régimes respectifs marqués par le clientélisme, le népotisme et la corruption structurelle. De telle sorte qu’il est beaucoup question aujourd’hui de « printemps arabe », selon l’expression en vogue, suggérant, non sans une espèce de jugement normatif, le caractère de renouveau et de rupture avec les formes de culture politique apparemment héritées de décennies de « servitude volontaire » ou de « syndrome autoritaire ». En effet, ces révoltes, par leur aspect spontané et populaire, ont bel et bien déjoué tous les pronostics sur l’apparente invincibilité de la dictature.

Le geste désespéré de ce jeune tunisien de 26 ans qui est désormais inscrit pour toujours dans l’histoire et la mémoire des peuples du Sud, rompant avec une espèce de « forclusion » politique, ne fut pas anecdotique ; loin s’en faut. D’une part, Il fut, on peut le dire aujourd’hui avec certitude, l’étincelle qui mit le feu aux autoritarismes démontrant que la culture arabe et/ou islamique ne constitue aucunement un obstacle ontologique foncièrement rédhibitoire au changement social et politique. Et d’autre part, il reçu un écho sans pareil sur la rive Nord de la Méditerrané gagnée par un enthousiasme sans précédent non sans exprimer par ailleurs des inquiétudes sur les conséquences en termes de stabilité et de flux migratoires.

L’aspiration à l’égalité, à la dignité et à la liberté, est apparue comme une disposition plus que jamais universelle partagée par tous les individus quel que soient leur état civil et situation sociale.
Beaucoup de leaders d’opinion, notamment en France, ont alors comparé les mobilisations tunisiennes, égyptiennes, libyennes etc., qualifiées à cet égard de « révoltes arabes », à la révolution de 1789 conduite justement sous les idéaux de liberté essentiellement par les penseurs, les philosophes et autres théoriciens du Contrat social du XVII et XVIII siècles. Si un tel rapprochement n’a pas manqué de susciter l’enthousiasme de certains observateurs, il n’a pas tardé à générer le doute parmi d’autres, notamment en raison de relents, conscients ou non, d’européocentrisme. D’ailleurs, de telles mobilisations « mutlisectorielles » ont surpris jusqu’aux analystes pourtant les plus avertis qui, pour certains, s’étaient risqué à parler du « XXIème siècle comme le siècle des autoritarismes. »
Si exceptionnalité il y a actuellement dans le monde arabe et/ou musulman, cela tient moins à ses cultures ou à sa religion majoritaire qu’à la nouveauté absolue des répertoires d’action utilisés dans le cadre de mobilisations dont le processus de politisation est essentiellement venu par le bas. Ces mouvements populaires n’ont pas été initiés ou portés par les élites mais par les catégories éduquées, modestes et paupérisées de la société civile ; ce qui constitue, là aussi, une rupture avec les formes passées de mobilisation et de politisation dans cette région du monde.

Dans le cadre de cette journée d’études, nous proposons en priorité aux doctorants mais aussi à tous les chercheurs intéressés par la thématique, de présenter l’état d’avancement de leur travail de recherches, à partir de leurs champs disciplinaires respectifs, en les encourageant à mettre l’accent sur des aspects théoriques et empiriques (analyse des discours et des actions) susceptibles de nous permettre de comprendre davantage la situation actuelle du monde arabe et/ou musulman et les impacts éventuels de ces révoltes sur les représentations des élites et populations des pays considérés.

Contributions : Modalités

  • Personnes à contacter :
    • Haoues SENIGUER : haouesseniguer@yahoo.fr
    • Mohamed-Chérif Ferjani : cherif.ferjani@mom.fr
  • Les propositions de contribution sont à remettre avant le 30 mai dernier délai.

Un courriel sera adressé aux participants retenus. Les frais de déplacement et de repas seront pris en charge.

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