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Rémi Chanrion soutient sa thèse de sciences économiques intitulée « Contrôle des prix : approches théoriques et empiriques. Un contrôle des prix renouvelé peut-il concourir à la réalisation d’objectifs économiques contemporains, dont principalement la baisse des inégalités économiques et l’augmentation du pouvoir d’achat des ménages les plus modestes ? »

Présentation

Rémi Chanrion est doctorant en sciences économiques à l’Université Lumière Lyon 2, sous la direction de Bernard Baudry.

Résumé :

Cette thèse montre que le contrôle des prix peut être reconceptualisé, comme outil de politique économique visant à réduire les inégalités économiques, par limitation des possibilités de constitution de fortunes très élevées et par augmentation symétrique des revenus réels des ménages modestes. Dans cette perspective, après avoir mobilisé les travaux contemporains qui attestent d’une augmentation des inégalités économiques, depuis les années 1980, et des effets significativement négatifs de celles-ci, la première partie montre que le contrôle des prix peut devenir un outil complémentaire au système de l’imposition, comme outil central de la politique de réduction des inégalités économiques (Chapitre 1). La deuxième partie s’attache à élaborer un cadre d’analyse et méthodologique visant à identifier les situations au sein desquelles ce contrôle des prix reconceptualisé pourrait être mobilisé afin de réduire les inégalités économiques. Ce travail montre que ce contrôle des prix reconceptualisé peut réduire les inégalités économiques, en étant appliqué aux entreprises qui répondent à trois conditions à savoir être des entreprises évoluant dans les secteurs pesant significativement sur le budget des ménages, en situation de concurrence imparfaite leur permettant d’etre price marker, et réalisant des taux de marge d’exploitation excessifs. Un triptyque de nature à engendrer un flux de sommes d’argent allant des ménages vers les actionnaires de ces entreprises, à l’origine d’une part significative des inégalités économiques. La question technique de la mise en œuvre de ce contrôle des prix reconceptualisé est ensuite abordée. Une mise en œuvre efficiente passe par le recours à un contrôle des taux de marge commerciale dont le niveau serait fixé par des commissions de parties prenantes. Par ailleurs, cette deuxième partie montre que le contrôle des prix reconceptualisé pourrait également tout à la fois concourir aux politiques de relance économique par la demande, servir d’outil de sanction aux autorités de la concurrence ainsi qu’être mobilisé de manière à mettre en œuvre une pratique de discrimination par les prix imposée par la puissance publique, afin d’améliorer différemment le revenu réel des ménages modestes. (Chapitre 2). La troisième partie cherche à appuyer cet apport conceptuel en montrant que la proscription du contrôle des prix par la théorie néoclassique n’a pas de fondements scientifiques (Chapitre 3). La quatrième partie tente d’appliquer de manière exploratoire la méthodologie et le cadre d’analyse développés dans la deuxième partie, au secteur du logement et au secteur des services bancaires (Chapitre 4). Enfin, la cinquième partie montre que ce contrôle des prix reconceptualisé doit être accompagné d’un contrôle complémentaire du prix du facteur travail et du facteur capital dans les entreprises visées par la mesure. En effet, il apparaît que ce contrôle complémentaire est nécessaire afin que les actionnaires ne cherchent pas à récupérer les sommes perdues en diminuant la rémunération du facteur travail, annihilant ainsi l’effet de la mesure pour les salariés travaillant dans ces structures. A cet effet, deux propositions de contrôle de la rémunération du capital sont principalement émises. La première réside dans l’amendement du shareholder limited authorized margin de Frédéric Lordon (2007) en le faisant passer d’une logique de fiscalité confiscatoire à une logique de contrôle des prix. La deuxième réside dans une proposition de mise en œuvre d’une dégressivité des dividendes perçus à mesure que la fortune d’un individu augmente. Des propositions alternatives sont également émises, afin d’aboutir aux mêmes effets. La principale résidant dans le gel plancher, en pourcentage, de la part allouée au facteur travail dans les entreprises considérées. La cinquième partie montre, par ailleurs, le caractère légitime de ces contrôles complémentaires eu égard aux mutations du capitalisme contemporain. (Chapitre 5)

Membres du jury :