/ Colloques - journées d’étude

Workshop « Before Suffrage. Women, Politics and Society in Europe (1789-1815) / Avant le droit de vote : femmes, politique et société en Europe 1789-1850 »

15 septembre 2022, au Centre Jean Bosco, 14 rue Roger Radisson, Lyon 5ème

Présentation

Cette double journée d’étude examinera une série de questions sur les formes d’activité politique dans lesquelles les femmes se sont engagées. Par là, nous entendons les formes d’activité qu’elles mêmes considéraient comme politiques, ou qu’aujourd’hui on considérerait comme telles. C’est ainsi qu’au-delà des activités « traditionnelles » qui orientent la prise de décision, la revendication de droits ou l’organisation de la cité, nous nous intéresserons aussi à ce qu’on a appelé la « politique informelle » qui se déploie en marge des lieux habituels du pouvoir et du gouvernement de la chose publique. Nous considérons la période du début du XIXe siècle (1789-1850) comme particulièrement importante pour cette thématique : d’abord, du fait des perturbations importantes qui ont lieu alors en Europe, durant la Révolution française et pendant la période de domination napoléonienne ; ensuite, du fait des répercussions de cette révolution sur d’autres rébellions et insurrections populaires contre le statu quo européen. L’instabilité politique a souvent multiplié les opportunités et les occasions d’agir. De ce fait, la période voit l’émergence de nouvelles formes d’organisation dont, dans certains pays, des sociétés de femmes ; dans d’autres pays divisés par la guerre, les femmes participent activement aux formes de résistance et à leur organisation. Dans le même temps, ce qui a souvent débuté à partir d’initiatives très locales finit parfois par contribuer, au fil du temps, à l’émergence d’un lexique de politique populaire et d’idées politiques de plus en plus partagées entre les États européens. On sait que le libéralisme, le socialisme, le communisme et le conservatisme émergent comme des idéologies organisatrices pendant cette période, ce qui induit parfois de nouvelles questions sur la situation, le rôle et la place des femmes dans le système politique.

Nous souhaitons explorer, par ces deux journées d’étude, l’éventail des possibilités dont les femmes se sont emparées dans l’Europe du début du XIXe siècle, dans cette période de contestation et de confrontation croissantes, de plus en plus associées à des demandes politiques de réforme ou de différentes formes de reconnaissance. A quels moments, comment, à quelles fins et avec quelles aspirations les femmes ont-elles agi ? Quelle conscience de rompre avec les attentes coutumières et les rôles traditionnels ont-elles manifestée ? Leur activité a-t-elle divergé des modèles de sociabilité et d’association existants, ou les a-t-elle développés ? Quels défis et quelles opportunités la guerre et la révolution ont-elles ouvertes aux femmes ? Dans les États qui ont évité la guerre, en particulier la guerre civile, quelle place les femmes ont-elles pu se tailler dans l’évolution politique de leur monde ? Comment ont-elles réfléchi à leur propre activité, l’ont-elles identifiée comme « politique » et de quelle manière (quel sens ont-elle mis sur l’adjectif « politique ») ? Comment leur entourage les a-t-il jugées, et comment a-t-il réagi ? Comment, en tant qu’historien.nes, doit-on analyser ces pratiques politiques ?

La littérature sur la sociabilité des femmes a été dominée par l’étude de groupes sociaux relativement élitistes. Elle s’est, par ailleurs, fortement concentrée sur le début de la période moderne et le XVIIIe siècle. Cette double journée d’étude vise à déplacer les questions sur la sociabilité et l’engagement des femmes dans la cité vers cette période historique qui voit l’émergence de nouvelles formes de protestation et d’organisation populaires, afin de se demander jusqu’à quel point les outils et concepts des études antérieures pourraient être mobilisés sur une époque plus mouvementée et à travers un monde social et géographique beaucoup plus large. Alors qu’un lexique politique européen et un ensemble de mouvements se forment, il est important de réfléchir à la variété des rôles que les femmes ont pu se tailler dans ces nouvelles formes d’engagement souvent controversées.

English version :

This double study day will examine a series of questions about the forms of political activity in which women have engaged between 1789 and 1850. By this we mean the forms of activity that they themselves considered political, or that today would be considered as such. Thus, beyond the “traditional” activities that guide decision-making, the claim of rights or the organization of the city, we will also be interested in what has been called the “informal politics” that unfolds on the margins of the usual places of power and government of public affairs. We consider the period of the early nineteenth century as especially important for this theme : first, because of the significant disturbances that took place then in Europe, during the French Revolution and during the period of Napoleonic domination ; secondly, because of the repercussions of this revolution on other rebellions and popular insurrections against the European status quo. Political instability has often multiplied the opportunities and opportunities for action. As a result, the period saw the emergence of new forms of organization, including, in some countries, women’s societies ; in other countries divided by war, women actively participated in forms of resistance and their organization. At the same time, what often started from very local initiatives sometimes ended up contributing, over time, to the emergence of a lexicon of popular politics and political ideas that are increasingly shared among European states. We know that liberalism, socialism, communism and conservatism emerged as organizing ideologies during this period, which sometimes led to new questions about the situation, role and place of women in the political system.

Through these two days of study, we will explore the range of possibilities that women seized in Europe at the beginning of the nineteenth century, in a period of growing contestation and confrontation that was increasingly associated with political demands for reform or different forms of recognition. When, how, for what purposes and with what aspirations did women act ? What awareness of breaking with customary expectations and traditional roles did they manifest ? How far did their activity diverge from existing models of sociability and association, and how far did it develop them ? What challenges and opportunities did war and revolution open up for women ? In states that avoided war, especially civil war, what place were women able to carve out for themselves in the political evolution of their world ? How did they think about their own activity, identify it as “political” and in what way (what meaning did they put on the adjective “political”) ? How did those around them understand their actions, and how did they react ? How, as a historians, should we analyze these practices and their assess their political character ?

The literature on women’s sociability has been dominated by the study of relatively elitist social groups. It also focused heavily on the early modern period and the eighteenth century. This double study day aims to shift questions about the sociability and engagement of women in the city to this historical period that sees the emergence of new forms of popular protest and organization, in order to ask to what extent the tools and concepts of previous studies could be mobilized over a more turbulent time and across a much wider social and geographical world. As a European political lexicon and a set of movements form, it is important to reflect on the variety of roles that women have been able to carve out for themselves in these new and often controversial forms of engagement.

We have referred to ‘forms of activity that they themselves considered political, or that today would be considered as such.’ We want hope that participants will take these two questions seriously, reflecting on what people thought of as politics and how far they saw their conduct as political in character or objective, and what examples they might have drawn on ; while considering how far our own understanding of politics might read their activity in different terms and identify different significance, and reflecting on how to mediate these conflicting perspectives.

Programme

JEUDI 15 SEPTEMBRE


9h00 - 9h45 : Introduction« Le problème de la politisation » Mark Philp and Anne Verjus

9h45 - 11h15 : Session 1 — « Elite influence »

  • Kristine Dyrmann : « Salon diplomacy, neutrality and revolutionary war : Charlotte Schimmelmann’s sociability in Copenhagen, 1789-1795 »
  • Kimberley Page-Jones : « Female loyalism in Napoleonic Britain : the case of Rachel Charlotte Biggs »
  • Elisavet Papalexopoulou : « Writing the Holy Alliance : mystics and conservative revolutionaries in the Russian court »

11h15 - 11h45 : Pause

11h45 - 12h45 : Session 2 — « Combattantes »

  • París Álvaro Martín, ‘Furies royalistes’ : « Femmes, travail et politisation contre-révolutionnaire dans l’Europe méridionale (1789-1848) »
  • Pierre-Marie Delpu : « Qu’est-ce qu’une martyre révolutionnaire ? États italiens et Espagne, années 1800-1840 »

12h45 - 14h15 : Déjeuner au centre Jean Bosco

14h15 - 15h15 : Session 3 — « Workers »

  • Ophélie Siméon : « Avant le suffragisme : l’engagement politique des femmes owénistes. Le cas de l’Association of Industrious Females de Londres (1831-1834) »
  • Caroline Fayolle : « Une démocratie de l’atelier ? Pratiques politiques informelles dans les associations d’ouvrières en 1848 »

16h15 - 17h15 : Session 4 — « Others »

  • Victoria Afanasyeva : « (In)tempérance comme argument militant chez les Françaises : raisons d’une absence (1830-1850) »
  • Judith Acsády : « Women’s Organizations and Political Activism in the mid-19th century in Hungary : Rights of women or the community ? »

17h15 - 17h30 : Pause

17h30 - 18h30 : Discussion croisée sur les sessions de la journée

19h30 : Dîner


VENDREDI 16 SEPTEMBRE


9h30 - 10h30 : Session 5 — « Emancipation »

  • Judith DeGroat : « Feminism, Socialism, and Education : Pauline Roland’s Vision for Women’s Emancipation, 1832-1852 »
  • Michael Drolet : « Sur Flora Tristan »

10h30 - 11h00 : Pause

11h00 - 12h00 : Session 6 — « Struggle »

  • Ludovic Frobert : « Quatre présences de femmes à Boussac (1844-1848) »
  • Thomas Bouchet : « Women and revolt in Lyon »

12h00 - 13h00 : Session 7 — « L’Italie et le Risorgimento »

  • Laura Fournier-Finocchiaro, Liviana Gazzetta, Elena Musiani : «  Choisir la révolution. Idées et réseaux des combattantes pour le Risorgimento en 1848-1849 »

13h00 - 14h30 : Déjeuner au centre Jean Bosco

14h30 - 16h00 : Discussion croisée sur les sessions de la journée

19h00 : Dîner


/ Colloques - journées d’étude