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Elise Roche soutient son HDR intitulée « Résorber les bidonvilles, un urbanisme à la marge / Arpenter (à) la marge, un projet de recherche en études urbaines critiques »

jeudi, 1er octobre 2020 [ / UMR 5206]

Présentation

Elise Roche, maîtresse de conférences en urbanisme à l’INSA, chercheuse à Triangle, présentera ses travaux notamment au travers de deux volumes :

Résumé

À l’occasion de cette soutenance en vue de l’obtention de l’habilitation à diriger des recherches, Elise Roche présentera un travail de recherche inédit intitulé « Résorber les bidonvilles : un urbanisme à la marge. Héberger les "oiseaux de passage" à Saint-Denis ». Ce travail propose une analyse géographique du traitement local des bidonvilles en France à partir des années 2000. Il s’appuie sur une enquête qualitative, menée de 2011 à 2018, sur deux dispositifs expérimentaux visant à résorber des bidonvilles à Saint-Denis (93), en banlieue parisienne. Ces dispositifs institutionnels de relogement, appelés parfois « villages d’insertion », font l’objet de nombreux questionnements de la part des acteurs locaux, notamment pour leur caractère temporaire, et leur faible qualité constructive. Il s’agit donc de comprendre ce paradoxe, d’un engagement institutionnel contre le mal-logement qui se solderait par la production d’un habitat précaire, un « quasi-bidonville ».

Pour ce faire, cette recherche vise d’abord à expliquer la persistance de la question du traitement des bidonvilles dans des territoires de marge de la métropole parisienne. Ainsi, comment comprendre que la municipalité de Saint-Denis soit de nouveau confrontée à l’épineux problème du relogement des habitants de bidonvilles, après avoir été l’un des territoires majeurs des mesures de résorption durant les années 1960 ? En effectuant un travail d’archive et une analyse comparative notamment avec la période des années 1960, cette recherche met ainsi en lumière des « routines » dans les modes d’intervention, qu’il s’agisse des façons de produire la ville dans ce contexte, du traitement réservé à une population urbaine minoritaire, ou des territoires d’inscription de ces dispositifs.

Cette recherche vise également à saisir comment le traitement local et en urgence des bidonvilles comporte des effets sur les modalités de relogement. Cette approche est en outre complétée par une analyse du processus de relogement pour identifier comment les modèles de justice mobilisés contribuent à façonner le dispositif d’hébergement sous la forme d’un « village transitoire ». En analysant ce processus local de relogement depuis son déclenchement et durant plusieurs années de fonctionnement, ce travail contribue à renseigner les enjeux d’ethnicisation sous-jacents à la production de dispositifs d’hébergement.

Si de nombreux travaux s’intéressent au traitement des bidonvilles, par des approches politiques (T. Aguilera, 2017), historiques (Blanc-Chaléard, 2016), ethnographiques (Olivera, 2011), cette recherche propose en l’occurrence de venir éclairer ce pan à la marge des politiques urbaines, en l’analysant sur la longue durée (7 ans), tout en proposant une monographie approfondie, auprès des acteurs institutionnels, permettant aussi de mettre au jour les dimensions informelles de la production de la ville. Ce, en l’abordant prioritairement sous un angle géographique, partant de la matérialité des dispositifs et de leurs territoires. Une analyse pluriscalaire permettra de mettre ce traitement local des bidonvilles en perspective des politiques migratoires et du logement, dans le contexte de la ville néo-libérale. Ce faisant, cette recherche vise aussi à proposer une lecture interdisciplinaire et critique de la fabrication urbaine en s’attachant à ses marges : comment fait-on la ville pour les habitants des bidonvilles, ces urbains qui sont vus comme d’étranges « oiseaux de passage » ?

Composition du jury :