/ Séminaire du Laboratoire Junior d’épistémologie et d’ontologie sociale (LEOS)

Niels Boissonnet : « Peut-on décider de ses préférences ? »

12 avril 2019, de 16h à 18h, à l’ENS de Lyon, site Descartes, salle D2.128

Présentation

L’idée selon laquelle changer les préférences de nos semblables nécessite parfois d’attirer leur attention sur des éléments neufs, qu’ils avaient jusqu’alors sincèrement ignorés, est une platitude de la psychologie de sens commun. C’est le vendeur qui tente d’amadouer son client en soulignant les propriétés avantageuses de son produit, le politique qui discute la vision portée par son programme, les amateurs de théâtre qui s’écharpent sur les règles incontournables de la représentation dramatique. Prenons la bataille d’Hernani. Soucieux de défendre une vision rénovée de la dramaturgie théâtrale, les acteurs de cette querelle ne se contentent pas d’invectives, ils fournissent des textes théoriques pour défendre la pièce de Victor Hugo et justifier leur vision de l’art. Fussent-ils dans l’erreur, ils se comportent comme si le fameux de gustibus non est disputandum devait se suspendre, comme si un changement de préférences pouvait être engendré par une prise de conscience. L’intérêt d’une telle intuition tient à ce qu’elle suggère qu’un changement de préférences est susceptible d’être issue d’un raisonnement et qu’il ne résulte pas nécessairement de l’exercice d’une force externe sur l’agent.

Pour rendre compte de cette intuition, je propose d’étudier les fondements d’une théorie où l’agent change ses préférences en usant d’une capacité partielle à délibérer sur les raisons qui déterminent ses préférences. Cette présentation vise à introduire les principales idées et enjeux qu’il y a derrière cette théorie. Après avoir fait retour sur ses principaux fondements philosophiques, je montrerai dans cette présentation

  • 1) comment une telle théorie permet de comprendre comment des raisons d’arrière-plan –celles dont l’agent n’a pas conscience – jouent un rôle dans la transformation des préférences de l’agent,
  • 2) qu’une telle théorie permet de dissocier ce qui, dans le changement de préférences de l’agent, relève de l’exercice de son raisonnement propre et ce qui n’en relève pas.

Niels Boissonnet est doctorant en sciences économiques à l’Université Paris I, membre du Centre d’Économie de la Sorbonne (CES).

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