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Journée d’étude : Écrire la comparaison

mercredi, 19 mai 2010

Voir l’affiche ici

Avec le soutien financier de l’École Doctorale des Sciences Sociales de Lyon et du laboratoire Triangle, Action, discours, pensée politique et économique (CNRS, ENS de Lyon, Université de Lyon 2, IEP
de Lyon).

Inscription (gratuite) par mail : journeecomparaison@gmail.com
Contact : Marianne Woollven : 04 37 37 64 10

Comité d’organisation scientifique

Présentation de la journée

La méthode comparative apparaît heuristique tant comme mode de raisonnement des sciences sociales (Durkheim, 1895, Bloch, 1928), que comme outil méthodologique de confrontation de temporalités et spatialités disparates, dans l’élaboration d’études comparatives nationales ou internationales. Toutefois, alors même qu’elle est une des conditions sine qua non de l’opérationnalisation aboutie de la démarche comparative, et malgré le nombre de travaux théorisant et mobilisant cette approche, des classiques aux plus contemporains, l’écriture apparaît paradoxalement comme l’« oubliée » des travaux méthodologiques centrés sur cette démarche. Cette carence tient sans doute – plus généralement – au peu d’attention accordée à l’exploration des stratégies d’écriture en sciences sociales [1]. L’explicitation des stratégiesd’écriture constituerait, nous semble-t-il, un apport fructueux pour la recherche comparative, tant en termes méthodologique (i.e. optimiser la restitution écrite de la comparaison) qu’épistémologique (i.e. accroître la connaissance des terrains étudiés par la mise au jour des bricolages scripturaux).

La journée d’étude sera organisée autour de quatre sessions, regroupées autour de deux grands thèmes (la retranscription de cas disparates/multidimentionnels, puis les stratégies d’écriture dans l’opérationnalisation de la comparaison). Chaque demi-journée fera l’objet de communications de doctorants et docteurs ; chaque session sera discutée par un chercheur ayant réalisé, puis rédigé et publié une recherche comparative.

Programme

Thème de la matiné : QUELS CHOIX D’ÉCRITURE POUR RETRANSCRIRE DES CAS DISPARATES ?

Session 1. Traduire le contraste (10h00-11h00)

Lors de cette session, nous concentrerons notre attention sur les choix opérés lors de l’écriture de la comparaison, eu égard à la retranscription de réalités nationales spécifiques. Nous nous attacherons aux modalités de la traduction (purement linguistique ou envisagée comme procédure d’explicitation), dans le but de montrer comment des contextes différenciés peuvent être insérés dans l’écriture et « retraduits » par celle-ci. En termes de stratégie d’écriture, comment trouver des notions, des concepts et des titres de plans qui synthétisent la retranscription de réalités éparses ? Nous nous attarderons également sur l’explicitation par le processus de l’écriture de réalités non familières. Lorsque par exemple l’on possède une connaissance plus approfondie d’une partie des cas d’étude, comment rendre justice au(x) cas moins connus ? Les questions de l’ethnocentrisme et des biais relatifs à la position du chercheur dans les facteurs explicatifs, ainsi que les outils de dépassement de ceux-ci pourront être analysés. A contrario, comment procéder lorsque les réalités étudiées ne sont pas si « étrangères » les unes des autres, i.e. lorsque des cas pensés comme indépendants dans le cadre d’une comparaison internationale deviennent interdépendants dans un contexte européen ou de mondialisation ?

Discutante : Cécile Vigour, CR CNRS, Science politique, SPIRIT, Sciences Po Bordeaux.

Session 2. Retranscrire des cas multidimensionnels (11h15-12h45)

Les questions d’inégalité des cas et de données non similaires seront ici explorées. Que faire lorsque les cas où les données recueillies sont dissimilaires ? De telles difficultés peuvent apparaitre pour des raisons différenciées, telles la formulation de la problématique, mais aussi le déroulement ou les résultats de l’enquête de terrain. Nous nous interrogerons également sur les jeux d’échelles, sur les manières d’intégrer et de combiner dans l’écriture différents niveaux de comparaison.

Discutante : Mireille Lapoire, docteure en sciences sociales de l’ENS Cachan, ATER à l’Université Lyon 3, IAE et IFROSS.

Thème de l’après-midi : OPÉRATIONNALISER LA COMPARAISON : QUELLES STRATÉGIES D’ÉCRITURE POUR « FAIRE PARLER » LES DONNÉES ?

Session 3. L’écriture en coulisse : le bricolage des plans comparatifs (14h30-16h00)

Cette session aura pour ambition de confronter les stratégies d’écriture de plans (de thèse, d’ouvrage, d’article), mises en œuvre en fonction des terrains et problématiques d’enquête, et leurs implications. Il peut s’agir de plans choisissant des chapitres systématiquement comparatifs (autour des facteurs identifiés comme primordiaux ou/et des grandes tendances observées) ou des chapitres comparatifs problématisés autour d’une notion, suivi d’une analyse des différents cas selon leur degré de proximité ou d’éloignement par rapport au concept ainsi forgé (comme le fait par exemple F. Dubet dans Le déclin des institutions autour du concept de « programme institutionnel »), avec une conclusion comparative. Il peut également s’agir de plans dits « thématiques » ou « transversaux » (Hassenteufel, 2000) ou encore de plans choisissant de confronter monographies et analyse transversale.

Discutant : Gilles Pinson, PR Science politique, TRIANGLE, Sciences Po Lyon.

Session 4. Monter en généralité à partir des données comparatives (16h15-17h45)

Cette session part d’un paradoxe : d’un côté, il paraît assez inextricable de concilier complexité, voire disparité des données, et montée en généralité comparative. De l’autre, la comparaison est à même de mettre à jour à la fois des dissemblances et des invariants, et, de ce fait, de constituer un instrument de théorisation (Darmon, 2008). Comment la restitution écrite des résultats d’une enquête comparative peut-elle à la fois rendre compte de la richesse idiosyncratique des terrains et des spécificités des contextes, tout en produisant des connaissances sur des processus macrosociaux transcendant les cas particuliers ? Faut-il par exemple présenter les spécificités sous forme d’encadrés et les invariants dans le corps du texte présentant les résultats de la comparaison ? Gilles Pinson (2009) opte pour un dépassement de la juxtaposition des cas : comment les stratégies d’écriture adoptées alors donnent-elle à voir « ce que les projets urbains nous apprennent sur les villes et l’action publique » (p. 36) ?

Discutant : Patrick Hassenteufel, PR Science politique, Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines.

Éléments bibliographiques

DETIENNE, M. 2000. Comparer l’incomparable, Le Seuil, Paris.

DARMON, M. 2008. « La notion de carrière : un instrument interactionniste d’objectivation », Politix. Revue des Sciences Sociales du Politique, vol. 21, n° 82, juin 2008, p. 149-167

DURKHEIM, E. 1986 (1ère éd. 1895). Les Règles de la méthode sociologique, Paris, Presses Universitaires de France.

HASSENTEUFEL, P. 2000. « Deux ou trois choses que je sais d’elle. Remarques à propos d’expériences de comparaisons européennes », dans CURAPP, Les méthodes au concret, Paris, Presses Universitaires de France, p.105-124.

LALLEMENT, M., SPURK, J. 2003. Stratégies internationales de la comparaison, Paris, Éditions du CNRS

LAMONT, M., THEVENOT, L. (dir.). 2000. Rethinking Comparative Cultural Sociology. Repertoires of Evaluation in France and in the United States, Cambridge (UK), New York, Cambridge University Press.

MÉNY, Y., SUREL, Y. 2009. Politique comparée : les démocraties : Allemagne, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Paris, Montchrestien (8è éd.).

PASSERON, J.C., REVEL, J. 2005. « Penser par cas. Raisonner à partir de singularités », dans PASSERON, J.C., REVEL, J., Penser par cas, Paris, EHESS.

PINSON, G. 2009. Gouverner la ville par projet. Urbanisme et gouvernance des villes européennes, Paris, Presses de Sciences Po.

RAGIN, C. 1987. The Comparative Method : Moving beyond Qualitative and Quantitative Strategies, Berkeley, University of California Press.

SARTORI G. 1994. « Bien comparer, mal comparer », Revue internationale de politique comparée, vol. 1 : 19-36 (traduction de l’article de 1970).

SARTORI, G. 1970. « Concept Misformation in Comparative Politics », American Political Science Review, 64, p. 1033-1053.

SCHULTHEIS, F. 1989. « Comme par raison - comparaison n’est pas toujours raison. Pour une critique sociologique de l’usage social de la comparaison interculturelle », Droit et société, 11-12, p. 219-244.

STRAUSS, A., CORBIN, J. 1997. Grounded theory in practice, Thousand Oaks, Sage Publications.

VIGOUR, C. 2005. La comparaison en sciences sociales : pratiques et méthodes, Paris, La Découverte.

WERNER, M., ZIMMERMAN, B. (dir.) 2004, De la comparaison à l’histoire croisée, Paris, Le Seuil.

[1Comme l’a souligné la journée d’étude sur les « enjeux (et) pratiques de l’écriture en sciences sociales » organisée les 22 et 23 septembre 2006 à l’École doctorale de science politique de l’Université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne).

[2Léa Lima « Prendre en compte la mise en oeuvre de l’action publique dans la comparaison. », Revue internationale de politique comparée, vol. 11, n°3, 2004, p. 435-455.

[3Nous suivons, ce faisant, la méthodologie proposée par Gilles Pinson. Gilles Pinson, Gouverner la ville par projet. Urbanisme et gouvernance des villes européennes, Paris, Presses de Sciences Po, 2009.


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