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[ANNULÉ] Journées d’étude : « Enquêter sur les relations professionnelles »

vendredi, 18 octobre 2019

Présentation

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Si les relations professionnelles constituent un domaine de la sociologie plus ou moins institutionnalisé selon les pays et disposant de relais au travers de réseaux de recherche (le RT 18 de l’AFS, le CR 25 de l’AISLF), de revues (European Journal of Industrial Relations, Relations industrielles/Industrial relations, La Revue de l’IRES, Travail & Emploi, Négociations, etc.), de grandes enquêtes (REPONSE) et de manuels d’enseignement universitaire (Hyman, 1975 ; Bevort, Jobert, 2015, Lallement, 2018), les travaux qui les appréhendent ont été amenés à repenser progressivement les frontières des objets étudiés. C’est par exemple le cas de recherches récentes prenant en compte des groupes historiquement marginalisés tels que les précaires, les chômeur·euse·s, la situation des femmes des classes populaires au travail, des jeunes syndiqué·e·s ou encore les travailleur·euse·s immigré·e·s. (Béroud, Bouffartigue, 2009 ; Thibaut, 2013). Dans cette perspective, les travaux sur les relations professionnelles portent désormais tout autant sur des dynamiques de négociations et de conflits (Béroud et al., 2008), sur les secteurs privés et publics (Garabige, 2010 ; Join-Lambert et al., 2017), sur les échelles locales d’entreprises (Gantois, 2014), les niveaux sectoriels et nationaux (Haute, Yon, 2018) ou encore internationaux (Le mouvement social, 2018). Ils questionnent les logiques d’investissement des instances de représentations du personnel (Mias, Jamet, 2012), les pratiques de représentant·e·s des salarié·e·s ou des employeur·e·s (Giraud et Gassier, 2020), celle des acteur·rice·s de l’expertise (Biaggi, 2018) et le recours au droit (Chappe, Keyhani, 2018 ; Politix, 2017). C’est aussi une diversité d’approches théoriques qui caractérise aujourd’hui les travaux portant sur les relations professionnelles : les cadres théoriques à mobiliser pour rendre compte le plus finement de la réalité qu’elles recouvrent (Dunlop, Whyte, Mias, 2016 ; Reynaud et al., 1990) sont débattus au même titre que les frontières disciplinaires, et notamment les liens avec la sociologie du travail et la sociologie politique.

Dans ce cadre, cette journée d’étude entend valoriser des terrains d’enquête pluriels afin d’insister sur la diversité des objets, méthodologies et angles d’approche que recouvre le domaine élargi des relations professionnelles. Elle a pour objectif d’appréhender le renouvellement et la diversification de l’étude des acteur·rice·s traditionnel·le·s que sont les syndicats, les employeur·e·s et l’État en insistant sur les variations d’échelle, l’intérêt pour les trajectoires et les pratiques militantes ou bien l’intersectionnalité des rapports de domination qui traversent les organisations et qu’elles reproduisent, sinon renforcent.

En prenant au sérieux cette diversité d’objets et d’approches, cette journée d’étude entend approfondir les réflexions sur les approches méthodologiques des relations professionnelles. Elle concerne les enquêtes de terrain réalisées ou en cours qui portent sur les différents espaces, acteur·rice·s ou enjeux de ce champ de recherche, dans la continuité des travaux sur les méthodologies et les conditions d’enquête entreprises sur de nombreux objets, tels que le travail (Arborio et al., 2008 ; Cartier et al., 2010), le patronat (Offerlé, 2015 ) ainsi que les partis politiques (Revue internationale de politique comparée, 2010), les mouvements sociaux (Politix, 2011) ou encore le vote et les comportements politiques (SPEL, 2016)

L’hybridation des outils méthodologiques en sciences sociales (Beaud, 1996 ; Weber, 1996) et le développement de l’ethnographie en sociologie ou en science politique (Cefaï, 2010, Weber, 2009) ont favorisé l’examen des pratiques quotidiennes et des représentations. Afin de pallier les manques d’une tradition de pensée qui néglige parfois trop les acteur·rice·s et leurs singularités au profit de la construction de modèles d’analyse (Piotet, Sainsaulieu, 1994), il convient de rendre compte des logiques et des ressorts du quotidien des relations professionnelles. En quoi cela transforme-t-il les modalités de l’enquête de terrain et, en fonction, que sont amené·e·s à questionner les chercheur·e·s et comment ? Interroger les pratiques revient à discuter des catégories indigènes et largement partagées par des acteur·ice·s issus de différents espaces sociaux (médiatique, politique, universitaires), à l’instar du « dialogue social » qui apparaît aujourd’hui davantage comme une injonction à la prétendue modernisation des relations professionnelles (NRT, 2016 ; Pénissat, 2013, Yon, 2018) que comme une catégorie analytique. Que se passe-t-il quand les chercheur·e.s interrogent l’évidence de telles catégories ? Quel(s) rôle(s) leur est(sont) assigné(s) ?

Enfin, dans une dynamique de décloisonnement des objets, il est envisageable d’investiguer d’autres sphères sociales qui ne sont pas immédiatement en lien avec les relations professionnelles mais qui concourent toutefois à façonner les pratiques des acteur·rice·s. En ce sens, l’étude des trajectoires des acteur·rice·s des relations professionnelles, leur inscription dans différentes sphères de vie, la circulation de dispositions acquises dans des processus de socialisation variés, ont toute leur place dans cette journée d’étude. Dès lors, comment faire parler sur les origines sociales et les aspects de la vie privée ? Y a-t-il des questions interdites ou des bornes à ne pas franchir (Pochic, Guillaume, 2011) ? Plus largement, il s’agira d’interroger la relation qu’entretiennent les sciences sociales avec d’autres disciplines (gestion, économie, droit) et les rapports de concurrence qui peuvent apparaître au fil de l’enquête (Darmon, 2005). Le renouvellement des approches sur les relations professionnelles invite donc à envisager une variété de terrains et de niveaux d’enquête (Sawicki, 2000). Cette diversité des entrées dans l’étude des relations professionnelles permet d’éclairer différentes façons d’enquêter sur un même objet, tout comme les multiples réalités qu’il recouvre. Les positions institutionnelles et sociales des acteur·rice·s enquêté·e·s, les ressources dont il·les disposent, le niveau d’échelle choisi soustendent des relations d’enquête variées qui exigent des chercheur·e·s autant de stratégies de présentation de soi et de son objet.

Dans un souci de réflexivité, cette journée d’étude se propose également de questionner les enquêtes de terrain et les pratiques auxquelles ont recours les chercheur·e·s, en revenant sur les usages des outils méthodologiques disponibles. La diversité des choix méthodologiques – qu’il faut en partie relier à des ancrages et questionnements disciplinaires – occupera une place importante dans la journée. Que peut-on voir et ne pas voir au travers des archives, des entretiens ou de l’observation ? Comment la combinaison des méthodes d’enquête peut-elle permettre de contourner les points invisibles et éclairer sous un angle nouveau l’objet ? Comment penser la position des chercheur·e·s entre engagement et distanciation (Elias, 1983) dans leur objet ? Comment réfléchir, à partir de là, aux angles morts de la recherche, au fait par exemple que certaines organisations syndicales soient plus étudiées que d’autres, que des espaces ou secteurs professionnels soient moins familiers aux chercheur.e.s ou moins accessibles, comme les Directions des Ressources Humaines ? Au fond, il s’agit de tenir ensemble les questions méthodologiques avec les enjeux épistémologiques. Un des objectifs de la journée d’étude est donc d’inviter à réfléchir aux conditions de l’enquête de terrain et à ses effets sur la construction de l’objet d’étude. Comment et à quelles conditions est-il possible d’enquêter sur les relations professionnelles ? Quelles contraintes surgissent au cours du travail de terrain ? Finalement, que nous dit le travail d’enquête de l’objet des relations professionnelles ?
Il pourra s’agir de réfléchir sur des enquêtes récentes ou en cours, tout autant que de revisiter avec ce regard méthodologique des enquêtes menées il y a plusieurs années ou décennies.

Infos pratiques / Calendrier

Les propositions de communication ne doivent pas dépasser 5000 signes, bibliographie comprise.
Elles sont à envoyer avant le 30 novembre 2019 à l’adresse suivante : symett.triangle@gmail.com.
Date limite d’envoi des propositions de communication repoussée au 30 décembre 2019.

Une réponse sur la sélection des communications sera apportée avant la fin du mois de décembre 2019.

Comité d’organisation

Comité scientifique

Bibliographie