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/ Des membres de Triangle participent

Paul Bacot participe aux Rencontres de la parole politique : « Parler dur / Parler doux / Parler mou en politique »

samedi, 7 septembre 2024

Présentation

Ces rencontres sont organisées par la Société d’étude des langages du politique (SELP).

Dans ses dimensions argumentative et plus largement rhétorique, mais aussi prosodique, voire dans son accompagnement gestuel, la parole politique oscille sans cesse entre la dureté et la douceur du propos.

Du côté de la dureté, on trouve notamment la menace qui évoque le passage d’une violence verbale à une violence physique, le mépris qui refuse à l’autre la qualité d’interlocuteur légitime, l’ironie qui cherche à le décontenancer ou à le disqualifier, le recours à l’émotion quand il cherche à susciter la honte, la pitié ou la peur, l’exagération et l’hyperbole qui déforment le propos adverse pour mieux le contester, le recours à une prétendue force des choses excluant tout choix et donc tout débat, l’argument d’autorité dont la violence symbolique peut s’avérer très efficace, le haussement de ton qui manifeste la colère ou cherche le monopole de la parole, le rire qui ridiculise, l’argument ad hominem (la mise en contradiction de l’interlocuteur) ou ad personam (l’attaque personnelle), la manipulation qui cherche à imposer par divers moyens ce que l’argumentation ne suffit pas à obtenir… jusqu’à la persuasion clandestine et aux fake news. La propagande dans ses formes les plus radicales, le pamphlet et le scandale peuvent apparaître comme les archétypes du « parler dur » – et pas seulement en politique.

Du côté de la douceur du propos, on trouve par exemple ce que les analystes du discours appellent justement des adoucisseurs (lexicaux, morphosyntaxiques, prosodiques, mimogestuels…), le recours aux figures de la litote et de l’euphémisme, les formules de politesse et tout ce qui contribue à sauver la face de l’interlocuteur, les différentes formes de discours concessif, l’affichage de la modestie, de la retenue ou de la tranquillité. Les processus de réparation d’image relèvent également de ce type de parole.

Le silence, ou encore l’humour, peuvent se trouver mobilisés dans l’une ou l’autre perspective. Mais le contraire de « dur » n’est pas toujours « doux ». Ce peut être aussi « mou » : le parler mou ne peut être revendiqué par le locuteur, mais il peut être dénoncé chez l’adversaire. Le mou peut être l’autre façon de dire le doux – mais peut-être aussi celle de mettre en cause une dureté de façade. C’est donc la triade du dur, du doux et du mou qui doit être repérée et analysée dans le discours politique. Ces Rencontres de la parole politique de Nevers 2024 permettront d’apporter une contribution à cette thématique.