/ Des membres de Triangle participent

Estelle Fisson participe au colloque « Aux confins du silence : langages et métamorphoses du silence dans le monde hispanophone » organisé par la laboratoire junior Silencio

26 mai 2023, à l’ENS de Lyon, site Descartes, amphi Descartes

Présentation

Estelle Fisson, doctorante en science politique à l’Université Lyon 2, membre de Triangle, présentera une communication intitulée :
« Comment (ne pas) dire son homosexualité, sa bisexualité ou sa transidentité au sein des Commissions ouvrières espagnoles aujourd’hui. Une approche par la respectabilité et les morales de classes. »

Résumé de l’intervention

Malgré l’existence de « poches » rendant possible l’expression de l’homosexualité (Huard, 2016), l’homosexualité et la transidentité ont été réduites au silence sous la dictature de Franco, en particulier le lesbianisme, très rarement puni par la loi (Platero, 2008, p. 8 et 9)1. L’Espagne est devenue en relativement peu de temps une « démocratie sexuelle » (Fassin, 2005) parmi les plus avancée au monde, depuis l’ouverture du mariage aux couples de même sexe en 2004, et la loi trans de 2022. Si les syndicalistes se sont montré des alliés historiques de la cause (Fisson, à paraître en 2023), ils n’ont pas moins intériorisé une morale chrétienne traditionnelle (Babiano Mora, Pérez Pérez, 2007, p. 270). Comment les femmes qui s’identifient comme lesbiennes, bisexuelles ou trans vivent aujourd’hui le stigmate associé (Goffman, 1986) au sein des Commissions ouvrières en Espagne ? Si, en vertu d’une acceptation croissante de l’homosexualité en Espagne, la plupart des lesbiennes s’y affirment en tant que telles, elles mettent régulièrement en avant, pour être accepté.es et déjouer les stéréotypes, leur « irréprochabilité », qu’il s’agisse de l’éthique du travail et du syndicalisme, ou de la morale sexuelle et l’importance du mariage dans leur vie. Certaines ont intériorisé l’hétérosexisme de telle façon qu’elles ne sont pas des allié.es de la cause. Toutefois, l’organisation donne à certaines de ces militantes l’occasion d’une « mise en cohérence de soi » (Voegtli, 2004), en les enjoignant à militer sur le sujet, induisant une plus grande acceptation des identités sexuelles et de genre dans ce cadre. Cette communication se base sur une enquête ethnographique d’environ une année au sein des CCOO espagnoles, dans le cadre d’une thèse comparatiste.

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