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Colloque international "Edward Said"

jeudi, 27 juin 2013

Organisateurs

Makram Abbès, Laurent Dartigues et Jérôme Maucourant.

L’entrée est libre et ne nécessite pas d’inscription.

Programme

Mercredi 14 mai : L’œuvre et sa réception

Matinée : président Makram Abbès, Maître de conférence - ENS de Lyon / Institut Universitaire de France

Après midi : présidente Leyla Dakli, Chargée de recherche - CNRS / IREMAM

Jeudi 15 mai : Orientalismes / occidentalismes : problèmes et méthodes

Matinée : président Jérôme Maucourant, maître de conférences - Université Jean Monnet Saint-Étienne / Triangle

Après-midi : président Réda Benkirane, sociologue, consultant international, chercheur associé - Centre Jacques Berque (Maroc) et Institut de Recherches Philosophiques de l’Université Jean Moulin Lyon 3

Vendredi 16 mai : Figures de l’intellectuel à l’heure de la mondialisation

Matinée : président, Maxime Del Fiol, maître de conférences - Université Paul Valéry Montpellier 3 / RIRRA 21

Après-midi : président Laurent Dartigues, chargé de recherche - CNRS / Triangle

Présentation

Disparu en septembre 2003, Edward Said est considéré comme une figure majeure de la République mondiale des intellectuels. Son ouvrage sur l’orientalisme paru en 1978 sous le titre Orientalism a mis en effet sous les feux de la rampe ce professeur à l’Université Columbia de New York détenteur d’une thèse sur Greene et Gide et d’une thèse sur Conrad. Soutenant que l’orientalisme avait produit un Orient mythique tout entier confit dans la tradition, la primitivité, le mystère, le merveilleux, le profond, l’impénétrable, l’immuabilité et donc construit en quelque sorte un Orient disponible pour la domination coloniale, Orientalism, quoique très controversé, est rapidement devenu un classique, objet de nombreux symposiums, traduit en de multiples langues (allemand, arabe, coréen, persan, turc, etc.). Edward Said va impulser de très nombreux travaux. Les post-colonial studies notamment vont s’en réclamer. Étrangement, Orientalism est en revanche tout bonnement éludé par les milieux orientalistes français, bien qu’il fût traduit et publié dès 1980 par les éditions du Seuil. Peut-être parce qu’ils souscrivent aux critiques qui soulignaient qu’il est impossible d’imaginer que les buts ultimes de la domination coloniale puissent déterminer entièrement des compréhensions culturelles. Et il est vrai que, si Edward Said se défend de réduire le savoir à sa dimension politique, s’il affirme l’existence d’un “ savoir vrai ”, il réduit, trop souvent, la culture à un monde de valeurs qui ressort de l’intérêt, de la consolidation de l’impérialisme, voire de la complicité active avec le colonialisme.

Edward Said n’est toutefois pas l’auteur d’un seul livre. Dans Culture et impérialisme, paru ultérieurement, il adoucit notablement certaines thèses défendues dans Orientalism, probablement en vertu d’une attention plus vive à la lettre des textes littéraires. En lisant le roman en tant que résultat d’une “ interaction créatrice ” entre les propres lectures de l’auteur, son génie propre, son histoire personnelle, les contraintes de convention du récit et un public, en s’appuyant sur une méthode qui s’intéresse à ce qui est muet ou marginal dans le récit, Said apparaît bien plus complexe.
Mais surtout, Edward Said est l’auteur d’importantes contributions sur la manière dont les universitaires et les médias états-uniens échouent à rendre compte des sociétés islamiques et du problème palestinien. Que ce soit sous forme d’ouvrages, avec The Question of Palestine (1979), Covering Islam (1981), The Politics of Dispossession : the Struggle for Palestinian Self-Determination (1994), The End of the Peace Process : Oslo and After (2000) ou bien de très nombreux articles parus notamment dans le New York Times ou le Arab Studies Quaterly. Alors que sa trajectoire universitaire le menait paisiblement sur le chemin de l’érudition littéraire, la guerre des Six-Jours va transformer Edward Said en une des grandes voix internationales de la cause palestinienne. Membre indépendant du Palestine National Council, il fut un temps pressenti par Yasser Arafat et Jimmy Carter pour devenir un des négociateurs officieux en charge de trouver un règlement pacifique du conflit entre la Palestine et Israël. Prônant pour sa part la création d’un État binational, très critique envers les accords d’Oslo, Edward Said se pose donc en tant qu’intellectuel engagé. Et il n’aura de cesse, de Beginnings à Humanism and Democratic Criticism, d’approfondir la question de la fonction intellectuelle et de s’intéresser à l’histoire moderne des intellectuels. Edward Said ancre cette réflexion dans la question de l’exil en particulier. Il convoquera à ce propos sa propre histoire familiale dans une sorte de socio-analyse informée par une analyse personnelle. À ce titre, Edward Said est une voix assez singulière.

Il conviendra bien sûr de revenir sur Orientalism, d’analyser sa réception mondiale, de montrer sa fécondité pour les études postcoloniales, mais aussi ses impasses, méthodologiques aussi bien qu’épistémologiques. Réunissant de nombreux chercheurs internationaux, le colloque visera à faire place à l’ensemble de l’œuvre. Il sera nécessaire également de s’attarder sur des ouvrages qui de Beginnings (1975) à Humanism and Democratic Criticism (2004) en passant par Out of Place (2000) et Reflections on Exile (2000) ont interrogé l’humanisme, la critique, la démocratie et la fonction intellectuelle dans un espace à la fois mondialisé et fragmenté, soumis à des forces déshumanisantes. Et bien sûr, il faudra s’attacher à mettre à l’épreuve de l’actualité les écrits de Said concernant le question palestinienne.
Nous souhaitons ainsi rendre compte de la richesse, la subtilité, la complexité, la contradiction de sa pensée, parfois sublime, parfois défaillante. Et nous souhaitons également par une sorte de fidélité à sa pratique profondément humaniste que ce colloque soit placé sous le signe de la lecture détaillée, de la critique, de l’interprétation ouverte et accueillante.

Axes des trois journées


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