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/ Archives : colloques et journées d’études 2005 - 2016Colloque international : "L’utopisme (néo-) libéral"mardi, 12 septembre 2006 |
Depuis une vingtaine d’années, en France surtout, il est devenu habituel, dans le champ médiatique ainsi que dans le champ universitaire, d’associer utopisme et servitude, espérances utopiques et réalités totalitaires. Il s’est agi, par exemple, de postuler des liens de causalité entre un égalitarisme autrefois revendiqué par la quasi-totalité des traditions de gauche et les pratiques inhumaines de régimes criminels, tel celui de Pol Pot, ou de voir plus généralement dans toutes les expériences inspirées par la révolution bolchévique autant d’échecs meurtriers et liberticides de l’utopie marxiste. Certains penseurs conservateurs ont voulu étendre cet opprobre aux utopistes de 1789, voire à l’ensemble de la philosophie des Lumières. L’utopisme "progressiste" a donc mauvaise presse, et la doxa médiatique le disqualifie désormais, le plus souvent sans se donner la peine d’un argumentaire historiquement fondé. A cet utopisme aux conséquences nécessairement tragiques on oppose désormais le "réalisme" politique, l’adaptation au nouvel ordre établi, quand ce n’est pas une invitation à se soumettre aux "lois" économiques, dotées du même caractère incontournable que les lois de la nature. Bref, l’utopisme est archaïque et dangereux, le réalisme et le quiétisme social sont autant de signes d’un modernisme assumé. Dans ce concert d’éloges à la modération moderniste, un utopisme, pourtant dominant aujourd’hui dans le champ international des idées, n’est que très rarement évoqué : l’utopisme (néo-)libéral. Cette croyance dans les bienfaits absolus du marché, dans l’efficacité sans faille de sa "main invisible", qui est à l’origine des bouleversements que le monde a connu depuis un quart de siècle, reste largement à l’abri des critiques universitaires ou médiatiques. L’objectif de ce colloque est de retracer et d’interroger ce versant de la pensée libérale, en partant des pionniers philosophiques du libéralisme au XVIIIe siècle pour arriver sur la scène très contemporaine. Sociologues, historiens, politologues et civilisationnistes, de France et de Grande Bretagne, porteront un regard croisé sur un enjeu important de nos sociétés contemporaines.
Vendredi 8 décembre
– 9h : Accueil des participants
– 9h20 : Philippe Corcuff (IEP de Lyon), "Penseurs libéraux d’hier (Montesquieu et Adam Smith) et réélaboration d’une utopie anti-capitaliste aujourd’hui"
– 10h : Jean-Yves Tizot (Université Stendhal de Grenoble III), "L’utopisme radical d’Adam Smith"
– 10h40 : pause café
– 11h : Françoise Orazi (Université Lumière Lyon-2/ CERAN), "Libéralisme utopique et féminisme"
– 11h40 : Neil Davie (Université Lumière Lyon-2/ CERAN), "Liberal utopia behind bars ? Jeremy Bentham and the Panopticon Prison"
– 12h30 : déjeuner
– 14h : Gilles Christoph (Université Lumière Lyon-2/ TRIANGLE), "L’utopisme hayekien et ses conditions d’élaboration"
– 14h40 : Denis Duperthuy, Olivier Servais (Université de Savoie), "Les fondements scientifiques de la rhétorique néo-libérale : l’importance du paradigme épistémologique développé par Milton Friedman"
– 15h20 : pause café
– 15h40 : Keith Dixon (Université Lumière Lyon-2/ TRIANGLE), "Gray : un utopiste hayekien repenti ?"
– 16h20 : Emma Bell (Université Lumière Lyon-2/ TRIANGLE), "The proliferation of penal legislation under the Blair government : towards a moral utopia ?"
– 17h : Sophie Béroud (Université Lumière Lyon2/ TRIANGLE), "L’utopie néo-libérale, le travail et les syndicats"
Samedi 9 décembre
– 9h20 : Frédéric Lebaron (Université d’Amiens, IUF), "L’utopisme néo-libéral à la Banque Centrale Européenne"
– 10h : Jérôme Maucourant (Université de St Etienne/ TRIANGLE), "L’économie de marché comme idéologie"
– 10h40 : pause café
– 11h : Lindsay Paterson (Université d’Edimbourg), "Liberals, libertarians and educational theory"
– 11h40 : John Grahl (University of Middlesex), "The uses and abuses of neo-liberalism”
– 12h20-13h : table ronde sur l’utopisme néo-libéral