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« Keynes et le Traité de Versailles », conférence organisée par Triangle aux Journées de l’économie (JECO) 2019

mardi, 15 octobre 2019

Présentation

Pendant la Première Guerre Mondiale, John Maynard Keynes reprit du service au Trésor britannique (qu’il avait quitté en 1908) pour s’occuper de questions relatives au financement de la guerre. Après l’Armistice de 1918, il fit partie, toujours pour le Trésor, de la délégation britannique qui, en France, de concert avec les Alliés, prépara le Traité de Versailles. Au centre de ses préoccupations, et bien que cette question n’ait pas été de son ressort, étaient les conditions économiques qui devaient être imposées aux vaincus, et notamment à l’Allemagne. Désapprouvant les clauses concernant les réparations de guerre exigées par les Alliés, il démissionna et rentra à Londres avant même la signature du Traité qui eut lieu le 28 juin 1919. Quelques mois plus tard, il publia un long réquisitoire contre ces clauses : The Economic Consequences of the Peace (Les conséquences économiques de la paix). Le livre fit grand bruit et même scandale tant les sentiments anti-allemands étaient forts dans les pays vainqueurs. Ce sont les principaux points soulevés par Keynes, et leurs échos en France, que cette session se propose de présenter.

  1. Dès le début de la guerre, le Trésor britannique se préoccupa des éventuelles réparations à imposer aux vaincus après la victoire. Une question, en particulier, le préoccupait : sur la base du précédent des réparations payées par la France à l’Allemagne après la défaite de 1871, l’idée s’était répandue que de tels paiements avaient un effet négatif sur le pays qui les reçoit. Keynes fut chargé d’étudier la question et, le 2 janvier 1916, signa avec l’historien W. J. Ashley un “Memorandum on the Effect of an Indemnity”. C’est sur ce document relativement peu connu que se penchera Claire Silvant pour en exposer la teneur et la signification.
  2. Le livre de 1919 n’est pas un simple pamphlet : les critiques formulées par Keynes reposent sur une analyse détaillée des conditions socio-économiques de la croissance d’avant-guerre et de leur disparition du fait même du conflit —les réparations exigées des vaincus aggravant considérablement les difficultés économiques, sociales et politiques de l’après-guerre. Dans cette perspective, Gilbert Faccarello examinera les principaux griefs de Keynes contre le Traité de Versailles et détaillera la logique de son argumentation.
  3. Les conséquences économiques de la paix, on l’a dit, fit scandale, particulièrement en France où le livre fut traduit et publié dès 1920 par les éditions de la Nouvelle Revue Française. Il suscita nombre de réactions allant des Conséquences politiques de la paix de Jacques Bainville (1920) à La paix calomniée, ou les conséquences économiques de M. Keynes de Étienne Mantoux, publié de manière posthume en 1946. Ce sont quelques aspects marquants des controverses françaises qu’exposera Guilherme Sampaio.

Intervenants

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