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/ Santé et sciences sociales (3S)

Axe 5. Le risque de santé comme objet-frontière

vendredi, 8 janvier 2021 [ / UMR 5206]

Responsables : H. Buisson-Fenet, T. Bujon, F. Le Marcis, J. Michalon

Largement étudié par plusieurs membres du laboratoire par le passé, la notion de risque de santé est au cœur de certaines enquêtes en cours, par exemple au travers de son inscription dans les perspectives actuelles de One health (J. Michalon) ou de Global health (F. Le Marcis). Or, la notion de « risque de santé » peut être appréhendée comme un objet-frontière entre différents mondes sociaux et espaces de pouvoirs et de savoirs, c’est-à-dire un objet qui autorise un usage en commun de la part d’acteurs appartenant à différents mondes sociaux, sans pour autant faire l’objet d’un accord complet entre ces acteurs quant à sa signification, et donc quant à ses enjeux et possibles usages dans la mise en place de dispositifs de prévention. Le risque de santé connaît une extension de son domaine de validité qui ne tient pas seulement à sa dimension sanitaire (selon la logique classique de sanitarisation d’enjeux sociaux) mais aussi à sa plasticité propre (à la fois par construction dans le calcul probabiliste et par confusion avec la notion d’incertitude).

Les travaux de F. Le Marcis et de ses doctorants sur des terrains africains (Burkina Faso, Ghana, Guinée, Niger) permettent de réfléchir sur l’existence déjà ancienne de territoires spécifiques (des « marges du monde »), où les nouvelles logiques de la surveillance épidémiologique tout à la fois s’éprouvent et sont confrontées aux rapports ordinaires à la surveillance des personnes (Ebola en Guinée, VIH), mais aussi sur les circulations de dispositifs et de modèles thérapeutiques (vaccins, centres de santé, essais cliniques). T. Bujon interroge les significations sociales et politiques des addictions. Par leur accroissement exponentiel et leurs dimensions individuelles et collectives, les addictions révèlent un état moral de la société encore non élucidé tout comme l’émergence dans l’analyse des comportements (structurés autour du plaisir, de la douleur, mais aussi de la décision) de ce qui pourrait être observées comme l’expression des nouvelles « valeurs » (sérotonine, dopamine). Dans ses travaux, Hélène Buisson-Fenet interroge également la notion de risque au carrefour de la santé et de l’éducation, sur le dossier de la phobie scolaire (risques de santé attachés à certaines expériences scolaires, dispositifs d’évaluation mixte « diagnostiquant » le vécu scolaire comme « comportement à risque (de santé) ») et sur la question des ruptures de parcours scolaires (la catégorisation de problématiques de santé comme « risques de décrochage scolaire », et ses effets sur les populations-cibles).