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Diriger le laboratoire Triangle pendant le confinement : le point de vue de Claude Gautier
2 avril 2020, Site web de l’ENS de LyonPrésentation
« Pourriez vous nous décrire l’ambiance au sein du laboratoire ?
Disons que nous commençons à nous installer dans de nouvelles habitudes. Il est difficile de parler d’une ambiance car ce qui fait aussi l’atmosphère au quotidien de Triangle, avant le confinement, ce sont toutes ces rencontres inopinées, tous ces échanges imprévus qui rendent nos lieux géographiques communs si précieux et qui permettent toutes les formes de sollicitations et de sociabilités inattendues : des conseils et des renseignements divers jusqu’aux éclats de rire en passant par le café ou le thé partagés. Tout ça n’est provisoirement plus.
Mais la virtualité des relations à distance rend créatifs. Il y a toute une activité de substitution qui se met en place par le biais d’une circulation plus organisée d’informations, professionnelles mais aussi plus variées. Lectures et partages de textes, articles, billets et autres annotations portant sur les circonstances que nous traversons, etc. Parfois pour détendre l’atmosphère ou pour apaiser des inquiétudes ; parfois pour prendre un peu de distance avec humour. Ces échanges s’opèrent par listes d’affinités et ne concernent pas nécessairement toutes et tous. Ce qui est d’ailleurs assez naturel puisque c’est aussi le cas en temps normal.
Ce qui est remarquable, c’est que tous ces échanges manifestent, à des degrés divers, le besoin renouvelé de construire autrement ce dont nous avons tous et toutes besoin : sortir autant qu’il est possible de l’isolement ; comprendre ce qui advient, etc.
Tous les moyens techniques, sous une forme ou sous une autre, sont mobilisés et adaptés : mails, plateformes de discussion, WhatsApp, Renater, téléphone, Skype, etc. Parce que, dans ces nouvelles circonstances, entendre les voix, voir et regarder les visages devient de grande importance - presque vital !
Quelle organisation pour les personnes à l’étranger ?
Dans un premier temps, les contacts ont surtout été orientés vers celles et ceux qui étaient encore à l’étranger au moment du confinement. Avec des situations très différentes et parfois complexes d’un pays à l’autre, il a fallu échanger beaucoup pour maintenir le lien et organiser, dans certains cas, les conditions du retour. Depuis cette semaine, ce point est à peu près réglé grâce aux efforts remarquables de Marie et Pascal, notre secrétariat général. Toutes celles et tous ceux de nos collègues et doctorant.e.s, qui étaient concerné.e.s sont enfin rentré.e.s ; celles et ceux qui demeurent à l’étranger, désormais, sont dans leurs familles.
et pour les doctorants ?
Notre inquiétude porte beaucoup sur nos doctorant.e.s. La situation en temps normal est déjà complexe et exige de nous que nous soyons attentifs-ves à celles et ceux qui sont plus fragiles. La distance imposée nous conduit à imaginer d’autres moyens pour garder le contact. Sur ce plan, grâce au dévouement sans faille du secrétariat général, une fois encore, nous avons mis en place un système de messagerie plus personnalisée.
Par petits groupes, nous nous adressons à chacune et à chacun d’entre les doctorant.e.s et nous leur demandons de nous donner des nouvelles : d’eux/elles -mêmes ; mais aussi des nouvelles à propos de leurs conditions actuelles de confinement et de travail. La rapidité des réponses nous laisse comprendre que cela correspond à une attente réelle. A cela, il faut encore ajouter que nous avons convenu ensemble – la direction et le secrétariat général – de contacter individuellement chaque chercheur, enseignant-chercheur, post-doctorant, associé, personnel d’accompagnement à la recherche, qui appartiennent à chacune de nos tutelles. Cela, même si, et surtout si, nous n’avions pas de raisons professionnelles spécifiques d’entrer en relation avec eux/elles depuis le début du confinement.
Il s’agit, là encore, de s’enquérir de leur situation, de leur santé, de leurs éventuelles difficultés liées à l’isolement ou, plus simplement, de prolonger, par ces échanges, ce qui fait un peu la marque de fabrique de l’esprit Triangle. Je dois reconnaître que l’ensemble de ces tâches alourdissent considérablement le travail du secrétariat général. Je tiens tout particulièrement à le remercier. Cela se fait progressivement, car nous sommes une grosse unité de recherche. Dans toutes ces situations, nous veillons, bien sûr, à ne jamais outrepasser les règles de la privacy.
et la Recherche ?
Pour ce qui est du travail de gestion et d’accompagnement de la recherche proprement dit, nous avons instauré quelques principes pratiques pour soutenir nos échanges – sans doute peu originaux mais utiles et efficaces. Le mail, bien sûr et, comme pour tout le monde, priorité est donnée au traitement électronique des affaires courantes. Nous avons mis en place, également, des rendez-vous réguliers par visio-conférence qui réunissent Marie Lucchi, Pascal Allais pour le secrétariat général, Ludovic Frobert et moi-même pour la direction du laboratoire. Nous faisons ainsi, au moins une fois par semaine, le point sur les affaires en cours et sur les problèmes qui demeurent en suspens. Nous avons prévu également des rencontres par visio-conférence avec tous les gestionnaires de notre unité.
Pour rappeler que, malgré tous ces efforts, il est difficile de faire comme si de rien n’était ; je rappelle que notre unité est de grande taille pour un laboratoire de Sciences Humaines et Sociales. Et je ne compte pas tout le monde.
Nous sommes parvenus à organiser le télétravail pour la totalité des personnels d’accompagnement de la recherche. Nous avions un peu anticipé la perspective du confinement et tous les ordinateurs-portables du laboratoire disponibles ont été équipés des outils indispensables de gestion, etc.
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- Claude Gautier est professeur de philosophie politique et de philosophie des sciences sociales à l’ENS de Lyon, directeur de Triangle.
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Claude Gautier :
Professeur de philosophie politique et de philosophie des sciences sociales à l’ENS de Lyon