
/ Séminaire FELiCiTE : Circulations, Traductions et Editions
Journée FELiCiTE | Nesrine Bessaih : « CORPS et la « Tradaptation » de Our Bodies, Ourselves »
27 novembre 2019, 9h-16h, en D4.260, site Descartes de l’ENS de LyonLa journée se déroule en 2 temps : séminaire le matin et atelier l’après-midi.
9h-12h Séminaire de traductologie féministe
Nesrine Bessaih, est anthropologue et traductrice spécialisée dans le domaine de la justice reproductive, un domaine en émergence à la jonction de la justice sociale, du droit à la santé et de la santé sexuelle et reproductive. Elle s’implique depuis 20 ans pour la justice sociale et a travaillé dans des regroupements féministes québécois pendant plus de 10 ans. Elle est présidente de la Fédération du Québec pour le planning des naissances. Elle a coordonné la traduction et l’adaptation de l’ouvrage collectif Corps Accord : Guide de sexualité positive (Éditions remue-ménage, 2019).
Résumé de l’intervenante : Ma présentation s’intéresse aux négociations, entre deux postures d’écriture féministe et inclusive, qui prennent place autour de la traduction et de l’adaptation d’un texte dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive. Au Québec, la théorie de l’intersectionnalité (Crenshaw 1989) se propage dans les milieux universitaires mais se concrétise peu dans la pratique des groupes de femmes (Maillé 2014). Le mouvement des femmes québécois connait ainsi un ensemble de tensions. Les femmes les plus marginalisées (trans, lesbiennes, racisées, autochtones, en situation de handicap, etc.) rencontrent des difficultés à y faire leur place et à y mettre en valeur les enjeux qui les touche plus particulièrement. Parmi les tensions qui traversent ce mouvement, on peut relever l’éclatement de la notion de genre portée principalement par des personnes se revendiquant de la diversité sexuelle (personnes trans, non-binaires). Ces changements se manifestent, entre autres, dans l’écriture à travers un renouvellement de la pratique de l’écriture inclusive qui avait été jusqu’ici définie comme une écriture visant à rendre le féminin visible. Dans ce contexte, la CORPS féministe (une collective de militantes pour la santé des femmes) adopte une posture intersectionnelle afin de traduire et d’adapter Our Bodies Ourselves (2011), un ouvrage de référence dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive. Autrement dit, ces militantes abordent la tradaptation en tenant compte de la diversité des femmes qui vivent au Québec et des rapports de pouvoirs inégaux qu’elles entretiennent. J’utilise l’ethnographie et la critique génétique (Fenoglio et Chanquoy 2007, Lavieri 2015) comme méthodologie de recherche pour répondre à la question : Quels effets la coexistence de ces deux courants d’écriture inclusive a-t-elle sur le processus d’élaboration du livre et de sa rédaction ainsi que sur les choix terminologiques réalisés par la CORPS féministe ?
A lire son article sur le sujet : « Nous les femmes de 1970 à 2017 à travers les traductions et adaptations de Our Bodies, Ourselves en français », co-écrit avec Anna Bogic.
Discutante
Heloïse Thomas, coorganisatrice de FELiCiTE, et doctorante ATER, Etudes américaines & Etudes queer.
Atelier de traduction féministe 14h-16h
Animation de l’atelier : Samantha Saïdi et Heloïse Thomas
Bethsabée Maire présentera sa traduction d’un extrait de The Making of Our bodies, Ourselves de Kathy Davis qui raconte l’histoire de la création du collectif de femmes qui a rédigé la première édition de OBOS. Relectrices pour la séance : Elise Fandos, Marion Ricaud.
Ouvrage passionnant qui éclaire les modalités et le contexte d’écriture de Our bodies, Ourselves dans un pays et une époque (70 ‘s) agités par un vent de contestation populaire : mouvements des femmes, pour les droits civiques, contre la guerre au Vietnam, révolution sexuelle, etc. Ce texte rassemble des témoignages qui dépeignent bien la force de l’énergie collective, l’histoire d’un mouvement militant, ainsi que les répercussions sociétales concrètes de l’ouvrage OBOS dans la vie des femmes états-uniennes, la gynécologie, la reconnaissance des infirmières, sage-femmes et la promotion des femmes médecins.