/ Séminaire Onomastique politique (archives 2008-2012)

Grégory Bozonnet : « Les lieux publics dénommés "Coluche". A propos du choix des toponymes anthroponymiques »

15 mai 2009, de 16h à 18h en Salle du Conseil de l’Institut d’études politiques de Lyon 14 avenue Berthelot, Lyon 7ème




Intervenant : Grégory Bozonnet, UMR CNRS 5206 Triangle, Université de Lyon, Institut d’études Politiques

Sujet : « Les lieux publics dénommés "Coluche". A propos du choix des toponymes anthroponymiques »

Résumé de la communication

Depuis le 21 juin 1986, date de l’accident de moto qui a coûté la vie à Coluche, soixante-dix communes françaises ont souhaité rendre un hommage public à celui qui a, selon les cas, été présenté comme un comique contesté, un acteur, un prétendant à la candidature à l’élection présidentielle, ou encore comme le fondateur des Restaurants du Cœur. Son nom a été attribué à des rues, à des squares, mais aussi à des centres sociaux et à des écoles. Il s’agit donc de toponymes anthroponymiques, ces noms de personnes que l’on accorde à des lieux, qu’ils soient publics ou non – et notamment de noms de rues ou odonymes. Ceux-ci permettaient initialement aux voyageurs de se repérer et étaient en lien avec le lieu désigné. Petit à petit, ils ont consacré des personnalités locales (riches propriétaires, édiles...), puis des gloires nationales, au point de devenir totalement déconnectés du territoire ainsi nommé : les toponymes anthroponymiques sont choisis en fonction de la valeur symbolique accordée au nom célébré.

Vingt ans après sa mort, le nom de Coluche semble évoquer avant tout la générosité et l’irrévérence, ce qui a amené de nombreuses municipalités à l’attribuer à un lieu public. Si ce choix émane généralement de municipalités de gauche, il n’en demeure pas moins consensuel. Les hommages rendus à Coluche s’inscrivent d’ailleurs plus généralement dans une période de recherche du consensus : les personnalités issues des milieux artistiques se retrouvent plus souvent célébrées que les gloires politiques, ce qui était loin d’être la norme avant les années soixante-dix. Mais dès lors que l’on attribue le nom de Coluche à un lieu jugé trop important par rapport à sa carrière et son parcours, le consensus se brise – s’agissant par exemple du Collège de Rougemont-le-Château (Territoire de Belfort) qui arbore le nom de l’humoriste.

Mots clés

Coluche, hommages publics, odonymie, toponymes anthroponymiques, onomastique politique

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