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Journée d’études organisée par Bruno Dumons : La fabrique de l’honneur : Les médailles et les décorations en France (XIXème-XXème siècles)
28 mars 2007, à l’ENS LSH, en salle F 120, co-organisation LARHRA (UMR 5190) / Triangle (UMR 5206)Responsable scientifique : Bruno Dumons, chargé de recherches au CNRS, rattaché au Laboratoire Rhône-Alpes de Recherches Historiques (LARHA, UMR 5190)
Présentation de la journée d’études
Dans l’Europe moderne, la pérennisation du pouvoir de la monarchie, en particulier française, s’est appuyée sur un ensemble de techniques et de pratiques de gouvernement qui vont du processus de curialisation à celui des représentations de la mondanité dont les fondements l’établissent sur une logique de l’honneur. Parmi le dispositif auquel a recours le pouvoir royal, l’attribution d’une médaille ou d’une décoration, permettant de mettre à l’honneur un individu et de le faire entrer dans un espace social restreint qui relève de la proximité du pouvoir, figure comme un usage de plus en plus courant à l’image de l’ordre du Saint-Esprit (1578) ou de celui de Saint-Louis (1693). Les révolutionnaires de 1789 décrètent la suppression de ces ordres royaux mais l’Assemblée Nationale de 1791 considère qu’il y a toujours lieu d’attribuer des marques d’honneur aux citoyens qui l’ont mérité par le service de l’Etat. Bonaparte reconnaît au conseil d’Etat, le 4 mai 1802, qu’une telle technique n’est pas incompatible avec l’idéal républicain : " Je défie qu’on me montre une République ancienne ou moderne dans laquelle il n’y a pas eu de distinctions. ". Ainsi, l’honneur devient une affaire de mérite que les institutions de pouvoir entendent rationaliser afin de fabriquer et de diffuser, à leur guise, un modèle d’élites qui les servent. Recevoir une décoration, c’est donc être honoré et mis à l’honneur publiquement par l’institution qui la décerne. L’individu qui est ainsi récompensé, incarne désormais un exemple de "vertu" et de "mérite". L’attribution d’une médaille appartient à une logique de "distinction" et devient progressivement une "technique de gouvernement" auxquelles ont recours nombre d’organisations administratives et d’institutions de pouvoir. Dès le début du XIX° siècle, un véritable engouement pour les médailles et les décorations s’empare de la nouvelle société bourgeoise au point qu’Alain Corbin a pu parler d’un processus de "héroïsation" pour qualifier cette soif d’honneur qui permet à un individu ou à une lignée d’affirmer sa visibilité sociale. Chaque régime politique s’emploie désormais à mettre sur pied une nouvelle "élite de l’honneur" par la création d’une distinction qui donne lieu à l’attribution d’une médaille. L’Empire et la République mais également l’Eglise ont chacun distribué à profusion ces marques de reconnaissance qui signifient l’entrée dans un ordre ou un corps, sorte de nouvelle noblesse. Dès lors, Olivier Ihl fait remarquer combien une telle inflation de récompenses honorifiques jusqu’au milieu du XX° siècle doit conduire à s’interroger sur ce phénomène de mise à l’honneur par la médaille et la décoration qui n’a jusqu’alors guère suscité l’intérêt des chercheurs. Préalablement considéré comme poussiéreux et futile, réservé aux numismates et aux érudits, cet objet d’étude peut être revisité sous une double approche qui envisage la médaille et la décoration comme une technique appartenant aux "sciences de gouvernement" et un outil de fabrication des nouvelles élites pour la société post-révolutionnaire. Par conséquent, dans le cadre de la réalisation d’un contrat ACI, il a été suggéré de mettre sur pied une journée d’études portant sur les médailles et les décorations dans la France contemporaine des XIX° et XX° siècles, des lendemains de la Révolution avec la création de la Légion d’Honneur (1802) à la Vème République, réorganisant l’attribution des récompenses honorifiques par l’institution de l’ordre national du Mérite (1963). En faisant appel conjointement aux politistes et aux historiens, il est envisagé d’aborder à la fois les multiples aspects entourant la "technique de gouvernement" que suppose l’obtention d’une médaille honorifique par une institution de pouvoir, et les différents profils d’élites que
fabrique la "pratique décorative". Les actes de cette journée donneront lieu à une publication.
Programme
Le programme détaillé sera bientôt disponible en ligne.