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Colloque international « Femmes, libertés et droits en Islam »

lundi, 11 mars 2019

Présentation

Version en anglais - Version en arabe

Organisée par le laboratoire Triangle/ENS Lyon, et la Fondation Orient Mont Pèlerin de Genève (atelier de recherche Iqbal), la rencontre internationale « Femmes, libertés et droits en Islam » ambitionne de traiter un sujet d’une actualité toujours renouvelée, qui se fait pleinement l’écho des interactions entre religion et société, droit et politique, herméneutique des textes sacrés et valeurs humaines. La question revient de manière lancinante sur le plan sociopolitique, et, au-delà de son traitement médiatique, il y a une réelle demande de connaissances fondamentales et élaborées sur la question du statut de la femme en Islam en ce début du XXIe siècle. La condition de la femme fournit en effet un indice précis de la situation d’une société donnée. Partout dans le monde, les données démographiques et économiques, les indices de développement humain et culturel montrent que là où la condition féminine s’améliore, elle contribue également et quasi mécaniquement à la promotion de la société dans son ensemble.

Autour de la citoyenneté et des travaux les plus récents sur la thématique du genre, le colloque croisera réflexions théoriques et comptes rendus des évolutions en cours dans plusieurs sociétés du monde islamique. L’effort théorique durant ce colloque consistera à analyser la nature et l’ampleur des relations entre prescriptions et proscriptions de nature religieuse et réalités sociologiques contemporaines. A partir de là, les participants identifieront les expériences de redéfinition du statut féminin et de lutte contre l’oppression de genre. L’accent sera mis sur les débats religieux contemporains autour de cette question ainsi que sur le rôle de la religion dans cette lutte pour la libération et la citoyenneté des femmes.

Le fait de consacrer toute une rencontre à la thématique proposée permettra de produire des exposés et des échanges à caractère scientifique sur un sujet généralement mal appréhendé ou traité de manière trop souvent démagogique. Ce serait aussi l’occasion d’avoir la maîtrise, au sein de la scène académique française et européenne, de la réflexion critique et informée sur la question du genre en Islam et de révéler au public les travaux récents de nombreux chercheurs et chercheuses du monde islamique. Dans ce cadre, il s’agit de montrer que ce sujet n’est pas une considération spécifiquement occidentale ou européo-centrée, mais bien un souci des hommes et des femmes engagés à l’université ou au sein du monde associatif à travers différentes expériences et dans divers pays dans lesquels se posent les questions du changement au niveau des droits humains, des positions sociales et politiques, voire des représentations et mentalités liées aux femmes.

Aborder adéquatement le sujet suppose au préalable d’éviter un double écueil. D’une part, dès que la question de la femme est posée, on se trouve immédiatement confronté à un réflexe apologétique qui cherche systématiquement à montrer l’aspect innovateur, prévoyant et protecteur des prescriptions juridico-religieuses énoncées au VIIe siècle. Face au retard social en matière de droit et d’égalité des genres, plutôt que d’invoquer le relativisme culturel, cette approche mettra en évidence le fait que le Coran, ses exégètes et les spécialistes du droit (fuqahâ’) étaient toujours en avance sur le temps historique. Or, ce discours ne fait que ressasser une littérature conservatrice, et fait l’impasse sur les changements historiques ayant affecté les différentes sociétés qui, finalement, n’ont plus grand-chose à voir avec celles de l’Arabie du VIIe siècle. L’autre écueil, affleurant tout aussi immédiatement, réside dans la critique occidentale systématique d’un droit jugé archaïque, désuet et inapte à évoluer.

Cette dernière critique montre que les sociétés socialement les plus avancées tendent à refouler le fait que l’émancipation féminine est chez elles toute récente (droit de vote, mixité du travail, interruption volontaire de grossesse). Réfléchir sur la question de la femme arabe ou musulmane, ses libertés et ses droits au XXIe siècle impose donc de cheminer le long d’une crête difficile pour éviter ces deux écueils. C’est cette voie, pratiquée par un certain nombre de chercheurs, d’auteurs et d’observateurs participants, qu’il s’agit d’emprunter au cours de ce colloque international.

S’il est actuellement admis que la réalité sociologique n’a plus rien de comparable avec la situation ayant prévalu dans l’Antiquité tardive ou au début du Moyen-Âge, le recours à une tradition sacralisée ou considérée comme telle exerce en revanche une influence prononcée au sein des sociétés contemporaines. Se ressourcer dans le passé est une caractéristique de plusieurs discours construits à propos de la réforme en Islam, mais c’est aussi une posture rhétorique postmoderne : son efficacité est d’œuvrer à une mytho-genèse reconstructive de l’identité par le souci de revenir à une pratique scrupuleuse et rigoureuse pour imiter les « pieux ancêtres » (c’est-à-dire les toutes premières générations de musulmans). Pour aller au-delà de cette reconstitution identitaire, et ne pas être prisonnier de modes de pensée ou d’arguments d’un autre âge, les intervenants tenteront de traiter d’un certain nombre de questions qui sont au cœur de la citoyenneté contemporaine. Plutôt que de considérer les textes religieux comme des écrits immuables en matière de production de normes juridiques et sociales, il s’agira d’envisager la manière de les lire ou de les faire évoluer sur des aspects liés à l’égalité devant la loi civile, à la vie civique, aux spécificités culturelles des nations ainsi qu’aux changements d’époque.

Alliant l’approche de textes très anciens et d’autres relevant de l’extrême contemporain, les interventions ne sont pas seulement théoriques mais contiennent aussi des études de cas qui mettent l’accent sur les réalités historiques et les situations concrètes révélatrices d’émancipation et de libération observées dans différents pays, du Sénégal à l’Inde. Tout récemment, deux États nous rappellent les conséquences pratiques de ces questionnements. En Tunisie par exemple, un débat vient d’être lancé à l’initiative du chef de l’État pour appliquer dans le domaine de l’héritage un principe inscrit dans la Constitution, et qui est l’égalité des droits et devoirs entre hommes et femmes. Rappelons que dans le droit musulman traditionnel, il est question d’une inégalité juridique qui attribue à l’homme le double de la part de la femme en matière d’héritage. La même démarche a conduit à initier une réflexion sur la dépénalisation du mariage de la femme tunisienne avec un non musulman, point que le conseil européen des oulémas vient de contester en se positionnant pour le maintien du consensus des clercs établi depuis plusieurs siècles. De même, en Inde, le parlement a interdit en août 2017 la pratique dite du triple talaq, forme de divorce irrévocable pratiqué par l’homme. Cette coutume a occasionné des répudiations immédiates ayant exposé les femmes musulmanes indiennes à diverses formes d’arbitraire et de discrimination. Le changement législatif montre la présence d’un combat pour la défense des droits des femmes, et de la lutte contre les différentes formes d’injustice et de précarisation.

Axes du colloque

Programme

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28 MARS 2019


8h45 : Accueil des participants

9h : Allocutions d’ouverture :

9h10 : Introduction thématique :
Réda Benkirane (atelier de recherche Iqbal, Genève), Féminiser la rationalité en islam

Matinée : Sociologie du genre et féminisme islamique
Président de séance : Réda Benkirane

11h45 : Débat et pause déjeuner

Après-midi : Entre théologie, tradition et histoire
Président de séance : Hassan Ghaziri

15h30 : Débat et pause café

17h30 : Débat et clôture de la journée


29 MARS 2019


9h15 : Accueil des participants

Matinée : Etudes de cas
Présidente de séance : Myriam Ababsa

11h45 : Débat et pause déjeuner

Après-midi : Etudes de cas
Président de séance : Makram Abbès

15h30 : Débat et pause café

17h15 : Débat et clôture de la journée

Intervenant.e.s


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