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Journée d’étude « Sociologies post-occidentales et nouveaux cosmopolitismes »

mardi, 4 juin 2013

Journée d’études/séminaire co-organisé par LIA-Triangle et l’IMU (theme 6).

Programme

Première partie

Globalisation des sciences sociales et nouvelles pratiques de connaissance

Depuis une trentaine d’années, la globalisation semble être une réalité incontournable dont les sciences sociales ont été tenues de rendre compte, soit en spatialisant autrement (c’est-à-dire en dénationalisant) la construction de leurs objets, soit en en proposant de nouveaux intégrant ipso facto la catégorie générique de “global”, soit enfin en proposant des regroupements de fractions globalisées de différentes disciplines (histoire, anthropologie, sociologie, science politique, philosophie, économie, géographie...) pour la constitution de “global studies”. Pourtant, les sciences sociales ne se sont pas contentées de “suivre” la réalité de la globalisation : elles l’ont aussi en partie “créée” en lui donnant un nom, des caractéristiques, des concepts, une histoire etc., permettant ainsi tout à la fois l’émergence d’un nouvel espace de déploiement et l’inscription de ce “nouveau monde” dans un ensemble de processus passés se prolongeant, sous une forme accélérée, intensifiée, quasi-instantanée, dans le présent et ouvrant la voie vers un futur inédit. De la sorte, les “global studies” en gestation ne se constituent pas seulement comme une nouvelle portion de l’espace académique mondial, mais comme celle dans laquelle réside toute ambition de science sociale générale. Pourtant, cette recomposition d’une partie des sciences sociales n’est presque jamais analysée en tant que telle. Elle a fait l’objet de tentatives de synthèse visant à proposer un découpages en “théories” ou en “vagues” (mondialistes, sceptiques, troisième vague...) mais il n’existe guère d’enquête sur ce moment singulier entre 1985 et 1992 où se mettent en place les principes, les enjeux, les luttes et les limites de ce qui est sans doute la révolution majeure des sciences sociales mondiales depuis les années 1960. Le projet en cours vise à saisir la logique de cette émergence.

Dès les années 1970 la perspective de sortir l’anthropologie de son contexte colonial de production des connaissances a pu inspirer des orientations professionnelles qui mirent un certain temps à trouver leur voie. Il s’agissait tout à la fois de repenser les aires culturelles concernées, les problématiques et les méthodes d’investigation. Après avoir retracé le chemin qui m’a mené de l’Algérie aux Etats-Unis, il m’importera d’exposer comment s’est mis en place un projet d’anthropologie réciproque qui se voulait d’emblée inscrit dans un rapport de relative égalité entre « pays de connaissance », entendant par là leurs traditions anthropologiques respectives comme les savoirs qu’ils avaient constitués les uns sur les autres (histoire et sciences politiques en particulier). Des modalités d’organisation de ce projet dans les années 2000 aux problématiques qui se sont dégagées au fur et à mesure des rencontres entre anthropologues américains travaillant sur la France et anthropologues français travaillant sur les Etats-Unis, c’est un parcours de recherche individuel, collectif, réflexif et projectif au sens où il s’initie lui-même à de nouvelles formes de travail en commun de part et d’autres de frontières nationales, que je restituerai dans son mouvement.

Présentation des conférenciers :

Stéphane Dufoix est maître de conférences habilité en sociologie (Université Paris Ouest Nanterre), directeur-adjoint du Sophiapol (Sociologie, philosophie et anthropologie politiques, Université Paris Ouest) et membre honoraire de l’Institut universitaire de France. Il est l’auteur de Les Diasporas, Paris, PUF, coll. Que sais-je, 2003 ; Les mots de l’immigration (avec Sylvie Aprile), Paris, Belin, 2009 ; et La Dispersion. Une histoire des usages de diaspora, Paris, Editions Amsterdam, 2012. Il a édité trois ouvrages collectifs : avec Patrick Weil, L’esclavage, la colonisation et après…, Paris, PUF, 2005 ; avec Carine Guerassimoff et Anne de Tinguy, Loin des yeux, près du coeur. Les Etats et leurs expatriés, Paris, Presses de Sciences-Po, 2010 ; et, dernièrement, avec Alain Caillé, Le tournant global des sciences sociales, Paris, La Découverte, 2013.

Anne Raulin Docteur en anthropologie de la New School for Social Research (New York), ses travaux portent essentiellement sur Paris et New York, où elle a développé une approche centrée sur les temporalités dans l’espace urbain (mémoire, histoire, rites urbains relevant de la vie quotidienne ou de la dimension événementielle, dans ses aspects festifs ou traumatiques) contribuant à une approche diversifiée et intégrée de l’espace/temps en anthropologie urbaine. En France, ses recherches sur la problématique des minorités urbaines l’ont amenée à élaborer les notions de centralité et d’altérité minoritaires signifiant l’émergence de nouvelles composantes dans les dynamiques des métropoles et leur mondialisation. Travaillant au croisement des disciplines, en particulier de l’anthropologie, de la sociologie et de l’histoire, elle s’intéresse à la contextualisation nationale de la connaissance anthropologique, et à la mise en pratique d’une anthropologie réciproque entre la France et les Etats-Unis. Parmi ses dernières publications : Anne Raulin et Susan Carol Rogers (dir.), Parallaxes transatlantiques. Vers une anthropologie réciproque, Paris, Cnrs Editions, 2012 - « Résilience urbaine à Lower Manhattan. Raccords mémoriels et déni dans l’après-11 septembre 2011 » - in D. Peschanski dir., Mémoire et mémorialisation. De l’absence à la représentation, Paris, Hermann, 2013 - « Manhattan comme une île », Ethnologie Française, 2006, 3, p. 467-474 - « Sur la vie et le temps de Lewis Henry Morgan », L’Homme, 2010, 195-196, p. 225-246.- « Translations culturelles : Lewis H. Morgan et son double », Cahiers Internationaux de Sociologie, 2008, 124-1, p. 61-81 - « La vie quotidienne, entre colonisation et émancipation », L’homme et la société, Henri Lefebvre, une pensée devenue monde, 2012, 185-186 - « Minorités urbaines : des mutations conceptuelles en anthropologie », Revue Européenne des Migrations Internationales, 2009, 25/3, p. 33-53 - « Anthropologie et Migrations », en coll. avec D. Cuche et L. Kuczynski, Revue Européenne des Migrations Internationales, 2009, 25/3, p. 7-13.

Seconde partie

Avec les interventions des auteurs de l’ouvrage :

Discussion ouverte par Anne Raulin et Stéphane Dufoix