Professeur de science politique à Sciences Po Lyon
Pôle(s) :
Action Publique
Chantier(s) :
Enjeux et usages du numérique
Parcours
Directeur de Sciences Po Lyon (depuis sept. 2016) Directeur de l’UMR 5206 - Triangle, (sept. 2012- nov. 2016)
Diplômé de l’IEP de Grenoble en 1997, j’ai obtenu mon doctorat de science politique en décembre 2002.
Cette thèse a bénéficié d’une allocation de recherche mais aussi plus ponctuellement d’une bourse Fulbright (bourse Fulbright, commission franco-américaine d’échanges culturels et universitaires) au premier semestre 2001 au cours duquel j’ai été accueilli comme Visiting Scholar à Columbia University (New York - USA).
J’ai soutenu une habilitation à diriger des recherches à l’Université Lyon II en mai 2008. Le mémoire est intitulé Ordre politique et gouvernement urbain.
Professeur de science politique à l’Institut d’études politiques de Lyon, je suis membre de l’Institut Universitaire de France (junior).
Domaines de recherche
Action publique urbaine
Le premier chantier concerne l’action publique urbaine. L’angle privilégié consiste à analyser cette action publique à travers les circulations transnationales ou infra-nationales d’innovations, de techniques et de ressources politiques. L’objet réseau de villes étudié dans une perspective historique est au centre des enquêtes. Autrement dit, il s’agit de sortir d’une approche en termes de centre-périphérie et « dé-localiser » l’analyse du pouvoir urbain en repérant sa possible structuration horizontale (de ville à ville). C’est une réflexion plus générale en termes d’ordre politique urbain qui a été ainsi proposée dans le mémoire d’habilitation à diriger les recherches (soutenu en 2008). Deux terrains concourent à ce chantier : le premier a trait aux réseaux de la réforme municipale dans la première moitié du vingtième siècle et le second aux réseaux de villes contemporains.
Le premier concerne les travaux initiés en lien avec la recherche doctorale. Les questions de recherche que j’ai développées à partir de plusieurs terrains traitent de l’action publique urbaine et du gouvernement des villes. Un gouvernement défini comme la capacité des autorités locales à mettre en œuvre de manière autonome, du fait de leur initiative, des dispositifs d’action publique contribuant à la régulation des sociétés urbaines. Pour analyser cette capacité et cette initiative des autorités urbaines, je m’intéresse aux stratégies des acteurs qu’ils soient élus ou administratifs visant à établir des liens entre municipalités. Ces actions, qui seront qualifiées d’intermunicipales dans l’entre-deux-guerres, visent à renforcer l’autonomie des gouvernements urbains en contournant le centre par des alliances infra-nationales ou transnationales. Ces alliances et liens – replacés dans une dynamique de longue durée – sont parfois peu formalisés et restent ponctuels – un simple échange de correspondance, une visite ou une rencontre –. Mais ces interconnexions peuvent être étudiées, avec profit, grâce aux structures qui ont cherché à les organiser, structures parmi lesquelles figurent les réseaux de villes :
« À l’école du gouvernement municipal. Les congrès de l’Union Internationale des Villes de Gand 1913 à Genève 1949. », Bruno Dumons, Gilles Pollet (dir.), Administrer la ville en Europe. Paris : L’Harmattan, 2004.
« L’Union internationale des villes o l’Internazionale municipale (1913-1940) », Amministrare, anno XXX, Gennaio-Agosto 2000, n°1/2, pp. 217-239. (avec Pierre-Yves Saunier.)
« Les désillusions réformatrices. Le thème de la réforme municipale dans la France de l’après seconde Guerre Mondiale », Revue française d’administration publique, 2004.
« La riforma municipale in Francia tra le due guerre mondiali », Patrizia Dogliani, Oscar Gaspari (a cura di), L’Europa dei comuni. Origini e sviluppo del movimento comunale europeo dalla fine dell’Ottocento al secondo dopoguerra. Roma : Donzelli, 2003. pp.97-121.
À la lumière des questions initiales de ma recherche sur le gouvernement des villes, j’ai souhaité observer cette structuration horizontale sur un terrain plus contemporain. Cette démarche me conduit à analyser les réseaux de villes d’aujourd’hui. J’étudie les réseaux– en me concentrant sur le cas d’Eurocities – à travers leur institutionnalisation. Cette enquête a permis l’élaboration un projet de recherche qui a obtenu un financement de la région Rhône-Alpes (Cluster 14 puis ARC 8). Elle a produit des articles mais aussi un ouvrage sur l’internationalisation de Lyon.
Cette recherche sur les réseaux de villes contemporains a d’ores et déjà donné lieu à des publications :
"A city in the world of cities : Lyon and municipal associations in the 20th century", in Shane Ewen and Pierre-Yves Saunier (Ed.), Another Global City. Historical Explorations into the Transnational Municipal Moment 1850-2000. London : Palgrave, 2008, pp.69-85. (avec Pierre-Yves Saunier).
"The Importance of Being Connected : City Networks and Urban Government. Lyon and Eurocities (1990-2005), International Journal of Urban and Regional Research, 2010/2, pp.260-280.
« Le tout petit monde des politiques urbaines européennes. Réseaux de villes et métiers urbains de l’Europe : le cas du CCRE et d’Eurocities », Pôle Sud 2/2012 (n° 37), p. 117-137.(avec Mili Spahic)
Sciences de gouvernement
Le deuxième chantier concerne les sciences de gouvernement. La dynamique de recherche des « sciences de gouvernement », initiée il y a une quinzaine d’années sur différents sites, rassemble des enquêtes portant sur diverses configurations historiques. Ainsi à partir d’un questionnement saisissant les savoirs à partir des acteurs individuels et collectifs qui les produisent et s’en saisissent, j’ai privilégié deux terrains : les sciences de gouvernement des villes et la science administrative.
Le premier porte sur les sciences de gouvernement des villes dans la première moitié du vingtième siècle. Une partie des résultats figure dans la thèse et dans des publications qui l’ont accompagnée. Ce premier terrain m’a amené à consolider des hypothèses sur les circulations de savoir, sur la nécessité de remettre en cause une histoire de la modernisation administrative fidèle au modèle centre-périphérie.
« Un savoir « scientifique, utilitaire et vulgarisateur » : la ville de La vie urbaine, objet de science et objet de réforme (1919-1939) », Genèses, septembre 2005, n°60.
« La Préfecture de la Seine comme clearing house municipal (1919-1947) », Jahrbuch für Europäische Verwaltungsgeschichte, 2003, n°15, pp.89-108.
« Les efforts de constitution d’une science de gouvernement municipal : La vie communale et départementale (1923-1940) », Revue française de science politique, 2003, vol. 53, n°2.
« The science that Never Was : ‘Communal Science’ in France, 1913-1949 », Contemporary European History, 2002, vol.11, n°4, pp.529-547.
« Un possible non institutionnalisé. Socio-histoire de la « science communale » (1900-1950) », in Yves Déloye, Bernard Voutat, Faire de la science politique. Pour une analyse socio-historique du politique, Paris : Belin, 2002.
Le second concerne les sciences de l’administration. La notion de sciences de l’administration est relativement ancienne et remonte à l’époque moderne (XVIIème-XVIIIème siècles). Mais la science de l’administration prend de nouvelles formes au XXème siècle avec la préoccupation de modernisation des pouvoirs publics. L’enquête collective dans le cadre du programme MOSARE (mobilisation des savoirs administratifs pour la réforme de l’Etat) de l’ANR concerne la production des sciences et techniques de l’administration sur les dix-neuvième et vingtième siècles. Cette enquête est prolongée dans le cadre de mon projet à l’Institut universitaire de France (« Les circuits de la « suprême administration ». Espaces de circulation, mobilisation des savoirs et réformes administratives (1850-1970) »).
« L’espace des circulations. Réseaux d’acteurs et fabrique transnationale des sciences administratives (années 1910-années 1950) », F. Audren, P. Laborier, J. Vogel, P. Napoli, Les sciences camérales. Paris : PUF, 2007.
« L’Etat vu d’en haut : La réforme de l’Etat au sein des espaces internationaux de la science administrative dans l’entre-deux-guerres », Revue française d’administration publique, 120, 2006, pp.651-666.
Plus généralement, j’ai entrepris une réflexion sur la genèse réformatrice ou politique des savoirs. Ces travaux sont au centre de publications collectives ou de notes critiques.
Un article synthétique : "Governing Sciences", The Palgrave Dictionary of Transnational History, NY and London : Palgrave MacMillan, 2009.
Coordination, avec Rachel Vanneuville, du numéro 53/2 de la Revue française de science politique : « Sur la formation des sciences de gouvernement ».
Point critique : Ouvrage de Janet Horne (le Musée social, Paris, Belin, 2004) dans Etudes sociales , 2005, n° 1.
Discussion et mise en perspective de plusieurs ouvrages : « A European Progressive Era ? », Contemporary European History, 2002, vol.11, n°3, pp. 489-497.
Les temporalités politiques
Le troisième chantier est collectif et traite des temporalités du politique. Il repose sur un constat : la professionnalisation et le métier politique ont été appréciés à travers divers marqueurs comme l’adoption de rôles, la diffusion de savoirs et savoir-faire propres aux élus, ou encore la question de la rémunération et des indemnités. Ils peuvent l’être aussi grâce au rapport au temps et à l’inscription de l’activité politique dans la durée – vivre durablement de la politique –. C’est là poser la question de l’accumulation des mandats qui se joue à travers non seulement le cumul des mandats mais aussi la longévité politique. C’est aussi s’interroger sur le lien entre les cadences électorales et l’action publique. C’est notamment ce que j’ai commencé à faire dans l’analyse d’un leadership spatio-temporel saisi à partir des agendas privés et administratifs d’un élu.
Une comparaison France-Etats-Unis nous a permis de formuler cette nouvelle question de recherche sur les temporalités politique. A un premier article publié en 2001 et portant sur l’adoption de la loi française du 10 avril 1929, allongeant le mandat municipal de quatre à six ans, s’est ajoutée une autre publication sur le mouvement contemporain des term limits et la réduction légale de la rééligibilité des parlementaires et des élus locaux aux Etats-Unis. Le détour par les term limits états-uniens nourrit l’hypothèse d’un passage : le passage du temps long de l’administration publique au temps court du management public, de l’expérience à la rotation, de mandats longs et rééligibles à des mandats courts et non-renouvelables, du compromis entre compétence et élection à l’impératif participatif.
« Entre action et élection. Les impératifs de la gestion publique dans la codification temporelle des mandats », Politique et management public, vol.23, 4, 2005.
« « Throw the bums out ! ». La remise en cause de la rééligibilité parlementaire aux Etats-Unis », Parlement(s). Histoire et politique, 2004, n°2. (avec G. Marrel).
« Le temps des maires. L’allongement du mandat en 1929 : une redéfinition de l’espace politique municipal », Politix. Revue des sciences sociales du politique, 2001, volume 14, n°53, pp.59-86. (avec G. Marrel.)
Il nous a ensuite fallu rechercher un terrain neuf sur lequel nous pourrions mesurer l’emprise, l’autorité dont peuvent bénéficier, au sein d’arènes parlementaires, des élus régulièrement renouvelés. Notre choix s’est porté sur le parlement européen. Cela nous a permis de questionner le lien entre longévité des eurodéputés et institutionnalisation de l’arène parlementaire.
« Des carrieres au Parlement. Longévité des eurodéputés et institutionnalisation de l’arène parlementaire », Politique européenne, hiver 2006.
« Inéligibilité », Yves Déloye, Dictionnaire des élections européennes. Paris : Economica, 2005 (avec G. Marrel).
« Longévité », Ibid. (avec G. Marrel).
Socio-histoire de l’action publique
Tous ces travaux – malgré leur statut différent – cherchent à privilégier un ancrage empirique, souhaitant s’inscrire dans une perspective générale de sciences sociales de l’action publique et du politique. C’est cette perspective qui est creusée dans le cadre du quatrième chantier davantage épistémologique et consacré à la socio-histoire de l’action publique. Il s’agit à travers une mise en perspective historique de la sous-discipline « analyse des politiques publiques » de réfléchir aux conditions de possibilités – et aux protocoles d’enquête associés – d’une science historique prenant pour objet l’action publique.
« Analyse des politiques publiques et "sciences historiques" », Revue française de science politique, vol.55, n°1, 2005 (avec G. Pollet).
« Approches socio-historiques », L. Boussaguet, S. Jacquot, P. Ravinet, Dictionnaire des politiques publiques, Paris, Presses de sciences po, 2004. (avec G. Pollet)
« Les savoirs de science politique : des savoirs pour l’action politique », Joëlle Le Marec (dir.), Les études de sciences : pour une réflexivité institutionnelle, Paris, Editions
des archives contemporaines, 2010, pp.43-63 (avec G. Pollet).
Socio-histoire de l’action publique, Paris, La découverte, 2013 (avec G. Pollet).
Tantot, Aubin : Territoires zéro chômeur de longue durée, une « expérimentation » pour « transformer » les politiques de l’emploi ?
Thèse(s) soutenue(s) au sein du labo :
Argibay Camilo, De l'amphithéâtre à l'hémicycle ? Socialisation au métier politique et réseaux militants des dirigeants étudiants de la MNEF (1962-1986), Université Lumière - Lyon 2, 2011.
Dangy Louise, S'affronter pour réguler : le conflit transatlantique sur le boeuf aux hormones dans l'organisation internationale du commerce agroalimentaire, Université Lumière - Lyon 2, 2018.
Flamant Anouk, Droit de cité ! Construction et dilution d’une politique municipale d’intégration des étrangers dans les villes de Lyon, Nantes et Strasbourg (1981-2012), Université Lumière - Lyon 2, 2014.
Germain Tommaso, La métropole, nouvelle frontière de l'Etat-providence : métropolisation des politiques publiques d'insertion et institutionnalisation de la métropole de Lyon (2014-2024), Université Lumière - Lyon 2, 2024.
Huré Maxime, Les réseaux transnationaux du vélo : gouverner les politiques du vélo en ville. De l’utopie associative à la gestion par les grandes firmes urbaines (1965-2010), Université Lumière - Lyon 2, 2013.
Lévêque Antoine, Desservir la banlieue : métropolisation et relégation des quartiers d’habitat social dans l’agglomération lyonnaise (1959-2019), Université Lumière - Lyon 2, 2021.
Ripoll Samuel, Le rêve d'une Méditerranée des villes : entre développement et démocratie (années 1960 - années 2010), Université Lumière - Lyon 2, 2022.
Scapin Thomas, La circulation transnationale de l'éthique publique : socio-histoire d'un répertoire océdéen du bon gouvernement et de ses réceptions au Québec et en France (années 1990-années 2010), Université Lumière - Lyon 2, 2019.