Présentation

L’objet de cette session sera double : d’une part, prendre la mesure du phénomène du renoncement en politique et, pour ce faire, construire « l’objet » ; d’autre part, mettre en évidence les logiques sous-jacentes à ce type de comportements politiques.
À cette fin, la discussion prendra appui sur l’analyse empirique de deux événements majeurs : le sabordage par les représentants des ordres privilégiés—noblesse et clergé—du cadre institutionnel et juridique garant de leurs intérêts et de leur raison d’être le 4 août 1789 à Versailles ; l’octroi des pouvoirs constituants à Hitler par les partis dits de Weimar le 23 mars 1933 à Berlin.

Intervenant :

• Spécialiste de sociologie historique du politique, Ivan Ermakoff est professeur de sociologie à l’Université du Wisconsin à Madison. Il est notamment l’auteur de Ruling Oneself Out : A Theory of Collective Abdications (Duke University Press, 2008). En s’appuyant sur une analyse détaillée des processus de décision ayant mené à l’arrivée au pouvoir de Hitler en Allemagne en 1933 et de Pétain en France en 1940, cet ouvrage propose une théorie des « abdications collectives » visant à expliquer comment des régimes parlementaires peuvent se saborder en votant leur propre dissolution. Au-delà des cas étudiés et des propositions de méthode qui sous-tendent l’analyse empirique, cet ouvrage aborde plusieurs questions qui intéressent au premier plan les sociologues et les politistes : les modalités du choix en situations d’incertitude, le rapport aux croyances, l’indétermination des dynamiques collectives, et la prégnance des phénomènes d’alignement dans ces conjonctures.

Discutant :

• Boris Gobille, maître de conférences de science politique à l’ENS de Lyon, chercheur à Triangle