logo de Triangle

Douet, Yohann

Post-doctorant au LabEx COMOD, Université de Lyon (01/09/2024 – 31/08/2025)

yohann.douet@ens-lyon.fr

Projet de recherche

État intégral et marxisme machiavélien : Gramsci, Althusser et Poulantzas

Je souhaite étudier la manière dont plusieurs représentants du « marxisme machiavélien » ont élargi théoriquement la notion d’État. Gramsci l’a fait le premier en forgeant la notion d’État intégral visant à penser l’unité dialectique de l’État au sens strict et de la société civile. Althusser et Poulantzas ont chacun repris ce geste d’élargissement théorique d’une manière spécifique, tout en critiquant Gramsci sur bien d’autres points. Du reste, ces entreprises de redéfinition de l’État ont été au coeur de débats politiques et théoriques importants dans les années 1970 principalement en France et en Italie (autour de l’eurocommunisme d’une part, et de la pertinence de la pensée politique marxiste d’autre part), débats où la référence aux conceptions gramsciennes était incontournable. Je souhaite donc étudier les influences et filiations au sein du marxisme machiavélien en suivant le fil directeur de l’État intégral, et revenir sur le rôle de cette notion et des conceptions apparentées dans les débats évoqués. L’enjeu pour moi est de retrouver des ressources théoriques précieuses dans ces élaborations et débats peu ou mal connus, dans l’espoir de contribuer, à terme, à une meilleure compréhension de l’État contemporain.

Ce projet s’inscrit dans l’axe III du LabEx.

Projet de recherche COMOD 2020-2021

Crise de la modernité et consentement à la domination : étude comparée des conceptions marxistes hétérodoxes du fascisme, des années 1920 aux années 1940 (Allemagne - Italie).

Thèse : « Saisir l’histoire. Conception de l’histoire et périodisation chez Antonio Gramsci »

effectuée sous la direction de M. le professeur Stéphane Haber, à l’Université Paris Nanterre (École doctorale 139 – Laboratoire Sophiapol)
soutenue le 4 décembre 2018

Résumé de la thèse :

Ma thèse est à la fois un travail d’histoire de la philosophie (politique), de philosophie sociale et politique, et de philosophie de l’histoire. Elle est consacrée à la conception de l’histoire d’Antonio Gramsci, notamment dans ses Cahiers de prison, appréhendée à partir de la question de la périodisation : comment discerner les distinctions pertinentes dans le cours des événements, et comment faire droit aux ruptures radicales, en particulier aux révolutions ? Je montre que les élaborations de Gramsci permettent de résoudre différents problèmes rencontrés par les philosophies de l’histoire en ce qu’il ne tombe pas dans l’écueil du dogmatisme, qu’il soit matérialiste ou idéaliste, consistant en particulier à écrire une histoire a priori. Son historicisme s’accompagne en effet d’une profonde et constante attention à la concrétude et à la complexité des pratiques, situations et acteurs historiques : il est loin de les homogénéiser comme Althusser et ses collaborateurs ont pu le lui reprocher. Pour autant, et contrairement aux philosophies néo-hégéliennes italiennes (Croce et Gentile) contre lesquels elle se construit, sa pensée ne dissout pas l’unité et la consistance du processus historique en une multiplicité de cas absolument singuliers et contingents ; elle parvient à saisir les époques historiques comme des totalités relativement cohérentes et qualitativement distinctes les unes des autres, et à rendre leur succession intelligible. En ce sens, ses réflexions fournissent des ressources précieuses pour répondre au « refoulement » de l’histoire qui me semble caractériser de nombreuses théories post-modernes, et plus spécifiquement post-marxistes (celle de Laclau et Mouffe en premier lieu). Il propose donc une philosophie de l’histoire ouverte, et lourde d’enjeux pratiques. Pour le montrer, je me suis penché sur les concepts décisifs – tant pour l’analyse historique que pour la stratégie politique – qu’il forge dans ses textes (rapports de force, bloc historique, hégémonie, révolution passive, crise, etc.), ainsi que sur les études qu’il a consacrées à des périodes et à des situations historiques déterminées (Renaissance, Réforme, Révolution française, Risorgimento, fascisme, américanisme, etc.).

Jury composé de :

M. Fabio Frosini, Professeur de Philosophie à l’Università degli Studi « Carlo Bo » d’Urbino (rapporteur)
M. Stéphane Haber, Professeur de Philosophie à l’Université Paris Nanterre (directeur)
Mme Florence Hulak, Maîtresse de conférences en Philosophie à l’Université Paris 8
M. Razmig Keucheyan, Professeur de Sociologie à l’Université de Bordeaux (rapporteur)
M. Emmanuel Renault, Professeur de Philosophie à l’Université Paris Nanterre (président du jury)
M. Guillaume Sibertin-Blanc, Professeur de Philosophie à l’Université Paris 8

Publications 2015-2020

Articles dans une revue à comité de lecture

« Affronter la crise de la modernité. Hégémonie et sens de l’histoire chez Antonio Gramsci », Actuel Marx, n° 68, 2020/2, p. 175-192.

« Critique de l’idéologie et genèse des idéalités chez Trần Đức Thảo », Revue philosophique de Louvain, tome 117, n° 3, août 2019, p. 479-498.

« Althusser, Poulantzas et le problème de l’autonomie de la politique », L’Homme et la Société, n° 209, 2019/1, p. 159-181.

« Le problème du dépérissement du droit chez Marx et Engels », Droit et Philosophie, n° 10, 2019, p. 29-50.

« L’eurocommunisme, Gramsci et les althussériens », Décalages. An Althusser Journal Studies, vol. 2, n° 1, 2016, en ligne.

Articles dans d’autres revues

« Gramsci, critique des médias ? », Acrimed, décembre 2020, en ligne.

« Gramsci et le problème du parti », Contretemps, mars 2017, en ligne.

Chapitres dans des ouvrages collectifs

– « Sens et enjeux de la notion d’inconscient chez Marx et Engels », in A. Feron (dir.), L’Inconscient, Paris, Éditions Lambert-Lucas, 2020, p. 103-121.

– « Le désaccord et la contradiction : réflexions sur le post-marxisme de Laclau et Mouffe », in Nicolas L., Ravat J. et Wagener A. (dir.), La valeur du désaccord, Pars, Éditions de la Sorbonne, 2020, p. 139-154.

« Gramsci and the Rise of Capitalism », in Antonini F., Bernstein A., Fusaro L. et Jackson R. (dir.), Revisiting Gramsci’s Notebooks, Brill, Leiden, 2019, p. 339-353.

Recensions

« Practicing Marxism : Towards a Dialogue between Luxemburg and Gramsci » [sur M-C.Calloz-Tschopp et al. (dir.) Rosa Luxemburg, Antonio Gramsci actuels ?, Kimé, 2018], International Gramsci Journal, vol. 3, issue 4, 2020, p. 157-168.

– Recension de L. Althusser, Que faire ? (PUF, 2018), Revue française de science politique, n° 69, 2019/3, p. 510-1.

– Recension de F. Frosini, De Gramsci à Marx. Idéologie, vérité et politique (Éditions Critiques, 2019), Actuel Marx, n° 66, 2019/2, p. 194-5.

« Poulantzas retrouvé » [sur R. Keucheyan et J-N. Ducange (dir.), La fin de l’État démocratique. Nicos Poulantzas, un marxisme pour le XXIème siècle, PUF, 2016], Contretemps, mars 2017, en ligne.

« Mettre en lumière les limites des théories dominantes » [sur E. M. Wood, Liberté et propriété. Une histoire sociale de la pensée politique occidentale de la Renaissance aux Lumières, Lux, 2014], Contretemps, février 2015, en ligne.

Traduction et édition d’ouvrage

– Traduction, édition et préface (avec A. Blin, A. Burlaud et A. Feron) de E.P Thompson., Misère de la théorie. Contre Althusser et le marxisme anti-humaniste, Paris, L’Échappée, 2015, 400 p.

Ouvrages : présentation détaillée

Publiés au sein du laboratoire, depuis 2010 :